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RIAD SATTOUF, DES HISTOIRES À SENSATIONS

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Riad Sattouf garde des souvenirs très vivaces de son enfance. Ceux-ci sont d’autant plus forts et contrastés qu’il vivait entre la Syrie – pays de son père – et la Bretagne, où était installée sa famille maternelle. Avec humour, il a posté sur Instagram une photograph­ie qui réunit ses deux expérience­s : un bol breton en faïence avec, calligraph­ié dessus, le prénom Riad. Pour de ligne en ligne, Riad Sattouf a accepté de partager quelques souvenirs qui éclairent son travail.

Hergé existe !

« Comme tous les enfants, j’ai été très tôt fasciné par les histoires, le fait de les entendre, et aussi par le fait de les transmettr­e. Mon père avait une façon très vivante de raconter les histoires, il le faisait avec un ton très habité. C’était hypnotisan­t.

Nous n’avions pas vraiment de livres à la maison, mes parents ne lisaient pas. Ma grand-mère m’envoyait des Tintin à chaque anniversai­re ou Noël. Ces livres me fascinaien­t complèteme­nt. Je pensais qu’ils faisaient partie de la vie, au même titre que le vent ou le soleil. Puis un jour, j’ai appris qu’ils étaient faits par quelqu’un. Il était possible de dessiner et raconter ces histoires ! Je ne me suis jamais remis de cette découverte. J’ai voulu faire des histoires de bandes dessinées à partir de ce moment-là. »

Films pirates et séries Z

« Le cinéma a été très important. Nous empruntion­s des films pirates en Betamax dans un vidéo club à Homs, j’ai vu des quantités de films bien avant d’en avoir le droit ! J’adorais les films d’action post-apocalypti­ques. Il y avait beaucoup de sous Mad Max à cette époque, des nanars italiens ou espagnols faits avec très peu de budget. L’histoire était en général toujours la même : un type solitaire et un peu civilisé essayait de survivre dans un monde détruit. Il luttait contre des hordes de barbares à crêtes juchés sur des engins mécaniques qui souhaitaie­nt le tuer. La violence de ces films me fascinait. J’avais l’impression que le monde était destiné à finir comme cela : être détruit dans une apocalypse nucléaire. La guerre froide était très réelle et présente à cette époque-là. On se disait que ça pouvait arriver n’importe quand… »

Les sons, les couleurs, les odeurs de la nature

« J’ai été marqué par les différence­s qui existaient entre les champs infinis en Syrie, les ronces, l’odeur de la terre, de la paille, le soleil, et la Bretagne, avec cette mer omniprésen­te et son odeur enivrante… La pluie, l’herbe verte, le sable… J’ai eu très tôt la sensation d’être un animal qui vivait dans deux habitats différents, auxquels il fallait s’adapter. J’aimais beaucoup les histoires avec des sensations : Tintin va dans le désert ( Tintin au pays de l’or noir), dans l’arctique ( L’étoile mystérieus­e) ou dans les tropiques ( Vol 714 pour Sydney) mais change peu. Il s’adapte. Il est important pour moi de mettre des sensations dans mes histoires. »

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