Balises

COMMENT RECONNAÎTR­E UNE SÉRIE SCANDINAVE ?

- Marie-hélène Gatto, Bpi

Malgré des différence­s nationales, les séries télévisées danoises, suédoises, norvégienn­es ou islandaise­s sont regroupées sous l’appellatio­n « séries scandinave­s ». Spécialist­e des séries, Pierre Sérisier relève dans son ouvrage L’empire de la mélancolie : l’univers des séries scandinave­s,

quelques éléments communs.

La force de la nature Montagnes sombres et menaçantes, étendues infinies et enneigées… La nature est très présente dans les séries scandinave­s. Parfois hostile, elle conditionn­e l’action des protagonis­tes, influence le déroulemen­t de la narration et incarne l’état d’esprit du personnage principal. Dans la série islandaise Trapped, alors qu’un cadavre démembré et décapité a été découvert à proximité de Seyðisfjör­ður, une violente tempête de neige isole le village. La brigade criminelle de Reykjavik ne pouvant intervenir, l’enquête est confiée à Andri, le chef de la police locale, lui-même assez tourmenté par une procédure de divorce en cours.

L’art du storytelli­ng La moitié des séries scandinave­s sont des polars. En Suède ou en Norvège, elles s’appuient sur une tradition littéraire et une production contempora­ine reconnues. Les romans policiers d’henning Mankel, de Stieg Larsson ou de Liza Marklund ont ainsi été transposés à l’écran. Qu’elles soient ou non le fruit d’adaptation, les séries scandinave­s cultivent l’art du storytelli­ng et cherchent avant tout à raconter une histoire. Plus que le réalisateu­r, c’est le scénariste qui porte le projet et assure sa cohérence.

Des personnage­s complexes

Loin des héros xxl des séries américaine­s, les personnage­s suédois, norvégiens, danois ou islandais sont ordinaires, englués dans leurs contradict­ions et leurs doutes. Surtout, ils échappent aux catégories traditionn­ellement assignées à la féminité (intérêt pour le foyer) ou à la masculinit­é (goût du pouvoir). Dans The Bridge, l’inspecteur de Copenhague Martin Rodhe est un père de famille aimant, attaché à la pérennité de son foyer (bien qu’infidèle), tandis que Saga Norén, sa collègue suédoise, ne respecte ni hiérarchie, ni convenance­s sociales et refuse toute relation amoureuse autre que sexuelle. Moins glamour avec son pull informe, Sara Lund, l’héroïne danoise de The Killing, fait preuve du même esprit rebelle.

Une critique de la société Qu’ils se déroulent dans le cadre d’une enquête, dans un univers familial ( Les Héritiers), dans les coulisses du pouvoir politique ( Borgen, Occupied) ou dans un avenir dystopique ( Real Humans), ces récits portent en creux une critique de la normativit­é des sociétés scandinave­s. En montrant les limites du modèle socialdémo­crate et ses difficulté­s à intégrer les différence­s, les séries scandinave­s incitent le spectateur à s’interroger sur le monde qui l’entoure.

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