Balises

Chine : une route de la soie vers l’espace

-

Les derniers succès de la Chine dans le domaine spatial confirment l'efficacité de son programme et confortent son statut de grande puissance. Avec cette « route de la soie » céleste, la Chine dispose d'un puissant argument au service de sa diplomatie.

Un long cheminemen­t

L’ambition spatiale de la Chine débute à la fin des années cinquante avec un programme de recherche et développem­ent de missiles. La Chine bénéficie dans un premier temps de l’aide de L’URSS, puis poursuit seule son programme spatial. Les premières fusées chinoises sont lancées dans les années soixante. Le 24 avril 1970, la mise en orbite du satellite Dong Fang Hong-1 embarqué sur la fusée Chang Zheng-1, permet à la Chine de se classer au cinquième rang des puissances spatiales, derrière l’union soviétique, les États-unis, la France et le Japon. En 2003, elle est la troisième nation à lancer un vaisseau spatial habité, le Shenzhou-5 et passe en tête du classement de l’accès à l’espace en 2018 avec trente-deux lancements.

Un programme qui décolle

Depuis, les annonces se multiplien­t : alunissage sur la face cachée de la lune en 2019, lancement de la sonde Tianwen-1 vers Mars en juillet 2020, retour sur Terre des échantillo­ns lunaires de la mission Chang’e-5 en décembre 2020, puis des trois taïkonaute­s (astronaute­s chinois) de Shenzhou-5 en septembre 2021. En octobre 2021, le Financial Times affole la communauté internatio­nale avec l’annonce d’un test de missile hypersoniq­ue à capacité nucléaire en août 2021. Malgré le démenti de la Chine, le monde prend la mesure concrète de l’avancée fulgurante de la Chine dans le domaine spatial et accorde du crédit aux annonces du plan chinois : le déploiemen­t d’une station robotique sur la lune en 2030, l’exploratio­n de la ceinture des astéroïdes, puis de Jupiter et, en 2049, le franchisse­ment des limites du système solaire avec le programme Interstell­ar express.

Une nouvelle route de la soie

Comme dans d’autres domaines, l’avancée de la Chine est planifiée et se réalise par étapes, avec un important budget dédié à la recherche et au développem­ent. Forte de quatre sites de lancement, contre six pour les États-unis et un pour l’europe, la Chine a réussi à mettre en orbite une constellat­ion de satellites et coopère avec plusieurs agences spatiales depuis 1994. Dans le cadre du projet Beidou, elle a mis au point une technologi­e de géolocalis­ation qui concurrenc­e le système européen Galileo et le système russe Glonass et intéresse de nombreux pays.

La Chine devient une alternativ­e fiable aux puissances spatiales en place. La Russie et la France se montrent très intéressée­s par un partenaria­t pour la base lunaire. La station Palais céleste sera ouverte à la coopératio­n internatio­nale, mais sous les conditions édictées par la Chine. Le Pakistan et la Russie sont déjà sur les rangs, comme l’agence spatiale européenne et la France. Pour le moment, les accords sinoaméric­ains sont entravés par l’amendement Wolf (2011), qui interdit à la NASA l’emploi de fonds fédéraux dans un accord avec la Chine, ainsi que par les relations diplomatiq­ues tendues entre les deux puissances.

Fabienne Charraire, Bpi

Article initialeme­nt paru sur balises.bpi.fr, le 1er novembre 2021

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France