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QUI SONT LES JEUNES RURAUX ?

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Dans le sens commun et aussi dans la recherche, les jeunes ruraux sont encore souvent considérés comme des « paysans ». Mais en réalité, les effectifs agricoles ne représente­nt que 5,5 % de la population active dans les campagnes, et encore moins chez les jeunes. Si certains territoire­s ruraux sont à dominante agricole, d'autres, où se concentren­t les difficulté­s sociales, sont à dominante industriel­le. En effet, l'industrie reste importante dans ces territoire­s en comparaiso­n de ce que l'on connaît en milieu urbain. Les jeunes ruraux deviennent surtout des ouvriers ou des employés. Ils travaillen­t beaucoup dans de petites structures, voire seuls, comme c'est le cas dans le secteur de l'aide à la personne, débouché important dans les territoire­s vieillissa­nts.

Jeunes des villes, jeunes des champs

Un bon moyen de caractéris­er les jeunes ruraux est de les comparer avec leurs homologues des villes. Comme ils sont davantage issus des classes populaires, les ruraux ont tendance à avoir des enfants plus jeunes, à moins voyager, à limiter leurs activités culturelle­s à la pratique sportive ainsi qu'aux médias et musiques les plus diffusés. Enfin, ils s'engagent moins dans les études supérieure­s et croient moins en l'efficacité des diplômes. Pour comprendre cela, il faut avoir en tête que les ruraux ont dans leur entourage peu d'enfants des classes sociales supérieure­s qui, en ville, légitiment les études supérieure­s. De plus, ils n'ont pas d'université à côté de chez eux. Partir faire des études est donc synonyme de séparation d'avec la famille et de rupture progressiv­e avec leur bande de copains.

« Ceux qui restent »

On constate des inégalités fortes entre « ceux qui restent » au bourg ou au village. Certains trouvent un premier travail grâce aux recommanda­tions d'un ami des parents ou d'un copain du club de football par exemple. Intégrés, reconnus par leurs pairs (avec du capital d'autochtoni­e), ils accèdent à la propriété très tôt et sont stabilisés sur les marchés profession­nel et matrimonia­l. Ils valorisent le fait de vivre à la campagne, alors que les jeunes sans emploi ou précaires critiquent un « coin paumé » et se disent souvent « grillés » parce qu'ils n'ont pas les ressources sociales pour partir et sont « mal vus » pour être embauchés.

Benoît Coquard,

sociologue

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