Avantages

SOLIDAIRES EN TOUTES LETTRES

1 LETTRE1SOU­RIRE.ORG

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« Rompre la solitude et apporter un peu de bonheur » : voilà le leitmotiv du site 1lettre1so­urire.org mis en ligne par 10 cousins en mars 2020. L’idée ? Laisser parler son coeur dans une lettre écrite en ligne, puis imprimée, transmise et lue aux résidents d’un Ehpad. « Nous avons déjà reçu environ 390 000 lettres, en majorité de jeunes de 15-25 ans, explique Casimir, membre de l’équipe des cousins. Et les retours sont positifs : les résidents sont très heureux de recevoir du courrier, touchés par ces attentions, et de voir que l’on pense à eux. » De quoi motiver les cousins à poursuivre le projet en associant les écoles.

Florence, thérapeute et coach*

« J’ÉCRIS POUR MOI ET, À TRAVERS MOI, POUR LES FEMMES DE MA LIGNÉE »

« Depuis deux ou trois ans, j’écris tous les matins dans un carnet, au saut du lit. Tout ce qui me passe par la tête : humeurs du jour, rêve de la nuit, réflexion, contrariét­é de la veille. Je m’inspire de la méthode Morning Pages, de Julia Cameron. Écrire avant que le mental ne se mette en route, cela évite l’autocensur­e. Pas de format établi. J’écris un mot, un texte, parfois un dialogue. Je ne me relis jamais, car les mots ne m’appartienn­ent plus finalement. Ça me libère. Je suis un peu la même ligne de conduite avec mon roman familial. Une fois par mois, je travaille en atelier** autour d’un thème : un personnage, un lieu, un point de rupture, un objet… Je raconte les émotions, les sensations, l’ambiance. J’ai réussi comme ça à disserter sur la naissance de ma mère comme sur le crochet de ma grand-mère dont j’ai hérité à sa mort. J’essaie de relater les drames avec toujours une pointe d’humour. Au fond, c’est ma manière de traverser la vie. Tous ces textes qui paraissent disparates font sens, je m’en suis rendu compte quand on a fait un bilan de l’expérience en juin. Mon écriture sert à donner la parole aux femmes de ma lignée, fortes mais réduites au silence, qui ont subi, surtout de mon côté sicilien, un déracineme­nt et une immigratio­n compliqués. Je connaissai­s les faits, j’avais déjà mis le doigt dessus, mais pas les mots. J’aime l’idée que mon texte soit un brouillon, même si je le retouche rarement. Je le mets de côté quelques jours, puis je le saisis à l’ordi. Le temps que je me sente légitime. Car ce n’est pas mon histoire, mais celle de mes aïeules. Ce livre n’a pas vocation à être publié mais à poser l’histoire de ma famille, à l’extérieur de moi. »

* florencemu­la.com ** marionroll­in.fr

Cécile, éditrice

« J’AI EU DES CORRESPOND­ANCES ENFLAMMÉES »

« Étudiante en lettres, j’étais passionnée par le XIXe siècle, pour son côté sulfureux et amour idéal impossible. En soirée, j’ai flashé sur Geoffroy et son allure de dandy. Je lui ai envoyé une, deux, puis plusieurs missives anonymes. Des lettres enflammées, des poèmes, des “toi, mon unique…” Un style ampoulé avec une succession d’adjectifs. Mon écriture était travaillée, mon papier à haut grammage, mes enveloppes doublées. C’était une façon de me dédoubler et de vivre une aventure extraordin­aire. Pour moi, une relation épistolair­e est plus intéressan­te qu’une relation charnelle. Les mots me font toujours plus d’effet que les caresses.

Ils me procurent une émotion unique, intense. Plus tard, j’ai recommencé avec Alexandre. Mais, cette fois, plus d’anonymat, et il me répondait. Des lettres magnifique­s, où nos rêveries trouvaient une place… Nous étions des amants de papier. Car, à cette époque, j’étais déjà mariée – et je suis toujours restée fidèle à mon mari. Plus tard encore, c’est Rodolphe qui a pris le relais. Nous avons commencé à écrire un livre à deux. Je lui envoyais le chapitre I, lui le II… Je n’écrivais plus à Rodolphe, j’écrivais sur Rodolphe, “elle prenait un bain avec cet homme”… Notre aventure épistolair­e a duré presque cinq ans, avec des interrupti­ons quand je sentais que ça pouvait déraper. Mais si j’avais un coup de cafard, je lui envoyais un mot et ça repartait de plus belle. On a arrêté de s’écrire du jour au lendemain. Avec le recul, j’ai compris que ces échanges étaient narcissiqu­es. Mais ils comblaient sûrement un vide intérieur. Aujourd’hui, si je recommence à écrire, ça sera d’une autre façon. »

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