Quand le cancer frappe, soi ou ses proches, on a besoin d’aide pour encaisser l’annonce, supporter les traitements et garder le moral
Quand la maladie frappe (nous ou nos proches), il y a les traitements qui nous sauvent la vie… et ceux qui permettent d’encaisser le choc de l’annonce, de lutter contre la fatigue ou encore de garder le moral.
Fini le temps où l’on se refilait un remède homéo ou le nom d’un acupuncteur sous le manteau, loin du regard désapprobateur du médecin. Désormais, c’est souvent l’oncologue qui évoque les bienfaits de la relaxation, de l’hypnose, de l’activité physique… Ces disciplines, dites « complémentaires », ont intégré le parcours de soin car elles sont capables de renforcer les effets des traitements tout en limitant leurs désagréments. Les patients adhèrent (30 % d’entre eux se tournent par exemple vers l’homéopathie et 15 à 20 % testent l’acupuncture), et les médecins approuvent : « Une chimiothérapie bien supportée est mieux suivie et plus efficace. Les études ont montré que, moins il y a d’effets secondaires, meilleurs sont les résultats thérapeutiques », rappelle le Dr JeanLionel Bagot, médecin homéopathe, formé aux soins d’accompagnement en cancérologie*. À condition, bien sûr, de ne pas abandonner son traitement médical en route, et de toujours demander conseil à un professionnel de santé avant de prendre un remède à base de plantes ou un complément alimentaire, afin d’éviter les interactions.
* Auteur de « Cancer et homéopathie – Rester en forme et mieux supporter les traitements », éd. Narayana-Unimedica
Remonter son niveau d’énergie
Si la fatigue – causée à la fois par la maladie et par les traitements – est la plainte n° 1 des malades, c’est aussi celle qui est le mieux soulagée par les approches complémentaires.
Le yoga booste le tonus. Les cancérologues sont unanimes : l’activité physique est le plus efficace des antifatigue. En combinant discipline d’endurance et renforcement musculaire, il est possible de faire baisser de 30 à 40 % la sensation d’épuisement au cours de la maladie, et pendant la rémission. En prime, bouger éloigne aussi le risque de récidive. Néanmoins, lorsque notre niveau d’énergie frôle le zéro, pas facile de se lancer dans une activité cardio. Bonne nouvelle : selon une récente étude chinoise, certaines gyms douces, comme le yoga, seraient également bénéfiques. En pratiquant 2 fois par semaine pendant 3 mois, la forme revient progressivement.
Côté phytothérapie, on mise sur le ginseng, recommandé par l’AFSOS* pour combattre les gros coups de mou physiques et/ou intellectuels. Mais il lui faut au moins 2 semaines pour agir. Le guarana, riche en caféine, donne un coup de fouet plus rapide (50 mg, 2 fois par jour), et peut être associé à la rhodiole, au cassis ou à l’ortie (parties aériennes), « jamais plus de 8 jours, et à éviter si on n’a pas faim ou si on a déjà perdu du poids, car il peut couper l’appétit », précise le Dr Alain Cras, médecin généraliste, diplômé en cancérologie clinique et en phytothérapie. Autre option, l’astragale (sous forme d’extrait phytostandardisé, en pharmacie) a montré des effets tonifiants et revitalisants, mais doit être écarté en cas de cancer hormonodépendant.
Un protocole personnalisé d’homéopathie peut améliorer l’état de santé global (à voir avec un généraliste formé à cette discipline). Contre la fatigue liée à une chimio, Phosphoricum acidum (une dose en 7CH le 1er jour, puis en 9CH le 2e jour, en 15CH le 3e jour et en 30CH le 4e jour, à renouveler si besoin) est généralement déjà une base efficace.
* Association francophone des soins oncologiques de support
Limiter les nausées et réparer la peau
Les effets secondaires des traitements sont souvent redoutés et redoutables. Heureusement, il existe de plus en plus de solutions pour prévenir les dégâts.
L’acupuncture combat les nausées liées à certaines chimios, dixit une récente revue d’études australienne (2017) et l’AFSOS. Le bon tempo : une séance la veille de la cure, une le lendemain, une 4-5 jours après, et au moins une séance par semaine entre deux cures. Si besoin, cette thérapeutique, issue de la médecine chinoise, permet également de stimuler l’appétit et de réduire les douleurs articulaires et bouffées de chaleur causées par une hormonothérapie après un cancer du sein*.
Le gingembre aide à avoir l’estomac bien accroché, à condition d’être suffisamment concentré en principes actifs (gingérol et shogaols) et à une dose d’au moins 1 à 1,5 g/jour (par exemple, Phytostandard de PiLèJe, 6 gélules 2 jours avant la cure et 2-3 jours après). Le gingembre frais marche bien également : 2 dés de 1 cm dans l’eau de cuisson du riz, que l’on boit ensuite. Il aide, en bonus, à soulager les aphtes et mucites au niveau de la bouche, en association avec une pâte gingivale, type Sinaftin. À compléter par du desmodium qui protège le foie contre la toxicité des chimiothérapies : à prendre la semaine qui précède le début de la cure, jamais après, et toujours sur conseil médical.
L’aloe vera apaise la peau après la radiothérapie. Son gel appliqué au moins deux fois par jour sur la zone traitée (tant que ça reste rouge/irrité) aide à limiter les brûlures et à mieux cicatriser. « Plus intéressant pour nourrir la peau que des crèmes ou les huiles qui pénètrent mal. Mais il ne faut rien
appliquer dans les 8 h qui précèdent la séance de rayons », rappelle le Dr Cras. Par voie orale, en bain de bouche
(en parapharmacies ou magasins bio), il sert également à soulager mucites et aphtes.
Les soins thermaux en cas de séquelles cutanées. C’est l’idéal pour bénéficier de soins qui accélèrent la cicatrisation et diminuent la sécheresse de la peau, ainsi que d’ateliers et de soins esthétiques pour se (re)trouver belle. Ces cures sont remboursées, avec le feu vert de son médecin traitant ou de l’oncologue. Si les séjours thermaux sont plutôt recommandés quand les traitements sont terminés, on le fait de préférence dans l’année qui suit. Cures dermato postcancer à La Roche-Posay, Avène, Uriage, Vichy…
* Journal of the American Medical Association, 2018
Retrouver le moral
Broyer du noir quand ça nous tombe dessus, rien de plus normal. Les techniques ci-dessous aident à mieux gérer et à accepter toutes les émotions qui nous traversent.
Bouger, ça marche à tous les coups. Ça réduit le niveau de stress et l’anxiété, notamment parce qu’on sécrète des neurotransmetteurs qui apaisent notre cerveau. Le secret : trouver une activité qui nous plaît vraiment pour s’accrocher et transpirer sans se lasser.
La méditation apaise. D’après une revue d’études du Journal of Clinical Oncology, la méditation en pleine conscience est l’approche la plus efficace après un cancer du sein pour lutter contre l’anxiété, les troubles du sommeil et le syndrome dépressif, « mais ce n’est pas simple de s’y mettre seule quand on est déjà angoissée ou un peu déprimée. Si on n’a pas accès aux programmes accessibles dans certains hôpitaux, mieux vaut se tourner vers des studios de yoga qui proposent des cours de méditation guidée », conseille le Dr Cloé Brami, oncologue et enseignante en méditation pleine conscience.
L’art-thérapie pour se libérer des idées noires. On ne vise pas le chef-d’oeuvre, bien sûr, mais cela permet d’exprimer ses émotions et son ressenti à travers le dessin, la peinture, l’écriture… ■