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Tomas Lemoine fait péter le score au Crankworx Rotorua, l’occasion de lui poser quelques questions.

Touche à tout ultra doué du MTB, Tomas Lemoine écume les circuits de slopestyle depuis plus d’une dizaine d’années. Mais contrairem­ent à la grande majorité des riders dans cette discipline exclusive, le Marseillai­s est ultra polyvalent : capable de battre des racers en dual ou en pumptrack et de décrocher en même temps un podium au slopestyle du Crankworx, le lascar est un animal rare. Leader provisoire pour le titre de King of Crankworx après Rotorua, et en lice pour celui (très convoité) du compte Instgram le plus funky, Tomas ne nous laisse pas d’autre choix que de le passer au grill.

Big Bike : Tu fais un Crankworx au top à Rotorua, de quoi es tu le plus content ?

Tomas Lemoine : Le plus content, c’est le moment où j’arrive chez moi après 52 heures de voyage haha! Non, généraleme­nt très content de l’évent 2019 et de ce que j’ai pu montrer sur place, il y a toujours des améliorati­ons à faire mais ça motive pour la suite !

B.B : Tu préfères gagner le King of Crankworx ou l’une des épreuves du slopestyle ?

T.L : J’avoue que le slope c’est vraiment le rêve. Le King of Crankworx ce serait le petit bonus qui passe bien mais gagner un diamond en slope c’est quand même l’ultime rêve ! Un jour peut être !

B.B : Le Crankworx devient très sérieux aujourd’hui non? On dirait que les mecs ont de plus en plus la pression, notamment sur le slope. Tu vois ça comment toi, t’as plus de stress qu’avant?

T.L : J’ai moins de stress car avant j’avais l’impression que j’avais des choses à prouver, maintenant j’essaye juste de donner le meilleur de moi même en sachant ce que je suis capable de faire, mais j’ai appris que personnell­ement, me mettre trop la pression ne me réussit pas. Donc je reste avec les gars que j’aime le plus pour rester dans un bon mood avant le contest, mais c’est vrai qu’aujourd’hui le slope à beaucoup évolué et un certain niveau de sérieux s’est installé depuis la “nouvelle vague” de riders un peu plus jeunes qui ont plus la rage et veulent plus s’entraîner que la génération précédente. Pour ma part je prend ça au sérieux car aujourd’hui je vis de ma passion et pouvoir me lever et aller rouler c’est tout ce que je désire, donc tout en kiffant, j’essaye d’être le meilleur possible ! Après c’est important de continuer, si on a le même plaisir qu’au début. Moi je me lève et j’ai le sentiment d’aller rouler comme quand c’était les vacances entre les cours ! Toujours heureux sur mon vélo même si parfois l’apprentiss­age demande de la patience, de la motivation et d’arriver à se relever quand on tombe!

B.B : Quel est le Crankworx que tu préfères?

T.L : Whistler, incroyable feeling quand tu droppes devant tout ce monde, la ligne de slope est vide (ou plutôt pleine d’obstacles) et tout autour c’est juste plein de gens mega chauds qui crient et kiffent a mort le contest. C’est le dernier de l’année, tout le monde est très chaud, les soirées sont cool, on roule en DH avec les potes, c’est vraiment un petit paradis qui te permet d’oublier la pression du contest ! Et Whistler c’est un peu la Mecque du MTB, donc je suis comme un gosse à chaque fois que j’y retourne !

B.B : Le parcours du slope de Rotorua, il va changer un jour ou c’est bien comme ça?

T.L : Ah personnell­ement je suis pour le changement tous les ans si possible ; je suis fan de la nouveauté, du changement et plutôt contre le sentiment de déjà vu. Devoir se dire “Ok, mon run de l’année dernière c’est ça... je dois faire ça”. C’est moins excitant de rouler sans la sensation de découverte et de l’inconnu ! J’aimerais qu’on ramène des modules originaux, qu’on puisse un peu plus sortir notre personnali­té sur la piste, à l’image de ce qu’on voit en BMX park plutôt que devoir faire les mêmes gros tricks toute l’année, chaque saison, sur le même type de parcours ! Bring back the old slopestyle courses !! Après, c’est vrai que le choix dans les lignes va donner plus de mal aux juges aussi…

B.B : Tu es content de voir arriver le dual slalom sur les 3 étapes?

T.L : Je ne fais pas les dual slalom en général, car pour aller vite il faudrait que j’ai des vitesses, un frein avant, des gros pneus etc. Et puis les gars sont très très rapides. Sans compter que trois étapes me prennent déjà assez de temps et d’énergie sur place haha!

B.B : Qui sont les mecs contre lesquels tu n’aimes pas rouler en Dual Speed & Style? Et en pumptrack ?

T.L : J’aime rouler contre tout le monde car je trouve ça vraiment cool d’avoir une épreuve qui mixe des styles de riders différents et de différente­s génération­s ! Tu ne peux pas te plaindre de prendre le départ contre un gars comme Cam Zink, même s’il est rapide et qu’il trickse bien!

B.B : Plein de slopestyle­rs se sont mis au freeride et toi tu ne sembles pas intéressé, c’est un truc qui ne te dis pas du tout?

T.L : Si, si je suis intéressé, j’en fais un petit peu mais tu sais bien que j’habite Marseille donc le street et le park sont forcément plus à ma portée. En plus, 80% de mes potes roulent en BMX alors je vais tout naturellem­ent rouler avec eux ! Mais petit à petit je mets un pied dans le freeride, et en attendant, j’ai du boulot sur mon petit vélo :)

B.B : La Rampage, ça te motive ?

T.L : C’est un rêve de faire la Rampage, mais j’ai l’impression que si j’y vais, faut pas y aller pour rien, donc j’essaierai d’y participer quand je me sentirai capable de faire une bonne chose sur place. J’ai pas envie d’y aller et faire trois mètres sur le vélo haha ! J’espère sincèremen­t pouvoir y participer bientôt ! Tommy G me motive de plus a plus à rouler du gros bike !

B.B : Tu t’entraînes beaucoup ou tu préfères un savant mélange de conneries en park, de clips insta et de riding entre potes?

T.L : J’ai besoin des deux : l’entraîneme­nt en slope c’est la répétition de tes tricks, donc aussi des gros tricks, ce qui fait plus peur et plus mal quand tu rates. C’est pour ça que j’ai besoin de sessions où je me balance et où je routine mes tricks, mais aussi des sessions chill en trail, park, street ou piste de race. J’adore vraiment rouler mon bike, peu importe où je suis, d’un trottoir jusqu’au meilleur slope du monde !

B.B : Quand tu vois des rotations dans tous les sens et de l’oppo à foison, tu te dis que c’est une bonne évolution pour le slope ou qu’on se trompe un peu de direction et qu’il vaudrait mieux des parcours un peu plus compliqués, avec différente­s lignes et des notes plus axées sur la diversité des tricks? Szymon Godziek et toi notamment, vous n’avez pas toujours été super bien payés pour des runs plus originaux que d’autres...

T.L : Je suis plutôt pour un style Peraza ou Enarson qu’un style Logan Martin pour ne citer aucun nom du MTB haha. Comme je t’ai dit plus haut, j’aimerais que les parcours soit plus diversifié­s, avec des modules différents, mais ça ne plait pas à tous les riders. Je pense que les juges font aussi partie de l’évolution du sport, car si les bangers pas forcements propres payent, les riders ne rouleront plus forcément propre mais enverront de gros tricks. Personnell­ement, j’aime voir des runs qui montrent une part de personnali­té, du style et des bangers. Un run original est toujours plaisant à voir selon moi, et des gars comme Genon ou Johansson par exemple font les styles de runs que j’aime.

B.B : Qui est le meilleur rider de la scène slope aujourd’hui?

T.L : Mon préféré a toujours été et restera toujours Tommy G. On roule beaucoup ensemble, c’est pour moi un rider très polyvalent qui sait s’entraîner et aussi kiffer ce qu’il fait. C’est aussi le mec avec qui je préfère partager un trip ou une session!

B.B : Si tu gagnes le King of Crankworx ou un slope du Crankworx et les dollars qui vont avec, quel est le premier truc que tu achètes?

T.L : Je paye ma grosse soirée sur place a tous les potes hahaha! Non en vrai je sais pas trop, là tout de suite sans réfléchir, je dirais une Harley haha! B.B : Tu n’es pas sponsorisé Red Bull, Monster ou Rockstar, quatre hypothèses s’offrent à nous : 1 - tu préfères la vodka pure ? 2 - tu n’as pas envie de t’emmerder à tenir une canette à chaque fois que tu es devant une caméra? 3 - tu as déjà assez de sponsors ?

4 - une vraie raison?

T.L : J’ai été en discussion avec certaines de ces marques mais rien n’a vraiment abouti. En fait, je ne roule pas spécialeme­nt pour être sponsorisé par une marque d’energy drinks, je ne trouve pas ça forcément plus gratifiant qu’un autre sponsor. Aujourd’hui mon « head » sponsor c’est Muc-Off, j’en suis très content et ils me font des bonnes décos sur les casques ! Et au fait, je préfère le whisky ou le pastis à la vodka ;)

B.B : Tu as 22 ans et ça fait au moins 10 ans qu’on te voit sur les gros contests freestyle, t’en n’as pas marre d’être sur un vélo? Ca te fait toujours autant marrer?

T.L : Toujours, voire même de plus en plus car en grandissan­t je me rend compte de la chance que j’ai de voyager et de participer à ces contests. Maintenant j’ai en plus la chance de pouvoir choisir ceux je fais et ceux que je ne fais pas, donc forcément je ne vais pas partout mais quand j’y vais, c’est toujours avec motivation !

B.B : Le truc ultime que tu voudrais gagner ou faire sur un bike?

T.L : Écoute, le rêve américain comme on dit, ce serait de gagner une fois la Rampage et une fois les Crankworx de Whistler! Mais le plus beau serait de pouvoir rouler encore longtemps et autant que maintenant. Quand je vois des gars comme Kirt Voreis ou Ryan Nyquist... ça ça fait rêver !

 ??  ?? Avec une nouvelle victoire en pumptrack et le premier podium de sa carrière sur un slopestyle Diamond, Tomas cartonne bien à Rotorua.
Avec une nouvelle victoire en pumptrack et le premier podium de sa carrière sur un slopestyle Diamond, Tomas cartonne bien à Rotorua.
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 ??  ?? Pas de chance lors du Dual Speed & Style, suite à une sur rotation, Tomas explose son pneu. Il termine finalement quatrième du contest.
Pas de chance lors du Dual Speed & Style, suite à une sur rotation, Tomas explose son pneu. Il termine finalement quatrième du contest.
 ??  ?? Un beau 3.6 invert, l’exemple parfait de tricks hyper stylé qu’on aimerait voir payer un peu plus en termes de points.
Un beau 3.6 invert, l’exemple parfait de tricks hyper stylé qu’on aimerait voir payer un peu plus en termes de points.
 ??  ?? A la lutte avec Keegan Wright lors de la pumptrack. Wright est aussi un sacré client pour le titre de king of Crankworx.
A la lutte avec Keegan Wright lors de la pumptrack. Wright est aussi un sacré client pour le titre de king of Crankworx.

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