Frédérique et sa maison de famille

« Dès que je reviens dans cette maison, à La Ciotat, j'ai des papillons dans le ventre. Elle symbolise un tournant de notre vie. C'est notre premier chez-nous avec mon amoureux. Un endroit que nous avons rénové ensemble. Un cocon où nous avons construit notre famille, où nous nous sommes mariés. Quand on a repéré l'annonce en 2009 sur le Bon Coin, on n'envisageait pas du tout vivre à La Ciotat. Mais la bâtisse nous a tout de suite séduits, malgré son piteux état. Nous avons gardé les vieilles pierres, les tomettes au sol – même les cassées – et choisi des matériaux durables tels que le liège pour l'isolation, la chaux pour les murs, le bois un peu partout… À cette époque, j'étais en congé maternité et mon mari en césure professionnelle. Je nous revois encore, moi courant les brocantes avec mon bébé au sein à la recherche de portes, Ariel ponçant les murs avec notre maçon. Nous y avons mis chacun nos envies. Mon mari, les matériaux écolos, et moi, les belles choses simples et tellement déco. Notre cuisine nous résume, avec, en bas, des meubles très fonctionnels, et, en haut, des étagères chinées… J'ai distillé ici et là des petites touches modernes : fauteuil design, tableau d'artiste, motif « Invader »* dans ma salle de bains avec le reste des mosaïques. Une fois les travaux terminés, nous avons fêté notre mariage dans le jardin. Quatre-vingts personnes, plein de petits drapeaux, c'était magique. Cette maison a également marqué le tournant professionnel de mon mari. Il a démarré son activité de traiteur dans notre cuisine, avec de grosses casseroles. Quelques mois plus tard, il a lancé le Café Borely**, à Marseille. Et nous avons dû quitter La Ciotat pour éviter les allers-retours. Mais pas question de vendre la maison, même si l'on pouvait encaisser le jackpot. Pour rembourser notre crédit, j'ai convaincu mon mari de la louer à des vacanciers***. Et ça marche! J'adore les accueillir et savoir qu'ils passent un bon moment chez moi. Beaucoup disent qu'elle dégage une âme, qu'on s'y sent bien. Je suis sûre que les matériaux nobles jouent. La formule de la location saisonnière est parfaite car, quand la maison est libre, on en profite, surtout en arrière-saison. Je caresse l'idée de retourner y vivre quand mes enfants seront grands.

Je me rends compte, avec le recul, que c'est ma maison de famille. Celle dont j'ai commencé à écrire l'histoire. »