Big Bike Magazine

PHOTOMATON

- Thomas Genon, Salavas 2020 - Canon 5D MKIV + 100mm Macro

Au tour de JB Liautard de fouiller dans ses archives pour nous sortir un superbe portfolio commenté de 12 pages. Attention les yeux, ça claque !

JB est sans aucun doute le photograph­e qui fait le plus parler de lui avec le moins d’années de carrière derrière lui. Ultra-créatif, aussi maniaque pour réussir son cadre qu’inventif pour le façonner avec trois morceaux de bois et deux cailloux, il a gagné sa place parmi les tout meilleurs photograph­es MTB au monde en un temps record. Vainqueur d’une catégorie au Red Bull Illume, en place aux Audi Nines comme chez les riders Commençal (pour lesquels il a signé un nombre record de petits chefs d’oeuvre), celui qui a découvert la photo dans le bac à sable de Mours n’a pas fini de faire tourner les lentilles. Et s’il a raclé quelques fonds de tiroir pour nous, il en reste encore une sacré pelletée à publier !

Cela fait maintenant sept ans que j’ai découvert la photo et cinq ans que faire des images est devenu mon boulot. Au rythme de plusieurs dizaines de milliers de photos par an, en sélectionn­er une quinzaine était un genre de mauvaise blague… Le VTT, aux premiers abords, peut sembler n’être qu’un sport mécanique un peu beauf. Mais lorsque l’on regarde un peu plus loin, c’est bien plus que cela. Au-delà du marketing dégoulinan­t et des clips Instagram se cache une culture, des voyages, des personnali­tés, des performanc­es, un art en soi, qui ne mérite que d’être mis en avant. Pour moi la photograph­ie est un moyen d’illustrer toutes ces facettes qui ne sautent pas aux yeux du grand public, qui ne voit souvent que des cascadeurs écervelés sauter depuis des falaises. A travers cette sélection d’images j’ai voulu mettre en avant la beauté de ce sport, des paysages dans lesquels j’ai la chance de voyager et de moments marquants que j’ai pu vivre avec des amis, un appareil photo à la main.

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 ?? Jéremy Berthier, Bourgoin Jallieu 2017 Canon 1D-X MKII + 16-35mm ?? Cette photo est sans doute mon image la plus connue, après qu’elle ait remporté une catégorie au Red Bull Illume 2019. L’histoire derrière ce shot est assez peu commune : à cette époque, je jouais pas mal avec les reflets et avoir un lac à côté d’un champ de bosse aurait été un rêve pour moi. Evidemment, pas de bol, ce n’était pas le cas chez Jérémy. Et pas de flaque non plus étant donné la situation météo de cette fin d’été 2017. Il a donc fallu improviser. J’ai utilisé une brouette qui traînait sur le spot et je l’ai remplie d’eau après l’avoir calée à l’horizontal­e grâce à des bouts de bois trouvés sur place. Plus tard dans la soirée, on a fait un feu au milieu de la bosse sur lequel on jetait de l’herbe mouillée pour faire un max de fumée, et la photo a fonctionné après trois ou quatre essais de ride dans la pénombre.
Jéremy Berthier, Bourgoin Jallieu 2017 Canon 1D-X MKII + 16-35mm Cette photo est sans doute mon image la plus connue, après qu’elle ait remporté une catégorie au Red Bull Illume 2019. L’histoire derrière ce shot est assez peu commune : à cette époque, je jouais pas mal avec les reflets et avoir un lac à côté d’un champ de bosse aurait été un rêve pour moi. Evidemment, pas de bol, ce n’était pas le cas chez Jérémy. Et pas de flaque non plus étant donné la situation météo de cette fin d’été 2017. Il a donc fallu improviser. J’ai utilisé une brouette qui traînait sur le spot et je l’ai remplie d’eau après l’avoir calée à l’horizontal­e grâce à des bouts de bois trouvés sur place. Plus tard dans la soirée, on a fait un feu au milieu de la bosse sur lequel on jetait de l’herbe mouillée pour faire un max de fumée, et la photo a fonctionné après trois ou quatre essais de ride dans la pénombre.
 ?? Hugo Frixtalon, Sunshine Coast 2019 Canon 1D-X MKII + 16-35mm ?? Une forêt canadienne, de la brume et Hugo Frixtalon. Je crois que cette photo réunit les trois éléments que je préfère quand il s’agit de faire des images de vélo. Souvent lorsque l’on shoote dans la brume, c’est très vite le stress car c’est en général un nuage qui ne fait que passer et l’intensité du brouillard peut très rapidement varier. Mais ici, nous avons eu ces conditions parfaiteme­nt stables tout au long de la journée. Je me souviens avoir passé au moins une dizaine de minutes à déplacer les bouts de bois et les cailloux un peu trop clairs du milieu de la piste pour obtenir la compositio­n parfaite. Après quelques passages, Hugo fait un table parfait et sa silhouette cache mon flash au bon moment.
Hugo Frixtalon, Sunshine Coast 2019 Canon 1D-X MKII + 16-35mm Une forêt canadienne, de la brume et Hugo Frixtalon. Je crois que cette photo réunit les trois éléments que je préfère quand il s’agit de faire des images de vélo. Souvent lorsque l’on shoote dans la brume, c’est très vite le stress car c’est en général un nuage qui ne fait que passer et l’intensité du brouillard peut très rapidement varier. Mais ici, nous avons eu ces conditions parfaiteme­nt stables tout au long de la journée. Je me souviens avoir passé au moins une dizaine de minutes à déplacer les bouts de bois et les cailloux un peu trop clairs du milieu de la piste pour obtenir la compositio­n parfaite. Après quelques passages, Hugo fait un table parfait et sa silhouette cache mon flash au bon moment.
 ?? William Robert, Les 2 Alpes France, 2019 Canon 1D-X MKII + 70-200mm ?? Toujours faire des images et rouler sur les mêmes pistes peut avoir ses limites. C’est pourquoi quand nous avons enfin eu l’opportunit­é de construire quelques sauts aux 2 Alpes, nous avons sauté sur l’occasion. L’idée de base était un construire un hip monstrueux dans ce champ situé sur les hauteurs de la station. Coucher de soleil et arrière-plan montagneux, il n’en fallait pas plus. En raison de plusieurs soucis logistique­s, le hip n’a pas pu être aussi gros qu’on espérait, même si sa taille était tout de même loin d’être convention­nelle pour le commun des mortels. William, addict aux gros sauts, a considéré qu’il s’agissait juste d’une formalité et s’est jeté dessus une bonne centaine de fois au total, n’hésitant pas à partir en Flatspin de temps en temps, comme si de rien n’était.
William Robert, Les 2 Alpes France, 2019 Canon 1D-X MKII + 70-200mm Toujours faire des images et rouler sur les mêmes pistes peut avoir ses limites. C’est pourquoi quand nous avons enfin eu l’opportunit­é de construire quelques sauts aux 2 Alpes, nous avons sauté sur l’occasion. L’idée de base était un construire un hip monstrueux dans ce champ situé sur les hauteurs de la station. Coucher de soleil et arrière-plan montagneux, il n’en fallait pas plus. En raison de plusieurs soucis logistique­s, le hip n’a pas pu être aussi gros qu’on espérait, même si sa taille était tout de même loin d’être convention­nelle pour le commun des mortels. William, addict aux gros sauts, a considéré qu’il s’agissait juste d’une formalité et s’est jeté dessus une bonne centaine de fois au total, n’hésitant pas à partir en Flatspin de temps en temps, comme si de rien n’était.
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 ??  ?? Thomas est un des athlètes qui m’impression­ne le plus sur un vélo, donc lui demander de faire des barspin sur un parking c’est un peu comme faire rouler une Ferrari en zone 30. En 2020 on a décidé de faire un projet en partenaria­t avec Shimano, où l’on montre les coulisses de la réalisatio­n de certaines photos et cette image est sans doute ma préférée, même si l’action n’est pas la plus folle. J’aime beaucoup expériment­er et après avoir vu des idées similaires sur des natures mortes, j’ai essayé de l’adapter et de rendre le concept fonctionne­l pour une image de ride. Pour une photo comme celle-ci il n’y a pas vraiment de place à l’improvisat­ion. Je dirais qu’il m’a fallu six mois de réflexion et d’essais pour arriver à trouver une configurat­ion qui marche, pour seulement une image.
Thomas est un des athlètes qui m’impression­ne le plus sur un vélo, donc lui demander de faire des barspin sur un parking c’est un peu comme faire rouler une Ferrari en zone 30. En 2020 on a décidé de faire un projet en partenaria­t avec Shimano, où l’on montre les coulisses de la réalisatio­n de certaines photos et cette image est sans doute ma préférée, même si l’action n’est pas la plus folle. J’aime beaucoup expériment­er et après avoir vu des idées similaires sur des natures mortes, j’ai essayé de l’adapter et de rendre le concept fonctionne­l pour une image de ride. Pour une photo comme celle-ci il n’y a pas vraiment de place à l’improvisat­ion. Je dirais qu’il m’a fallu six mois de réflexion et d’essais pour arriver à trouver une configurat­ion qui marche, pour seulement une image.
 ?? Kilian Bron, Cappadoce 2020 Canon 5D MK IV +70-200mm ?? Il nous arrive parfois de trouver de nouvelles zones lors de nos shootings mais la plupart du temps, il ne faut pas se le cacher, on s’inspire de ce qui a déjà été fait. En arrivant en Turquie, Kilian m’a montré une part du film Kranked 5 avec Brett Tippie dans cette même région, la Cappadoce. Cet endroit, alors shooté en plein soleil, m’a tout de suite interpellé car même si le spot est rempli de reliefs improbable­s, il est très rare qu’une zone aussi grande soit aussi parfaite, et propice au riding. C’est donc après une savante étude des montagnes en arrière-plan et de Google Maps que nous avons trouvé ce secteur à la fin de notre séjour. Directemen­t accessible depuis le bord d’un champ, rien de plus facile. Bon, à part peut-être la falaise qui se cache juste en bas de l’image, avant laquelle il vaut mieux freiner…
Kilian Bron, Cappadoce 2020 Canon 5D MK IV +70-200mm Il nous arrive parfois de trouver de nouvelles zones lors de nos shootings mais la plupart du temps, il ne faut pas se le cacher, on s’inspire de ce qui a déjà été fait. En arrivant en Turquie, Kilian m’a montré une part du film Kranked 5 avec Brett Tippie dans cette même région, la Cappadoce. Cet endroit, alors shooté en plein soleil, m’a tout de suite interpellé car même si le spot est rempli de reliefs improbable­s, il est très rare qu’une zone aussi grande soit aussi parfaite, et propice au riding. C’est donc après une savante étude des montagnes en arrière-plan et de Google Maps que nous avons trouvé ce secteur à la fin de notre séjour. Directemen­t accessible depuis le bord d’un champ, rien de plus facile. Bon, à part peut-être la falaise qui se cache juste en bas de l’image, avant laquelle il vaut mieux freiner…
 ?? Kilian Bron, Cappadoce 2020 - Canon 1D-X MKII + 70-200mm ?? 2020 n’était pas la meilleure année pour voyager, alors lorsque Kilian m’a appelé pour me proposer un projet en Turquie, je n’ai pas hésité une seule seconde. Cela faisait des années que j’avais vu des images de ce spot incroyable et enfin pouvoir y shooter pendant une année assez compliquée était vraiment un soulagemen­t. Même si les tensions entre la Turquie et la France ainsi qu’un tremblemen­t de terre ont failli rendre le séjour compliqué, on s’en est au final sorti sans aucun souci. Nous avons consacré pas mal de temps aux repérages lors de nos premiers jours sur place et je voulais absolument shooter une crête avec les montgolfiè­res en arrière-plan, qui sont l’attraction principale de la région. Après un réveil rythmé par le chant du Muesin à 5h30, nous sommes montés jusqu’à cette crête et Kilian a commencé à trouver le rythme, jusqu’à sauter au-dessus de ce rocher. La chance était avec nous, le vent soufflait dans la bonne direction et les montgolfiè­res se sont parfaiteme­nt alignées au bon moment.
Kilian Bron, Cappadoce 2020 - Canon 1D-X MKII + 70-200mm 2020 n’était pas la meilleure année pour voyager, alors lorsque Kilian m’a appelé pour me proposer un projet en Turquie, je n’ai pas hésité une seule seconde. Cela faisait des années que j’avais vu des images de ce spot incroyable et enfin pouvoir y shooter pendant une année assez compliquée était vraiment un soulagemen­t. Même si les tensions entre la Turquie et la France ainsi qu’un tremblemen­t de terre ont failli rendre le séjour compliqué, on s’en est au final sorti sans aucun souci. Nous avons consacré pas mal de temps aux repérages lors de nos premiers jours sur place et je voulais absolument shooter une crête avec les montgolfiè­res en arrière-plan, qui sont l’attraction principale de la région. Après un réveil rythmé par le chant du Muesin à 5h30, nous sommes montés jusqu’à cette crête et Kilian a commencé à trouver le rythme, jusqu’à sauter au-dessus de ce rocher. La chance était avec nous, le vent soufflait dans la bonne direction et les montgolfiè­res se sont parfaiteme­nt alignées au bon moment.
 ?? Hugo Frixtalon, Mours 2020 Canon 5D MK IV + 16-35mm ?? Mours est un spot situé à 5 minutes de la maison de mes parents. C’est là que j’ai commencé le vélo il y a une dizaine d’année. J’y passe la plupart de mes week-ends, à rouler et à creuser avec mes potes, depuis que j’ai découvert ce sport. A 18 ans, lorsque j’ai commencé la photo, je me suis mis à creuser de manière un peu différente, il fallait que ce soit non seulement bien, mais beau. Fatigué de shooter toujours les mêmes bosses, je me suis mis à la recherche d’un truc original. La forêt n’étant pas non plus la plus belle, il fallait que ce soit un peu conceptuel. C’est alors que j’ai trouvé cette énorme souche au milieu des bois. Pendant des jours et des jours j’ai aménagé une prise d’élan avec l’aide de quelques copains, on a monté une réception et finalement rendu le saut praticable, uniquement pour cette photo. Il n’y avait pas de trail avant, ni après, juste cette bosse posée au milieu de nulle part. Quand Frix m’a dit qu’il passait par chez moi avant d’aller en Savoie l’année dernière, j’ai sauté sur l’occasion pour enfin réaliser cette image que j’avais en tête. Deux projecteur­s pour éclairer la bosse, deux assistants, un peu de chance ainsi que le style de Frix ont fait la différence.
Hugo Frixtalon, Mours 2020 Canon 5D MK IV + 16-35mm Mours est un spot situé à 5 minutes de la maison de mes parents. C’est là que j’ai commencé le vélo il y a une dizaine d’année. J’y passe la plupart de mes week-ends, à rouler et à creuser avec mes potes, depuis que j’ai découvert ce sport. A 18 ans, lorsque j’ai commencé la photo, je me suis mis à creuser de manière un peu différente, il fallait que ce soit non seulement bien, mais beau. Fatigué de shooter toujours les mêmes bosses, je me suis mis à la recherche d’un truc original. La forêt n’étant pas non plus la plus belle, il fallait que ce soit un peu conceptuel. C’est alors que j’ai trouvé cette énorme souche au milieu des bois. Pendant des jours et des jours j’ai aménagé une prise d’élan avec l’aide de quelques copains, on a monté une réception et finalement rendu le saut praticable, uniquement pour cette photo. Il n’y avait pas de trail avant, ni après, juste cette bosse posée au milieu de nulle part. Quand Frix m’a dit qu’il passait par chez moi avant d’aller en Savoie l’année dernière, j’ai sauté sur l’occasion pour enfin réaliser cette image que j’avais en tête. Deux projecteur­s pour éclairer la bosse, deux assistants, un peu de chance ainsi que le style de Frix ont fait la différence.
 ?? Kilian Bron, Lac du Salagou France, 2020 - Canon 5D MKIV + 70-200mm ?? Accrocher un flash sur un drone est sans doute l’une de mes meilleures découverte­s de 2020. Cependant ce n’est certaineme­nt pas la plus facile à maîtriser, surtout lorsqu’on est tout seul à piloter le drone, qui forcément ne passe pas le meilleur moment de sa vie, et qu’il faut en même temps faire la photo. Après quelques tentatives, la dernière batterie de mon drone arrive à son terme et il commence à redescendr­e vers le sol. C’est le stress, je crie à Kilian qu’il faut qu’il y aille tout en essayant de contrer la chute du drone. Pour une fois, « une dernière » veut vraiment dire une dernière. Là, on n’a plus le choix. Les planètes s’alignent : l’attitude est bonne, la lumière et le cadrage également. Le drone finit par descendre rapidement et Kilian l’attrape au vol, fin de la journée.
Kilian Bron, Lac du Salagou France, 2020 - Canon 5D MKIV + 70-200mm Accrocher un flash sur un drone est sans doute l’une de mes meilleures découverte­s de 2020. Cependant ce n’est certaineme­nt pas la plus facile à maîtriser, surtout lorsqu’on est tout seul à piloter le drone, qui forcément ne passe pas le meilleur moment de sa vie, et qu’il faut en même temps faire la photo. Après quelques tentatives, la dernière batterie de mon drone arrive à son terme et il commence à redescendr­e vers le sol. C’est le stress, je crie à Kilian qu’il faut qu’il y aille tout en essayant de contrer la chute du drone. Pour une fois, « une dernière » veut vraiment dire une dernière. Là, on n’a plus le choix. Les planètes s’alignent : l’attitude est bonne, la lumière et le cadrage également. Le drone finit par descendre rapidement et Kilian l’attrape au vol, fin de la journée.
 ?? William Robert, Utah USA, 2019 - Canon 5D MK IV + 70-200mm + 2x ?? Green River, certaineme­nt un de mes spots favoris pour shooter, mais clairement le pire pour creuser ! Nous avons passé une semaine perdus au milieu du désert avec William au printemps 2019, dans ce décor complèteme­nt irréel. Lorsque j’ai vu ce rocher aux allures de météorite posé sur un monolithe, j’ai tout de suite su qu’il fallait que je l’intègre dans une photo. Après avoir tourné autour pendant quelques bonnes minutes, j’ai décidé que l’angle parfait pour le cadrage était depuis le toit de notre pick-up, situé environ 200 mètres plus loin dans la plaine. J’ai donc utilisé un bon téléobject­if pour donner l’impression que la crête où roule William est juste en dessous du monolithe, alors qu’elle est en fait plusieurs dizaines de mètres devant.
William Robert, Utah USA, 2019 - Canon 5D MK IV + 70-200mm + 2x Green River, certaineme­nt un de mes spots favoris pour shooter, mais clairement le pire pour creuser ! Nous avons passé une semaine perdus au milieu du désert avec William au printemps 2019, dans ce décor complèteme­nt irréel. Lorsque j’ai vu ce rocher aux allures de météorite posé sur un monolithe, j’ai tout de suite su qu’il fallait que je l’intègre dans une photo. Après avoir tourné autour pendant quelques bonnes minutes, j’ai décidé que l’angle parfait pour le cadrage était depuis le toit de notre pick-up, situé environ 200 mètres plus loin dans la plaine. J’ai donc utilisé un bon téléobject­if pour donner l’impression que la crête où roule William est juste en dessous du monolithe, alors qu’elle est en fait plusieurs dizaines de mètres devant.
 ?? Kilian Bron, Léon Perrin et Pierre Dupont, Iles Éoliennes 2019 - Canon 1D-X MKII + 16-35mm ?? Si certains peuvent percevoir mon travail comme étant un peu dénué de vie et de naturel, c’est aussi parce que je poste souvent des photos où la géométrie, l’éclairage et la compositio­n sont des paramètres travaillés au millimètre. Mais cela ne veut pas dire que nos voyages et aventures sont à cette image, bien au contraire. Il y a une grande part d’incertitud­e, de spontanéit­é et d’échecs. J’adore illustrer ce qu’il se passe entre ces fameuses photos que j’ai l’habitude de montrer. Ici nous étions à Lipari, une petite île au large de la Sicile et le trail que nous devions shooter se trouvait de l’autre côté de l’île. Notre seul moyen de locomotion était un voilier, donc nous avons loué des scooters pour l’équipe média, mais Kilian, n’étant pas un grand sportif, s’accrochait à nos bolides pendant les montées. Je garde très souvent un appareil à la main et j’ai profité d’être passager sur un second scooter pour immortalis­er l’instant. Sur les 300 photos que j’ai dû faire de la même action durant notre trajet, il me semble que c’était la seule de nette, ou presque !
Kilian Bron, Léon Perrin et Pierre Dupont, Iles Éoliennes 2019 - Canon 1D-X MKII + 16-35mm Si certains peuvent percevoir mon travail comme étant un peu dénué de vie et de naturel, c’est aussi parce que je poste souvent des photos où la géométrie, l’éclairage et la compositio­n sont des paramètres travaillés au millimètre. Mais cela ne veut pas dire que nos voyages et aventures sont à cette image, bien au contraire. Il y a une grande part d’incertitud­e, de spontanéit­é et d’échecs. J’adore illustrer ce qu’il se passe entre ces fameuses photos que j’ai l’habitude de montrer. Ici nous étions à Lipari, une petite île au large de la Sicile et le trail que nous devions shooter se trouvait de l’autre côté de l’île. Notre seul moyen de locomotion était un voilier, donc nous avons loué des scooters pour l’équipe média, mais Kilian, n’étant pas un grand sportif, s’accrochait à nos bolides pendant les montées. Je garde très souvent un appareil à la main et j’ai profité d’être passager sur un second scooter pour immortalis­er l’instant. Sur les 300 photos que j’ai dû faire de la même action durant notre trajet, il me semble que c’était la seule de nette, ou presque !
 ?? Rémi Thirion, Ile de La Palma 2016 Canon 5D MKIII + 50mm ?? Je crois qu’il s’agit de l’image qui a vraiment lancé ma carrière dans le monde de la photo de vélo. Juste après avoir commencé à travailler pour Commencal, au Roc d’azur 2016, ce shooting à La Palma est ma première mission. Pour bien commencer, on rate l’avion et on passe la nuit dans l’aéroport de Barcelone. Une fois arrivés sur place, Rémi, qui devait nous rejoindre le lendemain, nous informe qu’il ne pourra rester que quatre jours à la place de la semaine prévue. Ça s’annonce plutôt mal et je dois avouer que je ne suis pas des plus sereins jusqu’à ce que notre guide nous fasse visiter l’île, et particuliè­rement cette zone, ravagée par un incendie l’été précédent. Lorsque l’on est revenu shooter dans cette forêt aux allures irréelles, j’ai ressenti une très grosse pression car c’est le genre d’ambiance que tu ne vois qu’une fois dans ta vie, et tu sais qu’il faut faire une image marquante. Quelques passages stylés de Rémi dans ce petit goulet naturel et j’avais enfin la photo que j’imaginais.
Rémi Thirion, Ile de La Palma 2016 Canon 5D MKIII + 50mm Je crois qu’il s’agit de l’image qui a vraiment lancé ma carrière dans le monde de la photo de vélo. Juste après avoir commencé à travailler pour Commencal, au Roc d’azur 2016, ce shooting à La Palma est ma première mission. Pour bien commencer, on rate l’avion et on passe la nuit dans l’aéroport de Barcelone. Une fois arrivés sur place, Rémi, qui devait nous rejoindre le lendemain, nous informe qu’il ne pourra rester que quatre jours à la place de la semaine prévue. Ça s’annonce plutôt mal et je dois avouer que je ne suis pas des plus sereins jusqu’à ce que notre guide nous fasse visiter l’île, et particuliè­rement cette zone, ravagée par un incendie l’été précédent. Lorsque l’on est revenu shooter dans cette forêt aux allures irréelles, j’ai ressenti une très grosse pression car c’est le genre d’ambiance que tu ne vois qu’une fois dans ta vie, et tu sais qu’il faut faire une image marquante. Quelques passages stylés de Rémi dans ce petit goulet naturel et j’avais enfin la photo que j’imaginais.
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 ?? Antoine Clément, Ardèche France, 2018 - Canon 5D MK IV + 70-200mm ?? La route des vacances. Depuis 10 ans, je passe devant ce rocher pour aller en vacances et à chaque fois je me dis que ce bloc de basalte a quand même quelque chose d’assez incroyable. Un jour où Antoine, un ami, était disponible, je lui ai demandé s’il était partant pour retourner sur ce spot et faire cette image que j’avais en tête. Après plus d’une heure de route, nous arrivons sur place. Je l’aide à monter le vélo sur ce promontoir­e avant de rebrousser chemin et de me positionne­r à plusieurs centaines de mètres, de l’autre côté de la route avoisinant­e. Pendant une bonne demi-heure, j’essaie d’avoir la compositio­n, la pose ainsi que la lumière parfaite, tout en ayant mon modèle au téléphone pour le diriger. C’est donc une photo aux allures naturelles qui est en réalité une mise en scène totale, ou plutôt une reconstitu­tion de ce qu’aurait pu être la réalité.
Antoine Clément, Ardèche France, 2018 - Canon 5D MK IV + 70-200mm La route des vacances. Depuis 10 ans, je passe devant ce rocher pour aller en vacances et à chaque fois je me dis que ce bloc de basalte a quand même quelque chose d’assez incroyable. Un jour où Antoine, un ami, était disponible, je lui ai demandé s’il était partant pour retourner sur ce spot et faire cette image que j’avais en tête. Après plus d’une heure de route, nous arrivons sur place. Je l’aide à monter le vélo sur ce promontoir­e avant de rebrousser chemin et de me positionne­r à plusieurs centaines de mètres, de l’autre côté de la route avoisinant­e. Pendant une bonne demi-heure, j’essaie d’avoir la compositio­n, la pose ainsi que la lumière parfaite, tout en ayant mon modèle au téléphone pour le diriger. C’est donc une photo aux allures naturelles qui est en réalité une mise en scène totale, ou plutôt une reconstitu­tion de ce qu’aurait pu être la réalité.
 ?? Franck Paulin, Ain, France 2016 Canon 5D MK III + 50mm ?? Je m’intéresse beaucoup à d’autres types d’images, comme le portrait par exemple, et c’est en regardant le travail d’un collègue lyonnais que j’ai été attiré par ce spot aux allures de forêt vierge qui est en fait à seulement quelques minutes de Lyon. Je savais que le grand jeu de l’époque pour les g Grenoblois était de faire des mini flips. J’ai donc appelé Franck, que je ne connaissai­s pas trop, et quelques jours plus tard nous arrivons sur les lieux, mini rampe en bois à la main. Quelques minutes passent et nous trouvons cette fenêtre au milieu de la mousse qui donne directemen­t sur un petit chemin. On installe et on camoufle le kick du mieux possible, et après une bonne dizaine d’essais, j’obtiens l’image que je voulais.
Franck Paulin, Ain, France 2016 Canon 5D MK III + 50mm Je m’intéresse beaucoup à d’autres types d’images, comme le portrait par exemple, et c’est en regardant le travail d’un collègue lyonnais que j’ai été attiré par ce spot aux allures de forêt vierge qui est en fait à seulement quelques minutes de Lyon. Je savais que le grand jeu de l’époque pour les g Grenoblois était de faire des mini flips. J’ai donc appelé Franck, que je ne connaissai­s pas trop, et quelques jours plus tard nous arrivons sur les lieux, mini rampe en bois à la main. Quelques minutes passent et nous trouvons cette fenêtre au milieu de la mousse qui donne directemen­t sur un petit chemin. On installe et on camoufle le kick du mieux possible, et après une bonne dizaine d’essais, j’obtiens l’image que je voulais.
 ?? Hugo Frixtalon, Ille-sur-têt, France 2021 Canon 1D-X MK III + 35mm ?? La photo la plus récente de ce portfolio, vu qu’elle n’est pas encore sortie à l’heure où j’écris ces lignes. Après une semaine de shooting avec Frix, plus tôt cette année, j’avais comme une sorte de malchance. Il faut croire que ça arrive de temps en temps. Je n’étais satisfait d’aucune de mes photos, je ratais beaucoup d’images, dont certaines que je considère pourtant comme simples. C’est peut-être la première fois que j’ai eu cette sensation depuis le début de ma maigre carrière. Ceci étant dit, notre shooting pour Commencal terminé, nous décidons de faire rapidement quelques photos pour 100% pendant le week-end. La lumière était très orageuse avec un fort contraste entre le sol éclairé et le ciel très nuageux. Je décide alors de monter sur un gros tas de cailloux pour prendre de la hauteur. L’envie de faire un panshot me brûle, mais étant donné ma malchance de la semaine passée, j’hésite et puis finalement, je le tente. Frix passe parfaiteme­nt et la photo est nette pile sur le casque au premier passage, enfin s!
Hugo Frixtalon, Ille-sur-têt, France 2021 Canon 1D-X MK III + 35mm La photo la plus récente de ce portfolio, vu qu’elle n’est pas encore sortie à l’heure où j’écris ces lignes. Après une semaine de shooting avec Frix, plus tôt cette année, j’avais comme une sorte de malchance. Il faut croire que ça arrive de temps en temps. Je n’étais satisfait d’aucune de mes photos, je ratais beaucoup d’images, dont certaines que je considère pourtant comme simples. C’est peut-être la première fois que j’ai eu cette sensation depuis le début de ma maigre carrière. Ceci étant dit, notre shooting pour Commencal terminé, nous décidons de faire rapidement quelques photos pour 100% pendant le week-end. La lumière était très orageuse avec un fort contraste entre le sol éclairé et le ciel très nuageux. Je décide alors de monter sur un gros tas de cailloux pour prendre de la hauteur. L’envie de faire un panshot me brûle, mais étant donné ma malchance de la semaine passée, j’hésite et puis finalement, je le tente. Frix passe parfaiteme­nt et la photo est nette pile sur le casque au premier passage, enfin s!

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