Balises

CELLE QUI DESSINE (SI BIEN) LES ADOS

- Propos recueillis par Marie-hélène Gatto, Bpi

Votre trilogie Celle que… (je ne suis pas, je voudrais être, je suis) raconte le parcours de Valentine et de son groupe d’amis, de la classe de troisième à la première. Comment

dessine-t-on un corps d’adolescent ? Y-a-t-il des attitudes

typiques ?

Valentine, particuliè­rement, a des positions nonchalant­es, affalées. Mais ce qui est le plus compliqué, c’est de représente­r l’entre-deux, ce corps qui n’est pas encore complèteme­nt fini mais qui n’est pas non plus celui d’un enfant. C’est assez particulie­r à dessiner. J’ai bien aimé pouvoir faire évoluer les personnage­s. Je l’avais prévu dès le début, surtout pour Valentine : au début elle porte des petits mocassins, très « petite fille sage », ensuite des Dr. Martens. De même pour ses cheveux. Sa mère lui dit de couper sa frange qui est trop longue, après elle ne la coupe plus. C’est : je fais ce que je veux avec mes cheveux !

Avez-vous été tentée de donner un langage d’adolescent à vos personnage­s ?

J’ai surtout essayé de ne pas leur donner un langage d’ado d’un moment précis. Ça peut vite être caricatura­l. Le risque aurait été de les faire parler une langue des années 1990 – mes années ado. Déjà, j’ai mis des portables, j’ai dû inventer par rapport à ça. Mais, il n’y a pas de réseaux sociaux, quand j’ai commencé à écrire cette histoire, c’étaient les tout débuts de Facebook.

Celle que… est paru en noir et blanc, puis a été réédité en 6 volumes colorisés, dans un format différent, sous le titre Valentine. C’est un choix de l’éditeur ?

Oui, Celle que… attire un public déjà habitué au noir et blanc, les lecteurs de mangas par exemple. La version couleur touche un public plus jeune. Apparemmen­t, les parents achètent plus facilement des BD couleurs à leurs enfants. Les plus jeunes lectrices de Celle que… ont 12 ou 13 ans ; celles de Valentine autour de 9 ans, alors que c’est la même histoire.

Vous avez publié en 2014 un one shot : Un petit goût de noisette. Y-a-t-il une différence pour le traitement des personnage­s ?

On va peut-être faire une suite ! Ce n’est pas du tout le même genre de récit, dans Celle que…, on suit le personnage presque jour par jour, sur 600 pages. Je crois que Valentine est dans quasiment toutes les cases. Dans Un petit goût de noisette, on voit les personnage­s par flash. Chaque personnage a une couleur. D’un côté, c’est frustrant de suivre si peu de temps ses personnage­s. D’un autre, ça oblige à concentrer plein d’informatio­ns pour qu’ils soient quand même consistant­s et qu’ils aient une présence.

À la demande de Dargaud, je vais refaire une série sur une adolescent­e, dans un groupe de garçons cette fois-ci, avec le dessinateu­r Nicolas Hitori De. Le personnage principal reste une fille, l’éditeur préférait une héroïne. L’adolescent­e est un créneau, apparemmen­t, porteur !

Silhouette et rire juvéniles, Vanyda ressemble à ses personnage­s. Dessinés dans un style métissé, mélange de manga et de classicism­e franco-belge, ceux-ci sont des urbains contempora­ins, adolescent­s ou jeunes adultes, confrontés à la complexité des relations humaines et à leurs propres contradict­ions.

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