TRANSITION SCOUT GX
Transition possède une très belle gamme de bikes dont les Patrol, Sentinel et Smuggler, qui ont participé au numéro Spécial Test. Revu en profondeur en 2020, le Scout était jusqu’ici passé entre les mailles du filet. C’est un 27.5’’ polyvalent au cadre full carbon doté de 150 mm de débattement avant, de 140 mm derrière et d’une géométrie alléchante. > SUR LE PAPIER
Le précédent Scout offrait 130 mm de débattement, avec un programme plutôt typé Trail Bike. Désormais boosté à 140 mm, le bike affirme plus clairement une orientation typée montagne. Transition a pour habitude de concevoir des vélos au caractère marqué, davantage axés sur le plaisir de pilotage que sur la performance pure. Et vue la géométrie annoncée, ce nouveau Scout ne semble pas déroger à la règle : il est plus long et plus bas que la version précédente et a de quoi faire pâlir plus d’un vélo d’enduro avec ses 64° d’angle de chasse. Avec en prime un boîtier de pédalier très bas (337 mm), un empattement conséquent (1217 mm) et des bases assez courtes (430 mm), on sent immédiatement que le comportement en descente a présidé à la conception du vélo. Néanmoins, l’angle de selle assez redressé prouve tout de même que les ingénieurs ont pensé au pédalage, notamment quand ça grimpe pour accéder au sommet des spots. Le nouveau Scout ne se contente pas d’un rab de débattement, son cadre a été aussi été sérieusement remanié. Le châssis en carbone adopte des sections plus imposantes et plus anguleuses afin d’optimiser la rigidité (les tubes de sections rondes ou ovales laissent placent à des tubes de sections hexagonales). Le triangle arrière n’est pas en reste, tout comme la biellette qui passe en carbone également. L’ensemble bases/haubans accepte des pneus jusqu’à 2.6’’ de section. Les ancrages d’amortisseur changent aussi, le Scout adopte un montage Trunion qui permet de monter des amortisseurs dotés de plus de course tout en conservant un entraxe réduit. La cinématique fait toujours appel à un système de type Horstlink avec l’amortisseur placé à la verticale devant le tube de selle. Le ratio en fin de course augmente afin de rendre possible l’utilisation d’un amortisseur à ressort hélicoïdal, encore une preuve que le bike a avant tout été conçu comme une machine à dévaler les pentes. L’amortisseur de 205 mm d’entraxe en 57.5 mm de course offre 140 mm de débattement à la roue arrière mais dans cet entraxe il est
aussi disponible en 62.5 mm et le débattement passe alors à 150 mm. Nous n’avons pas testé cette option, mais à SAG équivalent le bike se retrouve encore plus bas et vu que le boîtier est déjà bien près du sol, on se demande si cette configuration est vraiment raisonnable en usage montagne. Toutes les articulations sont montées en chape sur de bons roulements, gage de fiabilité. Le bike est hyper sloping et n’offre que 390 mm de tube de selle, une valeur que l’on trouve plutôt en taille S chez la concurrence. Fort heureusement, Transition livre le vélo avec une tige de selle de 180 mm de course, ce qui permet de bénéficier d’une hauteur de selle largement suffisante sans avoir de problème une fois en descente. Le bike est prévu pour de longues insertions de tige de selle, parfait pour mon mètre soixante-quinze. Les zones exposées sont assez bien protégées, comme la base et l’extrémité du hauban côté transmission pour éviter les bruits de chaine. Au niveau des détails pratiques, on note les tubes prévus pour guider le passage des gaines en interne dans le cadre et les bases, vraiment pratique pour la maintenance. Seule la durite de freins arrière reste en externe, ce qui évite une purge à ceux qui achètent le kit cadre. Notez également la que le Scout est disponible en cinq tailles, de XS à XL, de quoi satisfaire tous les riders.
> EQUIPEMENT
Le Transition Scout est décliné en trois montages. Le X01 suspendu par des éléments Fox, le GX et le NX suspendus par Rock Shox. C’est la version GX que nous avons testée ici, qui possède la transmission éponyme. Cette dernière est plateau de 32 dents, ça passe mais on se contenterait sans problème d’un 30 dents : notre chaine n’a jamais rencontré le pignon de 10 alors qu’elle a souvent entraîné le 50 ! Sram gère le freinage également, avec des Code RSC et des disques de 180 mm de diamètre suffisants pour le programme du vélo. Côté suspensions, on trouve une fourche Rock Shox Lyrik Ultimate réglable en détente et compression haute et basse vitesse. A l’arrière, c’est un Super Deluxe Ultimate qui a été choisi, réglable en détente et en compression quant à lui. Les roues sont des Stan’s Flow S1 Team. Elles sont montées avec une paire de pneus Maxxis, un excellent Assegai en 2.5’’ WT en carcasse EXO+ devant, et un Minion DHR II en 2.4’’ dans la même carcasse derrière. Un bon choix pour le programme, qui fait la part belle à l’accroche devant et à un bon compromis adhérence/rendement à l’arrière. Le Scout est équipé d’une tige de selle télescopique Oneup à la course impressionnante de 180 mm. C’est génial dans les descentes très raides, mais plus question de relancer assis avec la selle tout en bas, les jambes sont trop pliées. Transition adapte la course de la tige de selle à la taille de ses cadres, ça va de 120 mm sur les tailles XS à 210 mm sur les XL. Globalement, on a ici un montage plutôt gaillard au regard du débattement du vélo, qui respire la fiabilité, mais qui pénalise un peu le Scout en terme de ratio poids/débattement.
> SUR LE TERRAIN
Le Transition offre une position moderne et homogène, on est aussi bien installé pour piloter en descente que pour pédaler en bosse. La potence est très courte (40 mm) et reçoit un guidon très large et bien dessiné (800 mm). Le tube de selle est assez redressé et avec le top tube généreux on est allongé juste ce qu’il faut pour ça reste polyvalent. On trouve immédiatement ses marques. Pour la prise en main et les réglages du bike, nous avons mis le cap sur une petite descente courte mais technique et intense. Elle est très sinueuse, avec beaucoup de virages en dévers sans le moindre appui, mais peu cassante. Et c’est typiquement le type de trail que le bike affectionne. Après un run d’échauffement on comprend vite le mode d’emploi du Scout. C’est un bike qui se pilote à l’attaque, en engageant en courbe et en poussant bien sur les appuis. On a bouclé plusieurs tours sur cette descente dont l’accès se fait sur une piste très raide. Le vélo ne fait pas hyper forte impression en termes de rendement mais il motrice bien, ne cabre pas et se laisse emmener dans un relatif confort au sommet de la bosse. C’est un bon premier contact, qui laisse entrevoir le caractère joueur de la machine. Le test se poursuit sur des trails propres, mais cette fois sur des descentes beaucoup plus longues. Au programme : épingles serrées et longues courbes rapides le long des talwegs. Là encore le Scout se montre extra. Hyper stable à haute vitesse, il met vraiment en confiance quand il faut lâcher les freins. Il s’inscrit parfaitement en entrée des longues courbes et s’avère ultra précis sur les appuis. Les suspensions sont assez fermes, il n’y a pas de gros mouvements de suspension et le bike conserve une vitesse extra avec des appuis sûrs. Au freinage, la stabilité est toujours au rendez-vous, l’arrière mord bien dans le sol et le bike est là aussi très efficace. Virer dans les épingles fermées est un jeu d’enfant à son guidon, notamment quand on peut lancer des appels/contre appels, où la vivacité du bike fait des ravages.
Puis vient le temps de passer sur des trails plus raides et plus engagés. C’est parti pour une boucle où l’on enchaîne une descente très raide, où l’on gère la vitesse en freinant plus ou moins (sans aucune relance) puis une seconde moins raide mais un peu plus cassante, avec quelques
beaux sauts et de beaux virages en appuis. Sur la première, le bike est une fois de plus royal, c’est une arme dans la pente. Ultra stable et super bien posé sur ses appuis, il permet de freiner fort et tard ; l’arrière reste bien posé, c’est un vélo des plus sécurisants dans le raide. Ici, son faible débattement est un allié : la fourche ne plonge pas beaucoup, le bike conserve une super assiette et ça envoie à son guidon. L’avant se place au millimètre et l’arrière se balance hyper facilement d’un côté ou de l’autre au gré des virages. Le Scout reste enthousiasmant dans la deuxième descente, où il conserve énormément de vitesse dans les virages en appuis. Il ne se tasse pas et reste super dynamique. Même constat sur les impulsions de sauts : le Transition est vif, ressort super bien des appels et reste bien rigoureux en réception. On consomme tout le débattement sur les grosses réceptions mais sans sentir de talonnage violent. On a presque l’impression de piloter un 4X ! Vraiment amusant. Le bas de la descente est super rapide et emprunte un lit de ru asséché, bien fourni en pierres. Ici la stabilité n’est jamais mise à mal mais le confort n’est pas exceptionnel : certains de ses rivaux dotés d’un débattement similaire font nettement mieux à ce jeu. Le Scout reste sain et rigoureux, il conserve toujours énormément de vitesse, mais il brasse bien le pilote et ça le rend un peu exigeant à piloter. Le châssis semble vraiment très rigide et avec une fourche qui manque d’un peu de progressivité ça se paye cash. La première partie assez souple est vite consommée et on vient rapidement buter sur une fin de course très dure sans transition. Probablement que la version haut de gamme équipée d’éléments Fox est un chouïa moins exigeante sur ce point. Pour vérifier ces sensations, on a emmené le bike sur un spot où l’on peut combiner plusieurs descentes très différentes les unes des autres. Idem pour les accès, tantôt des sentiers techniques, tantôt des pistes plus ou moins raides. Ce run nous a permis de conforter toutes nos sensations. Primo le rendement est grandement perfectible dans ce registre de débattement. Le bike s’emmène bien au train mais pas question de claquer des chronos à son guidon. Au pédalage on est davantage dans le registre de l’enduro (et pas les meilleurs) que dans celui des trails ou des all-mountain. En revanche, en montée technique le bike est nickel. Maniable, il se faufile super bien dans les épingles grâce notamment à un arrière bien court. La motricité est bonne si on laisse l’amortisseur ouvert car la position pédalage est bien trop dure pour être utilisée en tout terrain. La motricité dans les racines en pâtit et le bike perd même en rendement. Il a tendance à buter dans les racines et à perdre de la vitesse. Donc autant laisser tout ouvert, d’autant qu’assis la suspension ne moufte pas au pédalage. En descente, les excellentes impressions se confirment dans le très raide. On a même amélioré notre chrono sur la plus raide de nos pistes au guidon du Scout. Avec son angle de chasse hyper ouvert, son boîtier de pédalier très bas et sa vivacité autour des arbres, ce bike est un pur outil pour les trails propres qui engagent dans la pente. C’est aussi un régal sur les sauts, via une grosse impulsion et surtout une super agilité en l’air. Vraiment amusant. En revanche, sur les pistes les plus fournies en racines ça se corse, le bike devient vraiment très exigeant techniquement avec son châssis ultra rigide. Autant on l’adore dans les virages en appuis où il s’avère hyper précis et d’une vivacité sans faille, autant il peut devenir compliqué dans les virages à plat truffés de racines. Il peut aussi zipper assez sèchement par manque de tolérance. Idem dans les virages fuyants, poussiéreux ou un peu gras. Sa grande rigidité demande un bon touché de terrain. Les pilotes très techniques sauront exploiter cette spécificité mais ça reste potentiellement difficile pour le commun des mortels. Là encore ses rivaux directs sont plus tolérants.