L’ÉVOLUTION TYPÉE SLOPESTYLE
Après trois années de hiatus la Rampage revient en Utah, les organisateurs n’ayant pu trouver ailleurs un terrain aussi propice au mountain bike freeride. C’est l’euphorie chez les fans de la discipline mais aussi chez les riders, puisque loin de le faire tomber aux oubliettes, la disparition du contest n’a fait qu’attiser les attentes de toute la scène freeride.
Depuis 2004 toutefois, les choses ont bien changé pour les disciplines Gravity, avec notamment l’arrivée du Crankworx de Whistler cette même année, qui participe à l’émancipation d’une nouvelle discipline à mi-chemin entre le freeride et le dirt : le slopestyle. En Europe on n’a pas perdu de temps non plus, avec les Quashqai Challenge et les District Ride notamment, qui emmènent le MTB dans les villes. C’est l’heure de gloire du tricks, des vélos de dirt et évidemment, les organisateurs de la Rampage vont s’inspirer de ce nouveau courant pour le retour du contest. C’est ainsi que l’on voit apparaître des modules et rampes en bois un peu partout sur la nouvelle face, et plus de vélos en simple T qu’il n’y en a eu toutes éditions de la Rampage confondues (et on parle bien de 2001 à 2019…). Attention tout de même, les gaps restent de taille conséquente et si certains modules en bois facilitent la vie aux purs slopestylers, d’autres comme le fameux Canyon Gap ne laissent pas franchement le droit à l’erreur.
UN BEL AMALGAME DE RIDERS
Les trois années d’interruption n’ont pas découragé les riders des premières Rampage de revenir, alors que les nouveaux venus ne rêvent que de gagner leur sésame pour aller titiller la terre de l’utah et goûter à la légende. Cédric Gracia est de retour, tout comme
Robbie Bourdon, Darren Berrecloth ou encore Thomas Vanderham et les riders issus du slopestyle affluent : Paul Basagoitia, Kurt Sorge, le phénomène Brandon Semenuk ou encore Graham Agassiz. Plusieurs écoles s’opposent en fin de compte, celle des purs freeriders qui tentent de trouver des lignes et de prendre un ou deux gros gaps, celle des newschoolers, à l’affût d’enchaîner un max de modules pour y placer les plus de tricks possibles et celle des pilotes ultra rapides, qui ne sont pas là pour acheter du terrain. Ce qui est plus compliqué, lorsque les riders ne jouent pas eu même jeu, c’est de noter les runs. Et très vite, on se rend compte que ceux qui prennent les gros modules en bois sont souvent bien récompensés, ce qui sera d’ailleurs le cas lors de toutes les éditions ou des modules seront mis en place par l’organisation.
UN PARCOURS PLUS SLOPESTYLE, UNE AMBIANCE FREERIDE
Malgré l’arrivée de beaucoup de newcomers qui n’ont connu que les contests de slopestyle, on reste dans une ambiance freeride héritée de plusieurs années de règne de la discipline sur le MTB Gravity. Il s’agit quand même de tenir sur ses deux roues à la Rampage, et les runs fluides bien maîtrisés sont appréciés des juges. Dans leur grande majorité, les sauts sont très engagés, mention spéciale aux 20 mètres du Canyon Gap, qui n’est roulable que le jour des finales, histoire de laisser encore aux riders quelques surprises de taille… Mais clairement l’époque 2001-2004 est révolue, la face est plus lisible et les jumps construits par l’organisation sont largement moins techniques que le fin gap de Gracia en 2003, ou moins sketchy que le Mansize Gap de Bender en 2004 par exemple. Les prises d’élan sont nettes et les réceptions bien larges. Ce que préfigure surtout cette édition 2008, c’est l’augmentation de la vitesse dans les runs et un mix de sauts toujours plus gros avec des jumps à tricks, le tout dans un seul but : favoriser le spectacle.
LE SPECTACLE, LE NERF DE LA GUERRE
Sans conteste, le spectacle fourni lors de la finale est de très bonne facture, alors que cette dernière a dû être repoussée d’un jour à
cause des intempéries. Comme on pouvait s’y attendre avec ce nouveau parcours, deux riders de la nouvelle génération se retrouvent aux deux premières marches du podium, mais même avec toute la mauvaise foi du monde, on ne pourrait pas dire que ce n’est pas mérité. À 17 ans et un mois de plus de que Kyle Strait, lorsque ce dernier a remporté sa première Rampage (ce qui lui permet de rester le plus jeune rider à l’avoir gagnée),
Brandon Semenuk prouve que les espoirs placés en lui ne sont pas vains. Le Canadien a roulé toute la semaine dans son coin, loin des regards comme il sait si bien le faire, et il lâche tout lors de son run de finale. À l’image de sa façon de rider aujourd’hui, il roule avec un flow déconcertant et enchaîne les jumps comme s’il était sur une pumptrack… Double par ci, gap par là, suicide au milieu, Semenuk déroule dans la face avec une aisance mons
C’EST L’HEURE DE GLOIRE DU TRICKS, DES VÉLOS DE DIRT ET ÉVIDEMMENT, LES ORGANISATEURS DE LA RAMPAGE VONT S’INSPIRER DE CE NOUVEAU COURANT POUR LE RETOUR DU CONTEST.
trueuse et remporte la Rampage lors de sa première participation.
Derrière, Kurt Sorge montre qu’il est lui aussi amateur de gros gaps et de tricks, le tout en roulant à bonne vitesse. Si on nous avait dit qu’il serait le premier athlète à mettre son nom par trois fois au palmarès de la Rampage il n’est pas certain qu’on l’aurait cru… Mais tous ces pilotes Canadiens (Sorge, Agassiz, Doerfling et plus tard Rheeder) ont toujours veillé à s’orienter vers un riding polyvalent, s’appuyant sur leur bagage de tricks certes, mais en n’ayant de cesse de progresser un gros vélo dans les mains).
Enfin, et c’est la belle surprise de cette édition 2008, Thomas Vanderham s’adjuge la troisième place ainsi que le Best Trick avec un suicide sur le Canyon Gap. Freerider de toujours, qui ne s’est pas retrouvé dans l’évolution du mountain bike vers le slopestyle, le Canadien avait perdu une très grande partie de ses sponsors avant le retour de la Rampage. Quel bilan pour cette édition de l’evolution? Comme à chaque fois qu’une recette est changée, il s’en trouve pour dire que l’ancienne était meilleure que la nouvelle. C’est peut-être vrai, mais il est logique de penser que l’event se devait d’évoluer pour coller aux nouvelles pratiques du mountain bike. Ce qui est sûr par contre, c’est que l’organisation a conservé cette recette tant qu’elle l’a pu, peut être un peu trop même au fil des années, ayant bien compris que c’était la meilleure manière d’amener du spectacle, le nerf de la guerre lorsque l’on produit un événement de ce genre. À bien y penser, est-ce que ce n’était pas déjà le cas en 2003 et 2004, simplement avec d’autres moyens et l’ambiance de l’époque?