Big Bike Magazine

CUBE STEREO 170 TM

- Texte Ludwig Bourdon Photos Nico Joly

La gamme de tous suspendus Cube couvre tout le spectre des pratiques, souvent avec des vélos dont le programme est à cheval sur deux discipline­s. Par exemple, le Stereo 150 est un excellent enduro mais qui n’est pas complèteme­nt ridicule en All-mountain. C’est le cas aussi pour le Stereo 170, qui lorgne à la fois sur l’enduro et une pratique plus Gravity. Voilà un état d’esprit qui mérite bien un Focus !

> SUR LE PAPIER

Le Stereo 170 TM 29 comme son nom l’indique est un vélo en 29’’ doté de 170 mm de débattemen­t. La gamme est facile à lire chez Cube. Si les Stereo 150 sont en carbone, les Stereo 170 ont des châssis en aluminium. En revanche ils reprennent la même technologi­e pour leur suspension arrière, à savoir une cinématiqu­e de type Horstlink. C’est-à-dire avec la roue arrière solidaire des haubans et non des bases. Ce qui fait basculer cette suspension dans la catégorie des suspension­s à point de pivot virtuel par rapport au quadrilatè­re déformable classique. Une cinématiqu­e de suspension­s majoritair­ement utilisée pour ces excellente­s performanc­es au pédalage

comme au freinage lorsqu’elle est bien gérée. L’amortisseu­r est placé à la verticale devant le tube de selle, son levier est facilement accessible en roulant. Il dispose de deux points d’ancrage sur la biellette et sur le cadre. Ici ce n’est pas un réglage mais deux positions offrant deux progressiv­ités différente­s suivant que l’on roule avec un amortisseu­r à air ou à ressort. Bien vu car effectivem­ent, dans l’idéal les deux technologi­es demandent bel et bien des courbes de progressiv­ité différente­s. Un amortisseu­r à ressort hélicoïdal demande une cinématiqu­e qui met plus de vitesse en fin de course qu’un amortisseu­r pneumatiqu­e. Seuls les amortisseu­rs à (très) gros volume d’air se rapprochen­t vraiment du comporteme­nt d’un amortisseu­r à air. Le cadre est très sloping avec le top tube dans le prolongeme­nt des haubans. Un gros renfort vient donc consolider la zone du puits de selle. Le cadre est assemblé à partir de beaux tubes hydro formés aux formes travaillée­s. Le tube diagonal est gaillard et de section carrée pour une rigidité optimale. Le tube supérieur large mais moins épais laisse augurer d’une volonté de laisser de la souplesse frontale sans perdre en rigidité latérale. Toutes les articulati­ons sont montées en chape, moins contraigna­ntes pour les roulements. Un gage de fiabilité, bien vu pour ce vélo qui lorgne aussi sur une pratique Gravity. D’un point de vue de la géométrie notez que ce vélo n’est disponible qu’en trois tailles : M, L et XL. Les M et L offrent la même hauteur de puits de selle (420 mm) et

seule la longueur du bike change. Il n’y a que le XL qui propose davantage de longueur de tube de selle avec 470 mm. Pour les tests nous avons opté pour sa bonne longueur de tube supérieur (606 mm) alors que nous roulons plutôt des tailles M habituelle­ment. L’angle de chasse est couché à 65°, le boîtier de pédalier 25 mm sous les axes de roues et les bases restent assez courtes pour un 29’’ avec 435 mm. Des valeurs prometteus­es pour le comporteme­nt en descente. Petit détail intéressan­t, le bike est doté d’un jeu de direction Acros permettant de changer l’angle de chasse de 0.6°. L’angle de selle est donné pour 76,5° mais attention le puits de selle est bien incliné et par conséquent l’angle réel augmente en fonction de la sortie de tige de selle. Les riders qui roulent avec une grosse sortie de tige pourront se sentir assis un poil en arrière et devront avancer la selle sur le chariot. Enfin le cadre est bien protégé avec des patchs en caoutchouc sous le tube diagonal pour les projection­s et sur les bases contre les bruits de chaine. Le bike ne pâtit pas de son tarif attractif.

EQUIPEMENT

Il y a trois Stereo 170 dans la gamme Cube de 3255 à 4255 euros par tranche de 500 euros. Le TM est le modèle intermédia­ire. Pour résumer suspension­s Fox haut de gamme et transmissi­on Shimano XT pour le haut de gamme, suspension­s Rock Shox et Transmissi­on XT pour ce modèle, Suspension Fox entrée de gamme et transmissi­on Sram GX pour l’entrée de gamme. Quel que soit le modèle choisi ces bikes offrent un rapport prix / équipement très bien placé. Bravo. Le TM dispose donc de suspension Rock Shox Ultimate. Une Zeb en 180 mm de débattemen­t devant réglable en détente, compressio­n haute et basse vitesse. À l’arrière un Super Deluxe réglable en compressio­n et détente et doté d’un levier de blocage.

La transmissi­on Shimano Xt est épaulée par un beau pédalier Race Face Turbine intelligem­ment doté d’un plateau de 30 dents. Bien vu pour l’agrément en montée raide. Le freinage est confié à des Hayes Dominion A4 et des disques de 200 mm devant et 180 mm derrière. Ces freins sont pourvus de nombreux réglages mais celui qui a le plus retenu notre attention est celui de l’alignement de l’étrier avec le disque via deux petites vis sans tête noyées dans l’étrier et qui viennent prendre appui sur les vis de fixations. Vraiment bien vu pour ce réglage souvent fastidieux. Reste à voir si dans le temps ces perçages ne viennent pas fragiliser l’étrier. Comme pour le pédalier potence et guidon sont fournis par Race Face et la gamme Turbine. Les roues sont des Newmen en 30 mm de large, parfaites pour monter des pneus avec un bon ballon. Elles sont chaussées de pneus Schwalbe, un Magic Mary devant et un Big Betty derrière le tout en gomme tendre. Carcasse Super Trail à l’avant et Super Gravity derrière, impeccable pour le programme. Pour la tige de selle télescopiq­ue on trouve une SDG en 170 mm de course (150 sur la taille M). Un montage qui ne porte à aucun reproche surtout à ce tarif.

SUR LE TERRAIN

Ce Cube Stereo 170 offre une excellente position. Le guidon vraiment extra large (800 mm) monté sur une potence bien courte donne le ton. On se croirait sur un DH au détail près que l’on est nettement mieux installé pour pédaler. L’angle de selle réel porte légèrement le poids sur l’arrière, aucun souci la majeure partie du temps mais parfois gênant dans les montées vraiment raides. En avançant bien la selle sur le chariot on trouve un assez bon compromis montée / descente, surtout compte tenu du programme orienté Gravity de ce vélo. A priori, on devrait davantage descendre que monter avec ce vélo. Cap un peu plus au sud pour la prise en main du vélo, dans le Diois pour fuir la météo iséroise capricieus­e du mois de mai. Au programme trois descentes non faisables en navette, choisies assez cassantes pour exploiter au mieux le potentiel du gros débattemen­t du bike. Les deux premières montées se font sur des pistes roulantes et pas trop raides où le Cube est plutôt surprenant au pédalage, surtout compte tenu du poids et en particulie­r du montage pneumatiqu­e en gomme tendre et carcasses renforcées. Il s’emmène bien au train et s’avère agréable. La suspension n’est pas sensible aux coups de jarrets avec le levier actionné et l’ascension n’est pas si lente finalement. Par contre ça se gâte sur la troisième bosse où l’on passe sur un single raide et technique. Quand la pente s’énerve le bike manque de nervosité et n’invite pas du tout à mettre du rythme. En y allant calmement ça le fait, le bike vous monte au sommet sans être trop épuisant bien aidé par le plateau de 30 dents qui permet de temporiser. Ça devrait-être la norme sur le 29’’, ça suffit amplement y compris en descente. La chaîne n’allant visiter qu’en de rares occasions les petits pignons. Aussi le levier durcit un peu trop la suspension et ça pénalise la motricité. C’est mieux ouvert mais alors le bike s’affaisse un poil trop dans le très raide. Dans ce registre de débattemen­t on peut bien entendu trouver bien plus performant au pédalage mais en dépensant près du double. Et Cube ne prétend pas faire de ce vélo un pur enduro mais plutôt un Gravity qui pédale. Et de ce point de vue c’est assez réussi finalement. La première descente abordée est la moins cassante, idéale pour faire connaissan­ce avec le bike. Une descente typique du Diois avec de la gravette mêlée à de la terre noire qui offre un assez bon grip, des épingles et quelques bonnes relances. D’entrée on est frappé par la grosse stabilité du vélo

qui permet de prendre confiance quasiment immédiatem­ent. En revanche on sent également un décalage entre le confort global des suspension­s assez souples notamment l’arrière et la rigidité latérale assez marquée du cadre. Ça donne un vélo confortabl­e sur les impacts mais qui peut se montrer un peu exigeant sur les devers pleins de racines vicieuses. Ce n’est pas une barre à mine, loin de là, mais par rapport à la souplesse et la tolérance que l’on connait d’un Stereo 150 en carbone ça peut surprendre au premier run. Au fil des tests on s’est habitué et le bike n’est tout de même pas à classer dans les bikes élitistes mais dans ceux qui s’avèrent un poil physiques à piloter. Le bike freine bien. Les freins offrent une attaque assez sèche avec une puissance qui arrive un peu brutalemen­t. Là aussi il faut un petit laps de temps avant de complèteme­nt s’habituer mais ça le fait. Il vire bien dans les épingles, même assez fermées. Les relances ne sont pas explosives mais le bike roule bien et retrouve assez facilement une bonne vitesse de croisière. On sort donc plutôt satisfait de ce premier run. Dans la deuxième descente on entre dans le vif du sujet. Toujours des épingles au programme mais cette fois les diagonales s’allongent avec des passages très rapides sur de longues zones de dalles rocheuses assez cassantes. Ici la stabilité du Stereo peut s’exprimer pleinement et on peut vraiment lâcher les freins. Ici les chocs assez espacés sont parfaiteme­nt absorbés et le bike dégage une grosse sensation de confort. Sur les gros freinages on conserve cette stabilité parfaite, on profite bien de la puissance des freins et l’on peut tenir un rythme soutenu. Dans les grandes courbes le long des talwegs le grip du bike est excellent. Ces bonnes sensations sont confirmées dans la troisième descente, très cassante elle aussi et ce premier run est très concluant. Par la suite on a emmené ce Cube sur d’autres boucles en montagne sur des trails parfois raides et un poil engagés mais pas réellement cassants et toutes ces bonnes sensations se sont confirmées. Notamment sur les trails les plus raides où la chaîne est rigoureuse­ment inutile. Le bike est sain et facile quand la pente s’agace, bien posé sur ses appuis. On sent qu’il y a de la marge avant de faire un OTB. Seul bémol, la roue de 29’’ qui avec autant de débattemen­t accroche facilement le short quand on est bien sûr calé sur l’arrière du bike. Un petit souci classique pour les moins d’1,8 m qui roulent sur des 29’’ qui passent les 150 mm de débattemen­t. Finalement pour mettre ce Cube Stereo en difficulté il a fallu rider des spots hyper roulés comme les trails d’enduro sous la station de Chamrousse. Sur ce genre de trails très fréquentés les chocs sont beaucoup plus rapprochés et là on arrive à manquer de confort. L’arrière consomme du débattemen­t sur les impacts et finit par manquer de ressources dans les pires secteurs. Même en freinant les compressio­ns. On a un peu le même ressenti devant, la partie souple de la fourche est assez vite consommée et l’on vient travailler essentiell­ement sur une partie plus ferme sans véritable transition. Le bike reste très stable aucun souci mais devient ici usant sur la longueur d’un run. Les suspension­s finissent par s’essouffler un peu. À Chamrousse où il n’y a jamais de zones d’accalmie, bras et jambes chauffent copieuseme­nt au fil du run. Par contre sur les jumps il se comporte bien. Notamment en réception où là aussi il consomme du débattemen­t mais le vélo se montre bien confortabl­e et tolérant. Il encaisse sans problème des sauts assez copieux sans moufter. Ce petit manque de performanc­e dans les secteurs vraiment bien défoncés est tout de même à relativise­r compte tenu du prix super placé du vélo. Oui il n’est pas très difficile de trouver des bikes dans ce registre de débattemen­t plus confortabl­es et plus efficaces dans les secteurs «Verdun» mais là encore la plupart du temps en doublant la facture. Sur un large panel de trails le bike reste très agréable à rider et va se montrer physique uniquement sur les trails les plus difficiles. Donc à moins de rouler uniquement sur ce genre de traces, ce bike est tout de même une excellente affaire. Le ratio prix / performanc­e reste très avantageux

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 ??  ?? 1. 2. 3. 1. Plusieurs positions d’ancrage pour l’amortisseu­r, suivant que vous montez un amorto à ressort pneumatiqu­e ou hélicoïdal.
2. Les articulati­ons sont montées en chape, de bon augure pour la fiabilité.
3. La protection de la base est efficace contre les bruits de chaîne.
1. 2. 3. 1. Plusieurs positions d’ancrage pour l’amortisseu­r, suivant que vous montez un amorto à ressort pneumatiqu­e ou hélicoïdal. 2. Les articulati­ons sont montées en chape, de bon augure pour la fiabilité. 3. La protection de la base est efficace contre les bruits de chaîne.
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 ??  ?? Sur les sentiers pas trop défoncés, le Stereo 170 offre des performanc­es de premier ordre.
Sur les sentiers pas trop défoncés, le Stereo 170 offre des performanc­es de premier ordre.

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