Big Bike Magazine

RETOUR AUX SOURCES DU FREERIDE

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Après l’édition 2015 et la blessure de Paul Basagoitia, riders et medias remettent en cause l’organisati­on et le déroulemen­t de la Rampage. Pas assez de prize money pour les pilotes, des conditions de riding pas toujours idéales, une mauvaise tendance au «toujours plus gros» bref, il est temps de redistribu­er les cartes pour le contest phare de l’année. C’est ce qui se produit, en collaborat­ion avec les athlètes et de façon assez radicale.

« Après 2015 explique Todd Barber, en parallèle avec la blessure de Paul Basagoitia, il y a eu beaucoup de controvers­e. C’était le 10ème anniversai­re de l’événement, il y a avait beaucoup d’attentes concernant cette Rampage et malheureus­ement nous avons eu pas mal de problèmes : la météo d’une part, mais aussi la clarificat­ion des règles régissant le contest et les riders. Nous avons donc décidé de tout remettre à plat, de trouver un nouveau site, ne plus se servir de modules pré-construits, en gros, repartir à zéro. Pour cela, nous avons travaillé avec un petit groupe d’athlètes, les équipes de prod TV et de l’événement, afin

LE NOUVEAU SITE EST BEAUCOUP PLUS PENTU, DÉPOURVU DE MODULES DONC, PLACE NETTE EST FAITE AU FREERIDE.

que tous ceux qui collaboren­t au contest aient leur mot à dire. Personne n’aime les règles, mais nous avons fait en sorte de clarifier les responsabi­lités de chacun, soit de l’organisati­on d’un côté et des riders de l’autre. Une fois que les rôles et les responsabi­lités de chacun ont été établies, on a pu avancer plus facilement et depuis lors, l’événement se déroule sans problème. Nous continuons à dialoguer chaque année avec les athlètes via un meeting au Crankworx de Whistler, afin de discuter de l’édition qui vient et faire des changement­s si nécessaire ».

Effectivem­ent, 2016 marque une vraie rupture avec les années « Evolution », soit de 2008 à 2015. Le nouveau site est beaucoup plus pentu, dépourvu de modules donc, place nette est faite au freeride. Les règles ont bien changé également : les riders ont désormais plus de jours pour shaper, beaucoup s’étant plaints du fait qu’il n’avaient parfois pas le temps de rider toute leur ligne avant les qualifs. Une journée de repos obligatoir­e est allouée, pour relaxer les corps et les esprits et en prime, les qualificat­ions sont abrogées car le système de sélection change. Red Bull a compris que c’était une grosse erreur de laisser trop de monde rouler ce type de terrain et change son fusil d’épaule : les pilotes invités seront donc les 12 finalistes de l’année passée, plus neuf wild cards et cinq remplaçant­s « sélectionn­és par rapport à leurs résultats sur les Rampage précédente­s et leur aptitudes en freeride ». Qui choisit les athlètes? Le Comité Rampage, constitué de Cam Mccaul, Aaron Chase, Randy Spangler, Nico Vink et Todd Barber. Pas de qualificat­ions veut dire du stress en moins pour les riders, qui savent qu’ils iront en finale et n’ont donc plus qu’à se concentrer sur cet objectif. Enfin, pour éviter de faire comme en 2014-2015, et de retrouver la face dépouillée en moins de temps qu’il n’en faut pour mettre en route une scie circulaire, les équipes de shapeurs sont réduites et les outils électrique­s interdits. Un vrai retour aux sources, même au niveau du jugement qui repose sur quatre critères : choix de ligne, vitesse et flow, amplitude,

tricks. La ligne Air a disparu. Last but not least, le prize money explose littéralem­ent, ce qui était clairement attendu de la part des organisate­urs. Ces derniers ne se défilent pas et doublent la mise, passant de 100 000$ au global en 2015 à 200 000$ en 2016.

LA RAMPAGE LA PLUS DIFFICILE DE L’HISTOIRE

Pour le coup, en 2016, impossible de se plaindre d’une édition entre slopestyle et freeride, avec des appels trop lisses et des réceptions trop larges etc. La face est hardcore, surtout la partie la plus haute évidemment, où il n’y a vraiment pas le droit à l’erreur. Best Trick l’année précédente, et pas vraiment connu pour mouiller son pantalon lorsqu’il faut aller au charbon, Sam Reynolds se retire du contest. Avouant ouvertemen­t qu’il n’a pas envie de prendre le risque de mourir en Utah. Ambiance…

Il est vrai que sur le haut, la moindre incartade à droite ou à gauche est synonyme de mort, comme sur « l’impassable Route » et son gros gap, taillés par quatre équipes de shapeurs : ceux de Darren Berrecloth, Tyler Mccaul, Carson Storch et Logan Binggeli. Tapez sur Youtube pour vous remémorer les images : l’approche du saut est tout simplement vertigineu­se, c’est un sentier de chèvre posé entre deux barres rocheuses. Pas de run in pour tester le drop, une fois engagé il faut dropper et arriver dans la réception en faisant un sans faute.

La ligne de Graham Agassiz est également démente, avec un départ commun à celui de l’impassable Route, avant de piquer sur la droite tout en haut et de faire un tout droit dans le raide absolu. En contrebas c’est un virage qui attend le rider Kona, dans lequel il arrive à mach 2 pour enchaîner sur un énorme gap. Le run d’agassiz est certaineme­nt le plus beau de toute cette édition, le plus complet, mais le Canadien s’explose littéralem­ent sur un 3.6 hyper engagé lors duquel il raccroche avec la roue arrière un rocher placé à 50 cm de la réception. Grosse blessure pour Aggy, décidément maudit sur cet event qu’il aurait pu gagner tant de fois… Il y a certes des lignes moins exposées, mais vraiment rien de facile. Ce qui se rapproche le plus d’un run safe est certaineme­nt celui que choisit Antoine Bizet, et pourtant on est loin d’une promenade de santé. Le Versaillai­s marque l’histoire du contest de deux façons bien distinctes : la première en rentrant le tout premier double flip de la Rampage (un trick sur lequel il s’était cassé le bras en 2015), la seconde en faisant le pitre lors de son second run en 2017, avec son sac à dos, car il s’est clairement fait voler. Bien récompensé en 2016 grâce à son double flip, il est cette fois écharpé par les juges, qui veulent voir des lignes plus engagées. C’est le jeu, et ce n’est pas le première fois que le jugement est remis en cause sur une Rampage, mais c’est peut être bien la première fois qu’on entend les spectateur­s de la raquette d’arriver huer leur décision. Sans parler du lynchage qui a suivi sur les réseaux sociaux. Antoine peut se

consoler avec le prix du public, mais il décline l’invitation à la Rampage en 2018. Pour d’autres raisons que sa frustratio­n dit il, mais le message est nénamoins passé.

L’ÉVOLUTION DE L’ESPÈCE

En 2017, la formidable capacité d’adaptation des riders parle encore une fois. Alors qu’on les sentait tendus et à la limite l’année précédente, ils sont à l’aise cette fois. Les vitesses de passage sont plus impression­nantes, les gros sauts de l’édition 2016 sont tricksés plus facilement et d’autres ont poussé. Plus important encore, les limites du riding dans le raide sont repoussées : l’impassable Route n’a jamais semblé aussi passable et une nouvelle voie est ouverte en amont de celle prise par Graham Agassiz et James Doerfling. On nous annonce dans l’oreillette une pente à 63° pour la ligne de Cam Zink, Kyle Strait et Pierre Edouard Ferry. De la chute libre... En parlant de l’évolution de l’espèce, 2017 marque l’arrivée d’un jeune garçon plein d’avenir, local de l’étape qui plus est : Ethan Nell. Nell est un pur produit produit freeride, qui a particpé au FEST Series bien avant de recevoir son invitation pour la Rampage. Sans complexe, le rider YT fait un premier run de très bonne facture et s’énerve franchemen­t ensuite, avec une ligne exposée et remplie de drops sur le haut, un flat spin, un flip plus un suicide en entrée de double drop. Et voilà, pour sa première apparition dans le contest, Ethan Nell repart avec la troisième place. Cette année est aussi celle du test grandeur nature de Vincent

Tupin dans le désert de l’utah, et le Haut Savoyard s’en sort très bien. Mais une fois la poussière retombée sur la face, c’est Kurt Sorge qui rentre dans l’histoire de la Rampage comme étant le premier rider à remporter l’événement à trois reprises (2012, 2015, 2017). Le Canadien arrive toujours à poser un mix de vitesse, de gros sauts et de tricks qui fait mouche sur le contest.

A la fin du cette 11ème édition de la Rampage, étant donné la configurat­ion du terrain et tout ce qui a été réalisé dessus, l’organisati­on comprend qu’il n’y plus grand chose à tirer de cette face. Pour le plus grand bonheur de tous, c’est un nouveau site qui doit accueillir les riders en 2018.

ON NOUS ANNONCE DANS L’OREILLETTE UNE PENTE À 63° POUR LA LIGNE DE CAM ZINK, KYLE STRAIT ET PIERRE EDOUARD FERRY. DE LA CHUTE LIBRE...

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Cam Zink dans la ligne construite à la verticale avec Kyle Strait et PEF en 2017. Une variante encore plus corsée de celle ouverte l’année d’avant par Graham Agassiz et James Doerfling, tout simplement vertigineu­se. © Bartek Wolinski/red Bull Content Pool
©Christianp­ondella/redbullcon­tentpool Cam Zink dans la ligne construite à la verticale avec Kyle Strait et PEF en 2017. Une variante encore plus corsée de celle ouverte l’année d’avant par Graham Agassiz et James Doerfling, tout simplement vertigineu­se. © Bartek Wolinski/red Bull Content Pool
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 ??  ?? La ligne de James Doerfling (en photo) et Aggy en 2016, déjà très impression­nante. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
La ligne de James Doerfling (en photo) et Aggy en 2016, déjà très impression­nante. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
 ??  ?? L’histoire damour entre Cam Zink et les backflips du haut de barres rocheuses est un long fleuve tranquille. © Christian Pondella/ Red Bull Content Pool
L’histoire damour entre Cam Zink et les backflips du haut de barres rocheuses est un long fleuve tranquille. © Christian Pondella/ Red Bull Content Pool
 ??  ?? Graham Agassiz avait encore tout pour gagner lors de l’édition 2016. Le Canadien est fait pour la Rampage, mais cette dernière semble se dérober à chaque fois sous ses pieds. Ce 3.6 en plein élan de son run est l’une des manoeuvres les plus osées que nous ayons vues. Ca n’a pas marché, et la chute aurait pu être très grave, mais gros respect pour Aggy. C’était dingue! © John Gibson/red Bull Content Pool
Graham Agassiz avait encore tout pour gagner lors de l’édition 2016. Le Canadien est fait pour la Rampage, mais cette dernière semble se dérober à chaque fois sous ses pieds. Ce 3.6 en plein élan de son run est l’une des manoeuvres les plus osées que nous ayons vues. Ca n’a pas marché, et la chute aurait pu être très grave, mais gros respect pour Aggy. C’était dingue! © John Gibson/red Bull Content Pool
 ??  ?? Andreu Lacondeguy largue les amarres. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Andreu Lacondeguy largue les amarres. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
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 ??  ?? Logan Binggeli a lui aussi droit à son petit bol de terre de l’utah. L’édition 2016 n’a pas épargné grand monde. © Christian Pondella/red Bull Content Pool
Troisième victoire dans la Rampage pour Kurt Sorge en 2017, premier rider à inscrire par trois fois son nom au palmarès de l’event.
© Bartek Wolinski/red Bull Content Pool
Logan Binggeli a lui aussi droit à son petit bol de terre de l’utah. L’édition 2016 n’a pas épargné grand monde. © Christian Pondella/red Bull Content Pool Troisième victoire dans la Rampage pour Kurt Sorge en 2017, premier rider à inscrire par trois fois son nom au palmarès de l’event. © Bartek Wolinski/red Bull Content Pool

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