Big Bike Magazine

CHAMROUSSE, les Seiglieres BIENVENUE AU PAYS DES MERVEILLES

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Depuis que les vélos ont des crampons, il y a des chemins roulés autour des Seiglières, le long de la route d'accès à Chamrousse, au-dessus de Grenoble. Ces chemins ont presque toujours suivi une tendance ludique, descendant­e et bondissant­e, qui a forgé un paquet de talents locaux. Une nouvelle vague s'affirme depuis quelques saisons, avec d'anciennes traces mises à jour et d'autres qui fleurissen­t au fil des coups de pioches et des ponçages qui s'ensuivent.

Les pentes de Chamrousse sont situées sur Belledonne, un des trois massifs majeurs qui donnent directemen­t sur Grenoble, avec le Vercors et la Chartreuse. La route qui mène à la station est un accès privilégié pour tous ceux qui veulent s'enfuir dans la montagne à pieds, ski, pa-rapente ou, bien sûr, en vélo. Un bike park est aménagé dans la station même, avec des pistes vertes à noires, notoiremen­t caillouteu­ses comme l'impose le terrain d'al-titude, mais qui méritent le détour à la fois pour rouler et pour profiter de la vue toujours incroyable sur la vallée. Mais notre sujet n'est pas là, car à l'instar de trop de sta-tions commercial­es, Chamrousse n'ouvre ses pistes qu'à la belle saison, ce qui est bien insuffisan­t pour tous les affamés qui veulent rouler toute l'année comme vous et moi.

LA FORET MAGIQUE

Le bonheur se trouve donc un peu plus bas, dans les fo-rêts bordant la route, qui abritent des pistes plus ou moins naturelles, plus ou moins sauvages, tracées sans conces-sion par des pilotes désirant un terrain de jeu à leur me-sure. Les premiers aménagemen­ts vraiment orientés DH datent du début des années 2000 (avec la piste connue comme la Classique) et ont connu une nouvelle efferves-cence dans les années 2010 via la création de ce qui reste la World Cup. Celle-ci a souvent été modifiée, no-tamment à cause des aléas inhérents aux travaux en fo-rêts (coupes, débardage etc). Certaines pistes sont fa-ciles, d'autres sont franchemen­t tendues, il se murmure d'ailleurs que la World Cup n'usurpe pas son nom, on vous aura prévenu. L'altitude modeste (1500 mètres en-viron au point le plus haut) et le couvert forestier per-mettent de rouler à peu près toute l'année, notamment assez tard à l'automne et assez tôt au printemps. Et puis les locaux s'accordent à dire que c'est quand elles sont grasses que ces traces sont les meilleures, enfin il y a quelques racines traîtresse­s tout de même, et si certains vous assurent « qu'elles sont toujours faciles à survoler », chacun se fera son avis. Le renouveau actuel doit beau-coup à un gars bien motivé, aussi efficace avec une pioche et un râteau que guidon en main. Baptiste Gaillot est moniteur de ski l'hiver, entraîneur au ski club local, compétiteu­r enduro en coupe de France et en EWS l'été. S'il a appris à rouler du côté de Chamrousse, sous la houlette des leaders des années 2000, maintenant c'est plutôt lui qui donne les leçons et motive les visiteurs. Il a récemment monté Bat'shuttle, un service de navette qui fonctionne à la demande, tous les jars s'il le faut tant que la remorque est pleine. Les rotatiois sont hyper effi-caces et chaque montée vous offre en outre la possibilit­é de profiter de conseils en première main pour pimenter votre descente. Il vous pose pile au départ de chaque piste pour vous éviter de chercher, et vous attend comme par magie au parking du bas où il arrive avant vous. Il faudra sans doute lui demander de ralentir un petit peu si vous espérez souffler un moment, sinon votre journée sera plus qu'intense. C'est sans aucun doute le meilleur moyen de découvrir le secteur et toutes ses subtilités, même si bien entendu toutes ces pistes sont en accès libre à la pédale.

LE PROGRAMME DES FESTIVITÉS

Les départs de pistes sont tous dans les talus le long de la route, parfois derrière la glissière de sécurité, généraleme­nt pas trop loin d’un petit parking, mais il faut avoir l’oeil averti pour les trouver la première fois. Quoi qu’il en soit, rouler avec un local, en navette ou non, est vivement conseillé pour votre première visite. La Petit Faon et la Foaaack se trouvent un peu en contrebas du virage de Casserouss­e, elles sont les plus accessible­s, intéressan­tes pour tous niveaux et tous styles. Elles virevolten­t entre les sapins sur une terre douce, sur 380 mètres de dénivelée pour la première, avec surtout du flow et des petits mouvements de terrain ludiques. La seconde fait 300 mètres de dénivelée et se la joue deux salles deux ambiances : de la vitesse dans un terrain pas trop raide sur le haut, avec de bons appuis dans des virages relevés, puis une seconde moitié plus technique, qui apporte son lot de racines et de lignes plus fines. Ces deux traces ne sont pas que des pistes de chauffe et même les meilleurs pilotes y trouveront du plaisir, mais les pistes suivantes apportent un peu plus de challenge. La Batouride est la plus courte de toutes, avec 250 mètres de dénivelée, mais d’après Baptiste c’est peut-être la meilleure du lot : très typée DH, avec du rythme et de la pente, elle peut se rouler sans avoir besoin de mettre un coup de pédale. Attention, vous n’aurez aucun répit non plus, c’est une piste parfaite pour enchaîner des chronos si vous voulez vous entraîner à chasser le millième de seconde. La Mange tes morts, dans le même secteur, est plus joueuse et originale, c’est la dernière née alors elle a voulu se démarquer un petit peu. La trace va chercher les mouvements de terrain, parfois profonds, les souches, ruptures de pente et autres rochers en guise de kickers. Elle est plus joueuse que difficile, mais essayer d’y rouler vite demande un bon moral et un engagement certain. En cherchant au bord de la route entre Casserouss­e et Recoin, on trouve les traces les plus longues. La Classique, qu’il est toujours bon de revisiter, ou la célèbre Fente, jouissive sur 570 mètres de dénivelée. L’entrée se trouve un peu après l’aire de chaînage, dans un talus où le commun des mortels n’imagine pas qu’on puisse passer en vélo, d’ailleurs les premières longueurs mettent bien dans l’ambiance raide. Très freeride, elle joue dans une pente assez raide avec un mono-trace un peu finaud, des ornières et des appuis qu’il ne faut pas rater. Les habitués y placent des sauts improbable­s à l’oeil du nouveau venu, il ne faut donc pas hésiter à la refaire plusieurs fois pour en tirer la quintessen­ce. Il est possible de ne faire que sa partie basse, un peu plus soft, lorsqu’elle passe au ras de la route au niveau de la grosse épingle à l’altitude 1290m. Il y a ensuite deux options, soit pédaler cinq minutes à plat pour rejoindre les

ENFIN, IL NE FAUT PAS RATER LA MAÎTRESSE DES LIEUX, LA FAMEUSE WORLD CUP. OU DU MOINS, IL NE FAUT PAS S’Y RATER.

Seiglières et recommence­r, soit enchaîner sur Little Scotland, qui traverse des alignement­s de sapins dans des dévers joueurs et rejoint la route un peu plus bas, une option à préférer logiquemen­t quand la navette vous y attend. Enfin, il ne faut pas rater la maîtresse des lieux, la fameuse World Cup. Ou du moins, il ne faut pas s’y rater... En enjambant la glissière de sécurité, on comprend vite qu’il y a de la pente, et pas qu’un peu. Baptiste luimême admet qu’il se sort dans le premier virage une fois sur deux quand c’est mouillé, on préférera donc la découvrir sur le sec. On ne sait pas trop si ce sont les freins ou le grip qui sont le plus sollicités, sans doute un peu les deux en fonction du niveau du pilote. C’est raide, engagé, il y a souvent une bonne marche en pleine pente à l’endroit où vous espériez reprendre votre souffle et les appuis sont confortabl­es mais sans plus. Précision et engagement impératifs, mais si vous avez le niveau c’est tout au plaisir, avec de bons sauts, de grosses doubles, deux road gaps… La partie finale, moins raide, permet de lâcher les freins plus sereinemen­t dans des trajectoir­es plus tendues et des rebonds entre racines et mouvements de terrain, dans une ambiance plus détendue complément­aire à la partie haute. C’est en tout cas la piste parfaite pour les très forts pilotes à l’entraîneme­nt, ou pour se mettre un bon petit défi entre potes protégés et motivés, sachant que même s’il y a de la pente on peut se sortir à peu près partout sans trop de frais : le sol souvent moussu et herbeux est largement majoritair­e et assez confortabl­e pour réceptionn­er les chutes (à condition d’éviter les arbres).

QUAND Y’EN N’A PLUS, Y’EN A ENCORE !

À ce tableau déjà parfait, il faut encore ajouter que le lieu de ralliement principal, aux Seiglières, est le parking d’une auberge où il fait bon manger un morceau ou descendre des tartines de houblon pour fêter la fin d’une session forcément mémorable. Ce parking est en outre un espace parfait pour poser votre paddock du jour, réparer les avaries accumulées au fil des runs ou manger une caisse de Pom’potes avant d’attaquer une énième remontée à la pédale. Celles ci se font bien par la route, dans une pente assez faible, mais c’est long… Comptez une petite demi-heure pour remonter du parking jusqu’aux premières traces à la force du mollet. Pour ceux qui choisissen­t de monter en bus (ligne Trans-isère 6010), il est encore possible de rejoindre la vallée et la ville par de nombreux sentiers, et par gravité au moins jusqu’à Uriage. Une trace part sur le parking opposé à celui de l’auberge et offre de très belles sections, bien variées, entre sous bois, rochers et sapinière avec un grip de débile sur le bas. Le long faux plat de la combe d’uriage a plus tendance à fumer les cuisses qu’à permettre de délayer en fin de journée, mais bon, ça descend donc c’est un moindre mal ! Ces pentes des Seiglières sont donc en train de (re)devenir un des spots majeurs de la cuvette grenoblois­e, autant en enduro qu’en DH, tout comme St Nizier ou Serlin qui sont presque visibles sur les versants d’en face. Les hivers plus chauds vont laisser encore plus de place pour rouler, l’avenir appartient sans aucun doute aux pneus à gros crampons.

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 ??  ?? Les 5 lascars du e*thirteen Urge bp enduro team, dont Baptiste fait partie, ne sont jamais les derniers à venir valider les nouveautés sur le terrain de jeu des Seiglières.
Les 5 lascars du e*thirteen Urge bp enduro team, dont Baptiste fait partie, ne sont jamais les derniers à venir valider les nouveautés sur le terrain de jeu des Seiglières.
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Théo, Ulysse, Clément, Maxime et Baptiste, dans une des sections ouvertes de la World Cup, bien plus raide qu’elle n’en a l’air...

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