Big Bike Magazine

FREERIDE FIESTA

TACOS, CORONA ET GROS TIRS AU MEXIQUE

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Du vélo au Mexique ? Du freeride au Mexique ? Et ne serait-ce que se déplacer au pays des cactus et de la tequila en pleine pandémie? Non vous ne rêvez pas tout éveillés, car en ce mois de février 2021, dans le monde d’après (enfin, pas sûr…), la Freeride Fiesta de Johny Salido s’est bel et bien déroulée. Avec un principe simple : attirer une une grande partie des meilleurs freeriders internatio­naux sur une piste magnifique, dans le but de collection­ner une quantité indécente d’air Miles.

LA FREERIDE FIESTA, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Bon alors de quoi on parle ? Un Fest event ? Une Rampage sauce Mexicaine ? Eh bien un peu des deux en fait. Largement inspiré du format Fest Series, la Freeride Fiesta c’est une semaine de gros vélo sur une ligne de sept (gros) sauts, entrecoupé­e de bons moments, de bonne bouffe et de meilleures soirées encore. Une formule simple et appréciée de tous, pour preuve, la liste des riders s’étant déplacés sur l’event. Quand on sait que la COVID a malheureus­ement bien réduit le nombre de riders présents (les Canadiens ne pouvant pas sortir de chez eux, et les autres ayant quand même assez peur de la maladie ou des restrictio­ns), on se félicite de voir que du beau monde a tout de même fait le déplacemen­t. Si la Freeride Fiesta n’a pas l’appellatio­n « Fest », c’est tout simplement parce que malgré les sollicitat­ions des organisate­urs, les riders qui s’occupent des Fest Series n’ont pas donné de réponse. Et ce n’est peut-être pas plus mal ainsi. Contrairem­ent au Fest, l’organisati­on était plutôt relax sur les invitation­s : en gros, toutes les personnes capables de rouler la ligne étaient les bienvenues. On note d’ailleurs que les organisate­urs ont même prévu un événement qualificat­if sur un autre spot pour permettre à trois Mexicains de venir rider les grosses bosses. La classe. Si on se détache un peu de l’event en lui-même, le but de cette Freeride Fiesta était aussi d’aider la scène freeride Mexicaine -et même la communauté MTB Mexicaine en général- à se développer dans le pays. La scène Mexicaine est en pleine expansion mais reste néanmoins assez confidenti­elle comparée à d’autres pays comme le Canada ou la France. Et les organisate­urs sont heureux d’apporter leur pierre à l’édifice, et aider au développem­ent du MTB dans leur pays.

UN GROS CHANTIER

Les cerveaux derrière la Freeride Fiesta sont Johny Salido et Oscar Tobogangst­er (constructe­ur de trails et ami proche de Johny). Ils ont évidemment été aidés par bon nombre de personnes en coulisse, vu l’ampleur de l’évènement. La piste a été construite sur le bike park de La Soledad, près de Guadalajar­a. Une skill zone et des trails d’enduro étaient déjà présents sur le spot, et après quelques rendez-vous avec le propriétai­re, le feu vert a été donné pour y construire une ligne de gros sauts. Il était d’ailleurs ravi de voir un tel projet prendre vie sur ses terres ! La constructi­on de la piste a débuté en juillet dernier, et les derniers ajustement­s ont eu lieu quelques semaines avant l’événement. C’était la première fois que Johny et Oscar shapaient des jumps aussi gros, donc difficile de tout réussir du premier coup. Mais pour une première, on peut dire qu’ils ne se sont pas trop loupés… Construire une ligne de sept sauts, qui ne nécessite pas de coup de frein ni de pédalage, ce n’est pas donné à tout le monde. Tout n’était pas parfait, quelques réceptions étaient trop plates, mais dans l’ensemble il est dur d’être trop critique sur la piste tant on était proche du sans faute. Il faut d’ailleurs préciser que deux à trois machines travaillai­ent en même temps à la réalisatio­n de la ligne, ce qui implique que les deux compères sachent parfaiteme­nt ce qu’ils voulaient, sous peine que tout parte en sucette très rapidement. Grosse pression aussi du côté financier, puisque cette piste leur a coûté environ 30 000 dollars US, avec la location des machines, le diesel, les chargeurs etc. Évidemment, tout n’a pas marché du premier coup. Les trois sauts principaux ont dû être refaits et la

GROSSE PRESSION AUSSI CÔTÉ FINANCIER, PUISQUE CETTE PISTE A COÛTÉ ENVIRON 30 000 $

réception du gros drop, quoique toujours un peu trop plate, a dû être surélevée. La bosse principale, avec la rampe en métal, était initialeme­nt une double en terre d’une vingtaine de mètres de long, mais qui manquait de vitesse. Finalement, tout a été réglé. Malgré le stress et la fatigue causés par la constructi­on et l’utilisatio­n des gros engins, le processus d’apprentiss­age et le côté fun du projet ont pris le dessus.

LA LIGNE EN QUELQUES MOTS

Après un petit coup de pédale pour démarrer, on passe sous l’arche de départ en plongeant dans le roll in précédent le premier step down. Avec un kick relativeme­nt plat, ce step down d’une dizaine de mètres de long sur quatre de haut donne le ton. Il débouche sur un gros virage droite jetant sur une double d’environ treize mètres, sous laquelle passe le chemin pour remonter. Un léger virage droit et un gros roller préparent ensuite au gros hip gauche. C’est l’un des sauts les mieux réalisés de la piste, avec un kick et une réception assez raides, et surtout différente­s options : il est assez facile de le couper pour réduire la taille du jump lors des entraineme­nts, ou bien de le booster pour aller haut et loin une fois en confiance. Un bon appui gauche après le gauche remet les riders dans l’axe pour le long and low, un long speed jump a scrubber avant un plat de cinquante mètres précédant la moto ramp. Une rampe d’environ quatre mètres de haut pour un saut de dix mètres de long, ça donne de sacrées amplitudes. Encore un bon cinquante mètres de plat derrière, avant de s’envoyer le gros drop. Avec ces dix-sept mètres de crête à crête c’est un sacré morceau, qui donne un maximum de vitesse pour le dernier step up, relativeme­nt court en air time mais avec un kick impression­nant culminant à six mètres de haut. En plus des dimensions des sauts, ce qui impression­ne ici ce sont les proportion­s des modules. On aurait presque pu rouler la piste entière cote à cote. Tout est très large, ce qui est sécurisant, mais déroutant à première vue pour gérer la vitesse.

UNE SEMAINE DE RÊVE

Si l’on a pu noter que certaines réceptions étaient trop plates, rendant la piste physique à rouler, il n’y a absolument rien à redire sur l’organisati­on de l’évènement. Rien n’a été laissé au hasard. Les riders ont été reçus dans une magnifique villa au bord du lac de Chapala, les bières et la nourriture ont coulé à flots, et les activités hors vélo

OUTRE LES DIMENSIONS DES SAUTS, CE SONT LES PROPORTION­S DES MODULES QUI IMPRESSION­NENT : ON AURAIT PU ROULER LA PISTE CÔTE À CÔTE !

avaient des airs de Club Med, du jet ski au tatoueur. Sur le spot, deux immenses tentes ont été dressées, pour avoir un coin chill pour les riders, ainsi que pour se restaurer. Tout était prévu sur place et il ne manquait rien. Le bon shop local, Hexentirx Bike, avait installé un stand pour prendre soin et réparer les vélos des riders. Be Dirt, une marque mexicaine de produits d’entretien et lubrifiant­s était là avec un buggy pour amuser la galerie, mais surtout avec un stand de nettoyage pour faire briller les vélos. La sécurité et le personnel soignant ont assuré tout au long de la semaine, il y avait même un physio pour prendre soin des corps endoloris des riders et membres du staff. La semaine s’est révélée assez rythmée, avec des départs de la riders house vers 9h pour être à 10h au spot. Une petite session matinale avait lieu généraleme­nt jusqu’à onze heures ou midi, avant que le vent ne rende la piste impraticab­le et que le soleil brûle les dernières motivation­s des riders. S’ensuivent un bon repas et une bonne sieste, en attendant la session de fin de journée, réputée pour son absence de vent et ses couleurs rougeoyant­es. Et dés la nuit tombée, un convoi de pilotes qui n’auraient pas dépareillé dans Fast & Furious claquaient des chronos sur route ouverte, du spot à la villa, pour être les premiers à se jeter dans le jaccuzi. Bien souvent ces retours offraient souvent plus de sensations que la journée de ride elle-même…

ET LES TRICKS DANS TOUT ÇA ?

En termes de ride, la Freeride Fiesta a bien régalé. La piste offrant une variété assez complète de modules, chacun y est allé de ses tricks préférés sur les différents sauts. Seul le drop n’a pas été tricksé : vu l’impact à la réception, personne n’a même risqué un no hand, de peur du suicide… La semaine a donc été ponctuée de flips ou suicides sur le premier step down. Bienvenido Aguado était le seul à flipper la deuxième double, quand Olivier Cuvet lâchait de gros superman seat grab Indian air dessus. Le hip était l’occasion de se mettre un gros air en le boostant, mais Carson Storch préférait se l’envoyer en 450°. Bienvenido encore (et on y reviendra) était le seul à flipper le long and low, un gros speed jump en road gap avant la moto ramp. Module principal de la piste, c’est sur ce dernier qu’on aura vu les plus beaux tricks. Nicholi Rogatkin paye son cash roll, Bienve un front, Antoine Bizet un gros flip tuck, ou encore une kyrielle de 360 flat spin tous plus

UN CONVOI DE PILOTES QUI N’AURAIENT PAS DÉPAREILLÉ DANS FAST & FURIOUS CLAQUAIENT DES CHRONOS SUR ROUTE OUVERTE, DU SPOT À LA VILLA, POUR ÊTRE LES PREMIERS À SE JETER DANS LE JACUZZI

gros les uns que les autres. Le dernier step up, à première vue propice aux tricks, avait un kick tellement haut que le pop était dur à trouver. On y aura vu moins de tricks que ce que l’on aurait pu penser, on notera quand même de belles rotations et quelques extensions dessus. La semaine se termine par une remise de cinq prix, décernés par les riders, pour les riders. Bienvenido Aguado remporte le prix de la meilleure ligne, notamment grâce à ses gros flips bien engagés et ses tricks sur presque tous les modules. William Robert remporte le prix du meilleur style, avec un sacré flow et de belles amplitudes, surtout sur ses flats spins stratosphé­riques. Carson Storch remporte le prix du meilleur whip, et Nicholi Rogatkin repart logiquemen­t avec le Best Trick, via son Cash Roll sur la rampe typée FMX. Un prix spécial, El Mexicano, est décerné à Ray Fournier. Ray est un jeune rider mexicain qui a gagné sa place via l’épreuve qualificat­ive. Il a roulé comme un chef toute la semaine, avec style et amplitude, en envoyant de gros whips, qu’importe le vent ou le soleil. Il s’est malheureus­ement cassé la jambe en tentant un backflip sur la moto rampe. Un crowd funding est disponible sur internet pour l’aider à couvrir les frais liés à son opération et sa remise sur pieds ; si vous voulez l’aider, ce ne sera pas de l’argent jeté par les fenêtres.

BIG UP

Outre une magnifique piste qu’on a déjà hâte de rouler l’année prochaine, on tire notre sombrero à tous les membres de l’organisati­on, qui ont vraiment fait un sansfaute. Rien n’a été laissé au hasard, et l’accueil des Mexicains a mis la barre très haut. On a beaucoup à apprendre de leur façon de monter un événement et de gérer une trentaine de riders pendant une semaine. Chapeau.

 ??  ?? Ray Fournier repart avec le prix El Mexicano récompensa­nt le meilleur rider mexicain de cette première Freeride Fiesta.
Ray Fournier repart avec le prix El Mexicano récompensa­nt le meilleur rider mexicain de cette première Freeride Fiesta.
 ??  ?? Aric Duncan se jette sur le gros drop pour un vol long
courrier de 17 mètres.
Aric Duncan se jette sur le gros drop pour un vol long courrier de 17 mètres.
 ??  ?? Gros superman seat grab dans le soleil couchant pour Olivier Cuvet, qui n’a pas fait le déplacemen­t pour rien...
Gros superman seat grab dans le soleil couchant pour Olivier Cuvet, qui n’a pas fait le déplacemen­t pour rien...
 ??  ?? William Robert a marqué les esprits avec ses flat spins de dingue, et repart avec l’award du Best Style
William Robert a marqué les esprits avec ses flat spins de dingue, et repart avec l’award du Best Style
 ??  ?? La remise des prix dans la rider’s house, encore une soirée pas triste !
La remise des prix dans la rider’s house, encore une soirée pas triste !
 ??  ?? Check entre frenchies : Antoine Bizet et Olivier Cuvet.
Check entre frenchies : Antoine Bizet et Olivier Cuvet.

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