LA SCIENCE, PLUS CLAIRE SUR LE NET ?
900 000 vues au compteur d'une vidéo d'une demi-heure sur la relativité générale, qui aurait parié là-dessus ?
Pas même Bruce Benamran, figure remarquée parmi les youtubeurs français. Il espérait 50 000 abonnés pour sa chaîne « e-penser » destinée à populariser la science. Ils sont maintenant plus de 700 000 ! La vulgarisation scientifique passe aujourd’hui aussi par internet et adopte
ses codes.
Des chercheurs renommés ont déjà montré un immense talent de pédagogues et de conteurs. On pense à Hubert Reeves ou à Jean-pierre Luminet en matière d'astrophysique, par exemple. Ces auteurs ont donné ses lettres de noblesse à la vulgarisation scientifique. Aujourd'hui, si l'on veut toucher le public, il n'est pas forcément nécessaire d'être aussi savant. Pour faire du buzz, rien de plus efficace que d'être drôle. La pédagogie scientifique serait-elle soluble dans l'humour potache ?
Pédagogie stimulante
Un informaticien a eu l'idée de créer sa chaîne Youtube en faisant le pari que l'on pouvait faire rire en racontant les découvertes de la science tout en restant sérieux sur le fond ! Il fallait y penser… Et il faut reconnaître que l'homme est plutôt doué pour faire un one man show avec des effets de mise en scène astucieusement réalisés grâce aux possibilités du montage vidéo. En un clin d'oeil, Bruce Benamran parvient à nous mettre dans sa poche en nous faisant croire que nous sommes un peu plus intelligents que ce que nous pensions. Les scores obtenus, environ 700 000 vues par vidéo, laissent songeur. L'attrait pour un tel programme est donc conséquent. La dimension humoristique est assurément une clé de cette réussite. Encore faut-il que le discours soit appuyé sur de solides connaissances et que celles-ci soient expliquées suffisamment clairement pour que l'on ne décroche pas. Pour cela, l'auteur, qui n'est pas un chercheur mais qui a tout de même suivi un cursus scientifique, se documente pour chaque sujet, sur le net, en lisant des livres et des articles, en interrogeant ses contacts. Et il met un point d'honneur à reconnaître d'éventuelles erreurs en restant attentif aux retours des internautes.
Sacré Aristote !
Bruce Benamran admire Étienne Klein pour sa capacité à vulgariser brillamment ainsi que Richard Feynman, physicien américain dont les conférences filmées en 1964 ont été rachetées à la BBC par Bill Gates qui les a mises en ligne en accès libre depuis 2009. Le créateur d' « e-penser » est également fan des frères Bogdanov qui ont su éveiller la curiosité pour la science aux heures de grande écoute à la télévision. Mais Bruce Benamran ne semble pas vouloir se limiter aux questions scientifiques. Fort de son succès, le youtubeur en profite pour s'exprimer sur d'autres thèmes : les institutions européennes, les élections municipales, en cherchant toujours à mettre les rieurs de son côté. Le risque est alors de sembler parfois vouloir tourner en ridicule certains sujets complexes. Pour créer une complicité avec son public, Bruce Benamran n'hésite pas à brocarder Aristote dans chaque vidéo. En réponse à un défi lancé par ses abonnés, il s'est amusé à créer un épisode racontant la seule fois où le philosophe aurait eu raison. Le vulgarisateur ne s'emballe-t-il pas un petit peu ?
Une offre variée
Si l'on regarde la concurrence, on trouve par exemple la chaîne « Science étonnante » créée par David Louapre, également sur Youtube. Ce normalien fait de bons scores, et confirme ainsi la demande de ce genre de contenu, mais il n'atteint pas le même niveau de popularité. Moins porté sur l'humour, il développe un format plus scolaire. Tout l'art de la mise en scène du savoir consiste à trouver cet équilibre entre maintien de l'attention et limpidité du discours ; vulgariser, oui, mais jusqu'où ? Il faut choisir le niveau de connaissance auquel on désire se situer, être à la hauteur, trouver le ton juste… Aujourd'hui, les internautes sont imprégnés des codes de l'industrie de la communication et du divertissement. Le succès d' « e-penser » montre que savoir jouer avec eux est une arme efficace. Cependant, panacher les sources de connaissance, en alternant le plus fun et le plus sobre, est sans doute une stratégie efficace pour l'internaute qui désire se cultiver. La variété de l'offre est bienvenue. Bruce Benamran et David Louapre, surfant sur leurs succès, ont d'ailleurs chacun publié un livre, qui propose des versions écrites de leurs « leçons ».
Lorenzo Weiss,
Bpi
Créée en 1993, la Cité des métiers est née de l'association d'une douzaine de partenaires de l'orientation, de l'insertion et de l'évolution professionnelle, parmi lesquels Pôle emploi, le Centre national d'enseignement à distance (Cned), le Centre des Études Supérieures Industrielles (Cesi), etc. Depuis, les partenariats se sont multipliés et ouverts à de nombreuses associations et institutions.
Informer
Rattachée à la bibliothèque de la Cité des sciences et de l'industrie, la Cité des métiers est d'abord un centre de ressources documentaires pour tous ceux qui sont concernés par des choix d'orientation, la recherche d'emploi, la reconversion, la formation, la création d'activité. Y viennent aussi bien les collégiens qui commencent à se poser des questions d'orientation que des retraités, à la recherche d'une activité offrant des revenus complémentaires. La salle de consultation propose un large choix de ressources. Quatre mille documents (ouvrages et revues) sont répartis en quatre thèmes : orientation, formation, emploi, création d'activité. Certains titres peuvent être empruntés. Des bornes multimédias permettent d'accéder à des cédéroms, des films, des sites internet. Celle intitulée « métiers sans diplômes » est l'une des plus consultées. La Cité des métiers propose ainsi des informations fiables qui permettent de s'orienter dans la complexité des dispositifs de formation, ou de connaître les évolutions du marché du travail. Si certaines ressources coûteuses ne font plus partie des collections, comme Xerfi, base d'études de marché sectorielles en France et à l'international, la Cité des métiers renvoie les demandes sur ses partenaires, notamment la Bpi. Toute la documentation est en libre accès mais certaines ressources spécifiques comme Transférence, un logiciel d'analyse et de transfert des compétences, sont utilisées uniquement lors d'entretiens avec un conseiller.
Conseiller
C'est sans doute là l'originalité de la Cité des métiers par rapport à l'offre traditionnelle des bibliothèques qui, depuis des années maintenant, mettent à la disposition des demandeurs d'emploi un accès à internet, des logiciels de bureautique, des documents sur les formations, les métiers, les concours. À la Cité des métiers, chacun peut venir gratuitement, sans rendez-vous, et de façon anonyme, discuter avec un professionnel de l'un des cinq pôles : Choisir son orientation ; Trouver un emploi ; Changer sa vie professionnelle, évoluer, valider ses acquis ; Organiser son parcours professionnel et de formation et Créer son activité. Séverine, conseillère au pôle Changer sa vie professionnelle, rencontre fréquemment des personnes « qui savent qu'elles veulent changer, mais qui n'ont pas encore d'idée précise ». Il faut alors explorer avec elles les possibilités, co-construire le projet,
Modèle original et collaboratif, la Cité des métiers a essaimé un peu partout en France et dans le monde. Il existe ainsi cinq cités des métiers en Îlede-france et quarante en France et à l'international. Reflet de leur implantation, « elles sont à la fois pareilles et différentes » souligne Sylvie, chargée de partenariat à la Cité des métiers de Paris.