Big Bike Magazine

PHOTOMATON

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Les photograph­es et leurs oeuvres mis en valeur dans la nouvelle rubrique de Big Bike. On attaque fort avec Stef Candé, qui choisit et commente 15 de ses meilleures photos pour le plaisir des yeux.

Pour inaugurer notre nouvelle rubrique, qui met en avant les photograph­es et leur travail, nous avons choisi l’un des (vieux) maîtres en la matière : Stef Candé. La légende veut qu’il soit né à l’époque du daguerréot­ype, ce qui, tout bien calculé, ferait de lui le seul immortel que nous connaisson­s. Pas mal pour un début…

Mais si ces élucubrati­ons semblent droit sorties d’une discussion de comptoir de haute volée, on ne peut écarter le fait que l’animal sévit dans une pléiade de domaines depuis la lointaine époque de l’argentique, et qu’il n’a de cesse d’expériment­er avec brio, se renouvelan­t sans coup férir au fil des années. Sport ou mode, magazines ou marques, MTB ou ski, la carrière de notre serial shooter du mois est bien remplie. Collaborat­eur de Big Bike dès les premières pages du magazine, début 2000, Stef a été le témoin privilégié (parfois même à corps défendant!) de

l’ascension du MTB Gravity. Depuis l’époque street et freeride old school jusqu’à l’éclosion du slopestyle, en passant par la Rampage ou les Nine Knights, « La Croute » en a vu (et fait voir) de toutes les couleurs, sous toutes les formes. Il était donc bien naturel que l’on attaque les hostilités du Photomaton sous les meilleurs hospices, en demandant à « L’ancien » (que de doux surnoms…) de dépoussiér­er un peu la commode pour en sortir ses 15 meilleurs négatifs. Vu le résultat, c’est peut être la meilleure idée qu’on a eue depuis trois mois. Bon, ok, six…

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 ??  ?? Bryan Regnier a été mon testeur d’images le plus disponible de la période 2013-2016… Bon, c’était à double sens, il a eu une quantité de parutions assez importante­s en contrepart­ie. J’essayais à cette époque de participer au concours Red Bull Illume, sans forcément voyager à l’autre bout de la planète pour trouver des paysages de dingue. J’avais cette idée de caméra embarquée sur un vélo ouvreur piloté par Maxime Mauvais et Bryan en arrière plan, avec des flashs dans tous les sens. Sur un des essais, je change accidentel­lement ma vitesse d’obturation, et elle descend beaucoup trop bas, créant cet effet de flou filé. Ce n’est qu’en rentrant que j’ai trouvé que cette image avait du potentiel. Si je n’ai pas fait grand-chose au concours, en revanche j’ai eu quelques double pages avec cette série d’images, notamment dans Bike US. Je n’ai pas appris de mon erreur, je l’ai utilisée !
Bryan Regnier - Avril 2013, près d’aix en Provence - Canon EOS 5DMKII - 15mm fish eye.
Bryan Regnier a été mon testeur d’images le plus disponible de la période 2013-2016… Bon, c’était à double sens, il a eu une quantité de parutions assez importante­s en contrepart­ie. J’essayais à cette époque de participer au concours Red Bull Illume, sans forcément voyager à l’autre bout de la planète pour trouver des paysages de dingue. J’avais cette idée de caméra embarquée sur un vélo ouvreur piloté par Maxime Mauvais et Bryan en arrière plan, avec des flashs dans tous les sens. Sur un des essais, je change accidentel­lement ma vitesse d’obturation, et elle descend beaucoup trop bas, créant cet effet de flou filé. Ce n’est qu’en rentrant que j’ai trouvé que cette image avait du potentiel. Si je n’ai pas fait grand-chose au concours, en revanche j’ai eu quelques double pages avec cette série d’images, notamment dans Bike US. Je n’ai pas appris de mon erreur, je l’ai utilisée ! Bryan Regnier - Avril 2013, près d’aix en Provence - Canon EOS 5DMKII - 15mm fish eye.
 ??  ?? Gaetan Dupin - Octobre 2018, Luberon - Canon EOS 1DXMKII 24-70mm. Souvent, on avale des milliers de kilomètres, on prend des avions et on rêve d’ailleurs, alors que cet ailleurs se trouve sur la colline d’à côté… Encore faut-il avoir quelqu’un qui vous guide, qui vous fait découvrir ce qui est sous votre nez. Bon, j’ai de la chance, ça fait 17 ans que je suis confiné dans le Luberon, et au final je garde ce petit havre de paix pour moi, entre la saison de la chasse et celle des incendies de forêt… De temps en temps je sors mon gun perso, le modèle avec carte mémoire ou pellicule, et je fais quelques images. Merci à Gaetan Dupin, ici sur la photo, pour cette balade dans les ocres, à la maison.
Gaetan Dupin - Octobre 2018, Luberon - Canon EOS 1DXMKII 24-70mm. Souvent, on avale des milliers de kilomètres, on prend des avions et on rêve d’ailleurs, alors que cet ailleurs se trouve sur la colline d’à côté… Encore faut-il avoir quelqu’un qui vous guide, qui vous fait découvrir ce qui est sous votre nez. Bon, j’ai de la chance, ça fait 17 ans que je suis confiné dans le Luberon, et au final je garde ce petit havre de paix pour moi, entre la saison de la chasse et celle des incendies de forêt… De temps en temps je sors mon gun perso, le modèle avec carte mémoire ou pellicule, et je fais quelques images. Merci à Gaetan Dupin, ici sur la photo, pour cette balade dans les ocres, à la maison.
 ??  ?? J’ai eu la chance de souvent participer au Nine Knights, hiver ou été. Prenez une sélection de riders top niveau, créez un tas de modules bien énormes, ajoutez des caméras et des appareils photo, laissez mijoter 3 ou 4 jours et c’est prêt. Cette année là, on fonctionna­it par team de riders, avec un caméraman, Hadrien Picard, et un photograph­e, ben moi, quoi… En tournant sur le bike park de Livigno, on a trouvé ces anciens wall rides et je rêvais de faire cette image en vitesse lente, ou le rider apparait entre les fentes des planches. C’est assez magique comme effet, comme un découpage temporel recollé en deux dimensions. Bon, il a fallu pas mal d’essais pour y arriver, mais rien qui ne fasse peur à notre Pierre Edouard Ferry national.
Pierre Edouard Ferry - Juin 2014, Livigno, Italie - Canon EOS 1Dx - 16-35mm.
J’ai eu la chance de souvent participer au Nine Knights, hiver ou été. Prenez une sélection de riders top niveau, créez un tas de modules bien énormes, ajoutez des caméras et des appareils photo, laissez mijoter 3 ou 4 jours et c’est prêt. Cette année là, on fonctionna­it par team de riders, avec un caméraman, Hadrien Picard, et un photograph­e, ben moi, quoi… En tournant sur le bike park de Livigno, on a trouvé ces anciens wall rides et je rêvais de faire cette image en vitesse lente, ou le rider apparait entre les fentes des planches. C’est assez magique comme effet, comme un découpage temporel recollé en deux dimensions. Bon, il a fallu pas mal d’essais pour y arriver, mais rien qui ne fasse peur à notre Pierre Edouard Ferry national. Pierre Edouard Ferry - Juin 2014, Livigno, Italie - Canon EOS 1Dx - 16-35mm.
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 ??  ?? Parce que je suis devenu un de ces vieux cons qui aiment bien avoir quelque chose à manger dans leurs placards, je shoote plus pour les marques que pour la presse, maintenant. Et souvent les spots sur les shoots marques ne sont pas très favorables à de la grosse action, ou alors le timing est trop court, la lumière n’est pas terrible, bref tout un tas d’excuses pour me plaindre. Sinon, je ne mériterais pas mon passeport français. Mais ce jour la, j’ai réussi à trouver un peu d’ordre dans le chaos de la nature, et sortir cette image bien graphique, en m’allongeant tel la limande au ras du sol, quitte à creuser un peu. Il fallait bien ça pour capturer le toujours très esthétique PEF, alias Pierre-edouard Ferry, dont la position sur le vélo est à inscrire dans les manuels.
Pierre Edouard Ferry - Octobre 2018, Les terres grises - Sony A7RIII - 50mm.
Parce que je suis devenu un de ces vieux cons qui aiment bien avoir quelque chose à manger dans leurs placards, je shoote plus pour les marques que pour la presse, maintenant. Et souvent les spots sur les shoots marques ne sont pas très favorables à de la grosse action, ou alors le timing est trop court, la lumière n’est pas terrible, bref tout un tas d’excuses pour me plaindre. Sinon, je ne mériterais pas mon passeport français. Mais ce jour la, j’ai réussi à trouver un peu d’ordre dans le chaos de la nature, et sortir cette image bien graphique, en m’allongeant tel la limande au ras du sol, quitte à creuser un peu. Il fallait bien ça pour capturer le toujours très esthétique PEF, alias Pierre-edouard Ferry, dont la position sur le vélo est à inscrire dans les manuels. Pierre Edouard Ferry - Octobre 2018, Les terres grises - Sony A7RIII - 50mm.
 ??  ?? J’avais toujours envisagé d’aller shooter dans les terres noires sur les hauteurs de Digne, jusqu’à ce qu’une propositio­n bassement financière me décide totalement. Donc je me fais embarquer par Cédric Carrez et la marque Racer, pour shooter le trio Morgane Such, Gaetan Dupin et Cédric. Cette fameuse crête qu’on retrouve dans beaucoup d’images de l’enduro des terres noires, je l’avais enfin devant mes yeux, après 30 mn de 4x4 sur une piste défoncée pour rejoindre le spot avec tous le matos. D’ailleurs si le ou la rider.euse qui en a profité pour renverser sa tartelette à la framboise sur les sièges arrières de mon Land Rover veut bien se dénoncer, je promets d’être indulgent. Et de ne lui en vouloir que sur les cinq prochaines génération­s. Au bout de quelques aller-retours, j’avais ma série d’images, même si je leur ai fait croire le contraire pour les voir s’épuiser dans la cote finale. Histoire de rigoler un peu… Et de me venger de cette tartelette ! En tout cas, un shoot qui m’a confirmé que si on veut trouver des paysages type Utah en France, il suffit d’explorer le 04…
Morgane Such, Gaetan Dupin et Cédric Carrez - Septembre 2015, Terres Noires - Canon EOS 1Dx - 16-35mm.
J’avais toujours envisagé d’aller shooter dans les terres noires sur les hauteurs de Digne, jusqu’à ce qu’une propositio­n bassement financière me décide totalement. Donc je me fais embarquer par Cédric Carrez et la marque Racer, pour shooter le trio Morgane Such, Gaetan Dupin et Cédric. Cette fameuse crête qu’on retrouve dans beaucoup d’images de l’enduro des terres noires, je l’avais enfin devant mes yeux, après 30 mn de 4x4 sur une piste défoncée pour rejoindre le spot avec tous le matos. D’ailleurs si le ou la rider.euse qui en a profité pour renverser sa tartelette à la framboise sur les sièges arrières de mon Land Rover veut bien se dénoncer, je promets d’être indulgent. Et de ne lui en vouloir que sur les cinq prochaines génération­s. Au bout de quelques aller-retours, j’avais ma série d’images, même si je leur ai fait croire le contraire pour les voir s’épuiser dans la cote finale. Histoire de rigoler un peu… Et de me venger de cette tartelette ! En tout cas, un shoot qui m’a confirmé que si on veut trouver des paysages type Utah en France, il suffit d’explorer le 04… Morgane Such, Gaetan Dupin et Cédric Carrez - Septembre 2015, Terres Noires - Canon EOS 1Dx - 16-35mm.
 ??  ?? Sur cette balade locale, on avait avec nous une championne qui ne savait pas encore qu’elle allait exploser tous les compteurs des Enduro World Series en 2019, avec autant de victoires que d’épreuves. C’était une journée gentille sur des singles bien trop paisibles où je pense qu’elle aurait pu s’endormir 10 fois. Mais non, la hargne et la déterminat­ion jusqu’au bout, une attitude bien guerrière sur le vélo, un bonheur pour un photograph­e.
Isabeau Courdurier, Octobre 2018, Luberon Canon EOS 1DXMKII - 70-200mm.
Sur cette balade locale, on avait avec nous une championne qui ne savait pas encore qu’elle allait exploser tous les compteurs des Enduro World Series en 2019, avec autant de victoires que d’épreuves. C’était une journée gentille sur des singles bien trop paisibles où je pense qu’elle aurait pu s’endormir 10 fois. Mais non, la hargne et la déterminat­ion jusqu’au bout, une attitude bien guerrière sur le vélo, un bonheur pour un photograph­e. Isabeau Courdurier, Octobre 2018, Luberon Canon EOS 1DXMKII - 70-200mm.
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 ??  ?? Sur cette même édition du Nine Knights, le team avait décidé de s’évader des modules proposées pour éviter de tourner en boucle sur les mêmes angles de prise de vue. Il y a ce lac à la sortie de Livigno, je ne sais pas pourquoi on s’y est retrouvé. Il offre peu de possibilit­és de faire quoi que ce soit, et, à part déployer une énergie folle comme le team de Markus Greber, nous n’avions plus le temps de trouver un sentier dominant le lac pour une image d’ensemble. C’était sans compter sur Antoine Bizet, qui a soudain repéré un petit kicker, placé à cet endroit, on ne sait toujours pas pourquoi. Tout juste le temps de se mettre en position, et voila qu’il lance un mini flip avec réception parfaite. C’était sans compter sur un caillou débile qui le dévie peu après et une petite chute sans gravité, mis à part un doigt totalement démis, qui a fait l’objet d’une séquence bien gore dans la vidéo d’hadrien. Une de mes rares images au tilt-shift qui résiste à l’épreuve du temps, à mon très humble avis. Un coté ridiculeme­nt incompréhe­nsible assez sympa.
Antoine Bizet - Juin 2014, Livigno, Italie - Canon EOS 1Dx - 24mm Tilt-shift.
Sur cette même édition du Nine Knights, le team avait décidé de s’évader des modules proposées pour éviter de tourner en boucle sur les mêmes angles de prise de vue. Il y a ce lac à la sortie de Livigno, je ne sais pas pourquoi on s’y est retrouvé. Il offre peu de possibilit­és de faire quoi que ce soit, et, à part déployer une énergie folle comme le team de Markus Greber, nous n’avions plus le temps de trouver un sentier dominant le lac pour une image d’ensemble. C’était sans compter sur Antoine Bizet, qui a soudain repéré un petit kicker, placé à cet endroit, on ne sait toujours pas pourquoi. Tout juste le temps de se mettre en position, et voila qu’il lance un mini flip avec réception parfaite. C’était sans compter sur un caillou débile qui le dévie peu après et une petite chute sans gravité, mis à part un doigt totalement démis, qui a fait l’objet d’une séquence bien gore dans la vidéo d’hadrien. Une de mes rares images au tilt-shift qui résiste à l’épreuve du temps, à mon très humble avis. Un coté ridiculeme­nt incompréhe­nsible assez sympa. Antoine Bizet - Juin 2014, Livigno, Italie - Canon EOS 1Dx - 24mm Tilt-shift.

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