Dans la bulle de Catherine Meurisse
L’autrice et dessinatrice Catherine Meurisse débute sa carrière en publiant des illustrations dans des magazines et des livres jeunesse. Dessinatrice permanente pour Charlie Hebdo à partir de 2005, elle commence simultanément à publier ses propres bandes dessinées. Par un trait franc, de nombreux détails et de riches couleurs, Catherine Meurisse aborde avec humour l’art, les questions de société ou des récits intimes. Dans sa bulle se côtoient peintres, écrivains et platanes centenaires…
Charlie Hebdo
Catherine Meurisse est embauchée par le journal satirique en 2005, alors qu’elle n’a que vingt-cinq ans. Pendant près de dix ans, elle est la seule femme de l’équipe de dessinateurs permanents. Si elle développe ses premiers projets personnels à cette époque ( Mes hommes de lettres, 2008, Le Pont des arts, 2012), son ancrage est bien celui du dessin de presse. Après l’attentat qui frappe la rédaction de Charlie Hebdo en 2015, Catherine Meurisse se tourne vers la bande dessinée autobiographique. Dans La Légèreté (2016), elle raconte sa douloureuse reconstruction après la perte de ses amis, grâce à la beauté et à l’art. Dans Les Grands Espaces (2018), elle revient sur son enfance à la campagne, où s’enracine son goût pour la nature, la peinture et la littérature.
Reiser et Bretécher
Catherine Meurisse accepte volontiers que son dessin soit relié à celui de Reiser et de Claire Bretécher. De Reiser, elle a la simplicité du trait, un certain sens de la provocation et du politiquement incorrect. Catherine Meurisse raffole par exemple des anachronismes lorsqu’elle évoque des personnages historiques, comme lorsqu’un personnage s’exclame à propos de la rencontre entre Sand et Musset : « Musset a l’air d’avoir branché une poulette » ! Avec Claire Bretécher, Catherine Meurisse partage notamment un humour corrosif pour évoquer les rapports entre hommes et femmes ou entre les générations.
Marcel Proust
Le patrimoine littéraire français constitue un véritable vivier d’inspiration pour Catherine Meurisse. Aux côtés de Charles Baudelaire ou de Pierre Loti, Marcel Proust fait largement figure de favori. Catherine Meurisse a même pris l’habitude de l’appeler son « auxiliaire de vie ». De la célèbre scène de la madeleine au platane baptisé « Swann » dans le jardin familial, À la Recherche du temps perdu innerve toute l’oeuvre de Catherine Meurisse, à la fois comme héritage et comme compagnonnage.
Les musées
Visiteuse assidue du Louvre et du musée d’orsay, Catherine Meurisse fait de ces lieux d’éveil et de contemplation « ses secondes maisons » . À travers ses albums, elle livre de véritables leçons d’histoire de la peinture, tutoie Delacroix et Picasso, et redonne vie à Olympia, le célèbre tableau de Manet, pour en faire l’héroïne de son récit. Après les attentats de 2015, ce sont les statues des enfants de Niobé à la Villa Médicis qui la sauvent du chagrin.
Les arbres
La nature, Catherine Meurisse l’a contemplée toute son enfance, au point d’en faire son premier musée. C’est surtout la majesté des arbres qu’elle admire : d’abord, dans le jardin de ses parents, entre le figuier de Rabelais et le platane centenaire, puis au musée, devant les feuillages de Corot ou de Poussin. Dans ses albums, on les observe, on les enlace, on s’y réfugie. Réel ou sublimé, l’arbre exprime un profond désir de liberté et de transmission, à l’image d’une oeuvre toute en ramifications.