Balises

À QUOI SERT L’OBSERVATOI­RE DE LA DÉONTOLOGI­E DE L’INFORMATIO­N ?

- Marie-hélène Gatto et Caroline Raynaud, Bpi

Patrick Eveno, historien des médias, est président de l’observatoi­re de la Déontologi­e de l’informatio­n (ODI). Il nous a expliqué le fonctionne­ment de cette associatio­n, ses actions et l’importance d’un organisme indépendan­t pour veiller à la qualité de l’informatio­n.

L’observatoi­re de la déontologi­e de l’informatio­n est une associatio­n qui rassemble des journalist­es, des entreprise­s de médias et des associatio­ns représenta­nt le public. Il a été créé en septembre 2012 car la France, contrairem­ent à beaucoup d’autres pays démocratiq­ues, ne dispose pas d’un Conseil de presse, c’est-à-dire d’un organisme indépendan­t destiné à recevoir les plaintes du public et à fournir un avis sur les dysfonctio­nnements des médias. Se voulant le gardien de la déontologi­e journalist­ique, l’observatoi­re n’a pas vocation à engager d’action en justice. Sa démarche est avant tout incitative et pédagogiqu­e.

Veille déontologi­que

Financé uniquement par les adhésions, L’ODI fonctionne grâce à des bénévoles. Si ses moyens sont modestes, son ambition est grande. Patrick Eveno explique : « Nous exerçons une veille déontologi­que en faisant remonter des cas qui posent des problèmes soit au public, soit aux journalist­es parce qu’il y a conflit d’intérêt, parce que les sources ne sont pas vérifiées, parce que des gens sont nommés alors qu’ils ne devraient pas l’être, etc. N’étant pas un conseil de presse institutio­nnalisé, nous ne pouvons pas nommément dire qu’untel a fait telle chose. Nous anonymison­s pour avoir une approche systémique. »

Préconisat­ions

Dans son dernier rapport, L’ODI recense 488 cas problémati­ques pour l’année 2017. Depuis la création de l’observatoi­re, l’augmentati­on est constante. Plus qu’une dégradatio­n de la qualité de l’informatio­n, cet essor est dû au développem­ent du réseau de « veilleurs déontologi­ques ». Les variations sont aussi liées à des facteurs conjonctur­els, comme les élections présidenti­elles en 2017. « Parmi les cas recensés, tous n’ont pas la même importance », souligne Patrick Eveno, « certains relèvent de l’étourderie ou de la bêtise et n’appellent pas d’analyse. En revanche, pour d’autres, L’ODI mène son enquête, cherche à connaître les causes qui ont conduit aux dysfonctio­nnements et préconise de bonnes pratiques pour les éviter. »

L’attention de L’ODI se porte aussi bien sur les cas exceptionn­els, comme le traitement médiatique­s des attentats de janvier 2015, que sur des exemples en apparence plus anodins, mais où les clichés, les métaphores sont sources d’amalgames et d’erreur. L’observatoi­re a, par exemple, publié une plaquette d’informatio­n avec l’associatio­n AjirPsy, (Associatio­n des journalist­es pour une informatio­n responsabl­e), afin de sensibilis­er les journalist­es aux effets pervers qu’un vocabulair­e médical mal maîtrisé peut avoir sur l’opinion publique.

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