Sagas, romans, poches, junior…
Jalna
La saga des sagas ? 1927, le premier tome est publié et, pendant trente-trois ans, Mazo de la Roche va écrire la saga des Whiteoak, établis dans le domaine de Jalna, dans l'Ouest canadien. Tant d'années d'écriture pour tisser une trame et des personnages foisonnants, des caractères bien trempés, des relations qui évoluent, des mariages et des divorces… Trente-trois ans pour donner vie, chair et passion à une dynastie, et enchanter des millions de lecteurs.
Pourquoi ça marche ? Parce que cela parle de racines, de longévité et de transmission. Parce que Jalna, c'est l'histoire d'une famille dont on aimerait faire partie. On s'imagine sans mal soeur ou cousine de cette fratrie turbulente, petite-fille d'Adeline Whiteoak, l'aïeule qui fête ses 100 ans…
4 000 pages, c’est beaucoup… Ne soyez pas effrayée, ces livres laissent un souvenir impérissable. Pour preuve, cette nouvelle édition est préfacée par quatre célèbres lectrices qui, des années plus tard, gardent un souvenir ému de cette aventure littéraire : les auteures Katherine Pancol, Geneviève Brisac et Alexandra Lapierre, et l'éditrice et ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen. Enfin, pour finir de vous convaincre, Jalna est une ode à la liberté, alors… sentez-vous libre. F. F.
Par Mazo de la Roche, Les Presses de la Cité, collection Omnibus, 4 volumes de 1 100 à 1 300 p., 29 € chaque.
Beignets de tomates vertes* Retour à Whistle Stop**
et 1er volume. En 1987 sortait un livre délicieux, précurseur des romans feel good qui fleuriront trente ans plus tard… Une chronique tendre et malicieuse dans les années 1930 d'un village en Alabama, Whistle Stop, racontée par Ninny, une vieille dame dans sa maison de retraite, à Evelyn, une quinqua dépressive. Dans ces savoureux allers-retours entre deux époques, on découvre une famille, les Threadgoode, généreuse et pas raciste, dont une des filles, Idgie, tient un café avec Ruth, sa compagne.
Et la suite… Années 1990, la ville et le café ont disparu, remplacés par une décharge. Ninny s'est éteinte après avoir dopé le moral d'Evelyn, qui a fait fortune. Bud, le fils de Ruth, est un vieux monsieur qui a lâché son boulot de vétérinaire et tente de ne pas trop embêter sa fille, prématurément veuve. Tout ce beau monde va se retrouver et faire de belles choses.
Pourquoi ça marche? Fannie Flagg avait un sacré culot pour aborder, il y a trente ans, les thèmes de l'homosexualité féminine et de la solidarité avec les plus pauvres (Noirs ou Blancs). L'optimisme persiste, même si le deuxième tome donne parfois l'impression d'un gâteau un peu trop sucré.
Par Fannie Flagg, éd. Cherche Midi, en poche* 490 p., 12 €, en grand format** 330 p., 22 €.
Les Déracinés
L’histoire. Autrichiens réfugiés en 1940 en République dominicaine, Almah et Wilhelm Rosenheck vont devenir les patriarches d'une famille qui s'agrandit au gré des épisodes. Leur fils Frederick reprendra la ferme, tandis que sa soeur Ruth fera des études de journalisme à New York. Dans le dernier tome, c'est Gaya, la fille aînée de Ruth, qui part à Washington étudier la biologie marine.
Pourquoi on se jette dessus ? Parce qu'Almah, depuis sa fuite de Vienne, n'a pas lâché l'affaire. Alors nous non plus! Parce que le mot « résilience » semble avoir été inventé pour eux. Parce que cette saga parle d'une région méconnue. Et, enfin, parce que Ruth a encore de nombreux combats à mener : un troisième enfant à 40 ans, une élection et la confrontation avec sa mère pour parler de son exil fondateur. N. S.
Par Catherine Bardon. Aux éd. Pocket :
Les Déracinés, 768 p., 9,50 €; L’Américaine, 592 p., 8,70 €; Et la vie reprit son cours, 384 p., 7,60 €.
Un invincible été, 432 p., 20,90 €, éd. Les Escales.
9
Ça démarre fort. Marc Levy sort de sa zone de confort. Adieu la romance, vive le suspens. C’est arrivé la nuit* nous précipite au coeur d'un groupe de hackers. Ils sont neuf, hommes et femmes, bien décidés à redresser les torts commis par des industries iniques, des hommes politiques corrompus et autres trafiquants d'influence. Ils se sont engagés dans cette dangereuse entreprise par amour, vengeance ou conviction… Chaque personnage à son histoire, qui nous sera dévoilée peu à peu.
Mais ce n’est pas une saga? Pas vraiment, puisque l'on ne suit pas une famille à travers les années. Pourtant, ce groupe de révoltés forme bel et bien un clan soudé, et ces Robins de la Toile sont extrêmement attachants.
Pourquoi on se jette dessus? Parce que la mécanique est impeccable et le suspens est distillé sur un rythme qui ne faiblit pas. On imagine déjà l'adaptation en série. Enfin, le deuxième volume, Le Crépuscule des fauves**, est aussi bien tenu que le premier, et l'on a hâte de lire la suite. F. F.
Par Marc Levy. *Aux éd. Pocket, 416 p., 7,95 €. **Aux Éd. Robert Laffont, 388 p., 21,90 €.
La Chronique des Bridgerton
Le pitch. Londres, 1813, Daphne Bridgerton fait son entrée dans le monde. Au même moment qu'une fine et mystérieuse plume, Lady Whistledown, dont les pamphlets taclent la bonne société et révèlent ses petits secrets… Doit-on les lire dans l’ordre? Après Daphne, chaque tome de la saga suit l'un des huit enfants Bridgerton. Mais, astucieuse, l'auteure a fait en sorte que l'on puisse les lire comme on l'entend. Ainsi, après le premier volume, qui pose tout de même l'intrigue, sautez jusqu'à votre personnage préféré. Pourquoi ça marche? Parce que la série diffusée par Netflix a fait un carton. Mais voilà, la série s'arrête à la fin du premier tome de la saga! On ne va pas attendre pour connaître la suite, d'autant que le style des romans est alerte et particulièrement visuel. D'ailleurs, ne soyons pas injustes, les livres de Julia Quinn étaient déjà des best-sellers. Catalogués dans le genre romance, ils trouvent aujourd'hui un nouveau public, qui savoure ces plaisirs un peu coupables. F. F.
Par Julia Quinn. La série complète en 4 volumes de 2 tomes chacun, éd. J’ai Lu, 700 p. et 15 € environ chacun.