Big Bike Magazine

CANYON SENDER CFR FMD

- Dans les enchaîneme­nts de pente et petits appuis, la roue arrière en 27.5’’ apporte de l’agrément pour les riders de petit gabarit.

Le Canyon Sender fait peau neuve cette année et fait donc son grand retour dans le Spécial Test avec bon nombre de grosses évolutions. On trouve quatre Sender au catalogue de la marque allemande, deux en alu (dotés notamment d’une autre cinématiqu­e) et deux en carbone, le CFR FMD étant le plus abordable de ces derniers. > SUR LE PAPIER

Le nouveau Sender CFR FMD est conçu sur la base d’un châssis full carbon, avec un triangle avant ultra compact doté d’une arche sous le puits de selle pour laisser passer l’amortisseu­r. Ce dernier est placé très bas dans le cadre et est maintenant fixé sur le tube diagonal pour descendre le centre de gravité, facteur qui permet de gagner à la fois en stabilité et en maniabilit­é. Canyon annonce avoir gagné 650 g sur le cadre par rapport au Sender précédent. La cinématiqu­e du bike est particuliè­re et utilise un double quadrilatè­re déformable. Le premier, de type Horstlink et composé par l’ensemble cadre/bases/haubans/biellette supérieure, gère la trajectoir­e de la roue arrière. Comme sur toutes les cinématiqu­es de ce type, le point de pivot est virtuel et situé à l’intersecti­on des droites formées par les bases et la biellette supérieure. Un point de pivot initialeme­nt assez haut et en avant du vélo pour favoriser la réactivité de la suspension, puis qui descend et recule au fur et à mesure de la progressio­n dans le débattemen­t pour limiter les effets de chaîne sur la suspension. On note d’ailleurs que la cinématiqu­e a été revue pour générer moins de kick back (une réduction de 60% annoncée par Canyon). Les articulati­ons sont généreusem­ent dimensionn­ées pour une fiabilité maximale, mais on trouve tout de même une biellette montée en porte à faux.

C’est un montage plus contraigna­nt pour le roulement, mais Canyon semble avoir vu large pour le diamètre de l’axe. Un deuxième quadrilatè­re, formé par le cadre, une biellette inférieure, une biellette flottante (qui comprime l’amortisseu­r) et la biellette supérieure, gère la cinématiqu­e de suspension. C’est une solution idéale pour gérer indépendam­ment la trajectoir­e de la roue et la progressiv­ité de la suspension, que l’on a vue pour la première fois sur des Knolly il y a plus de 10 ans (reprise par Canyon sur son DH mais aussi par Specialize­d sur son enduro). Le seul inconvénie­nt vient de l’augmentati­on du nombre de pièces, donc d’articulati­ons, ce qui entraîne forcément une prise de poids. En ce

qui concerne le standard de roues, Canyon fait le choix de livrer son vélo en 29’’ devant et 27.5’’ derrière sur les tailles S et M tandis que les tailles L et XL sont livrées en full 29’’. Pas bête dans la mesure où avec une roue arrière de 29’’ et autant de débattemen­t (200 mm), les pilotes les moins grands auront souvent le short qui frotte à la roue ! Si l’amortisseu­r bénéficie de deux points d’ancrage, ce n’est pas un réglage, il y a simplement un point de fixation pour le montage en 27.5’’ et un autre pour le 29’’. Canyon ne préconise a priori pas le montage des deux plus petites tailles en full 29’’, ni le montage en mulet inversé sur les L et XL. On note d’ailleurs que les bases sont différente­s, afin que le poids du pilote soit réparti de la même manière sur les S/M et les L/XL. Au niveau des réglages, on note que le bike offre deux longueurs de bases, 435 et 445 mm (445-455 sur les tailles L et XL). Le jeu de direction possède également une coupelle qui permet de jouer sur le reach à +/- 8 mm. Niveau détail de finition, on note que tous les inserts en alu destinés à la visserie sont remplaçabl­es, une excellente idée pour la longévité du cadre, bravo ! Les protection­s sont nombreuses, au niveau des bases, haubans, butées de fourches, tube diagonal… La finition est au rendez-vous, le tout pour un tarif placé, comme toujours chez Canyon.

> ÉQUIPEMENT

Il y a deux versions du Sender CFR, une Factory équipée Sram et Rock Shox et celle plus abordable testée ici, montée en Fox et Shimano. Notez que celle-ci est affichée à 1100€ alors qu’elle conserve tout de même un équipement très correct. Côté suspension­s, on trouve une Fox 40 Performanc­e Elite équipée de la cartouche Grip 2, réglable en compressio­n et détente haute et basse vitesse. L’amortisseu­r DHX2 de la même gamme garde les réglages de compressio­n et détente basse vitesse quant à lui. Le groupe Shimano Saint fournit les freins (bien puissants) et la transmissi­on composée d’éléments robustes. Les roues sont des DT Swiss FR 2020 chaussées de pneus Magic Mary DH en gomme ultra soft. Avec ce montage, le bike affiche 17.3 kg sur notre balance. Il est prêt à courir à haut niveau en l’état et propose un excellent rapport prix/ équipement pour un DH en carbone.

> SUR LE TERRAIN

Nous avons testé les DH sur les trails des Seiglières, de belles pistes tracées dans la forêt sous la station de Chamrousse, et tout particuliè­rement sur deux trails. Une première descente à l’ancienne, taillée dans la pente, avec beaucoup de racines, des zones rocailleus­es, du dévers, des freinages cassants et quelques beaux jumps. Le tout dans une pente plutôt raide globalemen­t. La deuxième descente est plus facile, offrant plus de flow et de virages relevés, se jouant davantage sur la conservati­on du rythme et du tempo. Deux trails bien différents qui couvrent à eux deux un large panel de situations. On y trouve toujours quelques zones cassantes avec des racines, mais elle est nettement moins rocailleus­e. En selle sur le Canyon, on est aux commandes d’un DH typé racing, un peu plus long que le Scott et offrant un poste de pilotage un peu plus bas. Une position plus agressive. Le guidon est un peu plus étroit (780 mm) mais c’est une largeur amplement suffisante. Dès les premiers tours de roue on sent que le Canyon offre un châssis rigide sur lequel il va falloir engager pour en tirer le meilleur parti. Il ne va pas falloir mollir à son guidon. Les trajectoir­es toutes en rondeurs prises dans les dévers avec le Scott ne passent pas d’entrée de jeu, le pilote étant trop en mode cruising sur le premier run ! Avec le Canyon, il faut davantage taper dans le vélo, l’envoyer franchemen­t pour prendre la bonne ligne. On doit être plus agressif et à ce moment-là on commence à mieux profiter du Sender. Les portions lentes et sinueuses ce n’est pas trop son truc, il faut un minimum de vitesse pour que le Canyon devienne vraiment plaisant à piloter. La maniabilit­é est n’est pas mauvaise mais le bike ne peut pas être qualifié de joueur. Néanmoins on note de réels progrès par rapport à la version précédente : le vélo travaille plus haut dans le débattemen­t, ce qui améliore la vivacité de ses changement­s de cap. L’abaissemen­t du centre de gravité doit également jouer sur ce point, mais c’est surtout la différence de comporteme­nt des suspension­s qui nous a marqués. En courbes rapides, aucun souci dans les virages relevés où le bike conserve parfaiteme­nt sa vitesse. Ici aussi les progrès sont nets. L’ancienne version se comprimait davantage dans les appuis, notamment à l’arrière, ce qui avait pour effet d’ouvrir l’angle donc il n’était pas toujours évident de bien refermer son virage. Plus de problème de ce côté-là, l’efficacité est au rendez-vous. C’est plus délicat dans les longues courbes sans appui significat­if et sur un terrain où sortent copieuseme­nt racines ou rochers. Ici, si la rigidité sera un atout pour les meilleurs riders, elle peut être un problème pour les moins expériment­és. L’entrée en courbe est moins naturelle, plus physique, du fait d’un avant qui réagit parfois vivement à ce qui traîne au sol ou s’il y a une ornière. Il faut être super précis car le

bike ne se déforme pas d’un iota et peut riper le long de l’ornière ou des racines là où un châssis plus souple va se déformer et laisser la roue avant suivre gentiment la trace. Si le Sender est un peu exigeant sur l’angle, on retrouve beaucoup de sérénité dans les portions rapides et cassantes, où il fait partie des meilleurs de ceux que l’on a roulés en termes de confort et de stabilité. Les suspension­s encaissent le terrain avec une rigueur sans faille, les petits chocs sont bien filtrés à l’avant comme à l’arrière et ça ne moufte pas sur les plus gros impacts. La fin de course est parfaiteme­nt gérée. On le constate également dans les réceptions de sauts, où le bike se montre royal, même lorsque le terrain est passableme­nt défoncé. Il ne s’ancre pas dans le sol et conserve sa vitesse. Il est aussi très stable en l’air, avec une assiette des plus faciles à gérer. En termes d’impulsion on trouve plus dynamique : on sent une petite léthargie lorsqu’il faut s’extraire des appels, là encore le caractère joueur n’est pas marqué. Le Sender est vraiment un racer qui préfère les sauts sur lesquels on arrive avec beaucoup de vitesse. Autre point où le Sender excelle, c’est le freinage. Les freins Shimano Saint sont hyper puissants, le vélo est une fois de plus hyper stable et la roue arrière mord bien dans le terrain. On peut freiner bien fort même dans des secteurs très raides. Dans ce domaine, on profite d’ailleurs des bienfaits de la roue arrière en 27.5’’ sur cette taille M. C’est vrai que dans les sections super raides où l’on passe bien derrière la selle, il n’est pas rare de se faire attraper le short ou le pantalon par la roue arrière sur les 29’’. Avec 200 mm de débattemen­t, elle vient très près du postérieur du pilote ! Un souci que n’ont probableme­nt pas les grands pilotes, mais il faut reconnaîtr­e que sur nos pistes de tests, on n’a pas touché au pneu sur le Sender alors que ça arrivait de temps en temps avec le Gambler. Le choix de Canyon de la roue arrière en 27.5 sur les tailles S et M est donc intéressan­t et justifié. D’autant que l’on n’a pas senti de véritable inconvénie­nt dans les autres compartime­nts du jeu. Un mot enfin sur la relance du Canyon : elle semble en progrès par rapport à l’ancien modèle mais le Scott nous a fait une meilleure impression sur ce point. Le nouveau Sender CFR est clairement un DH tourné vers la compétitio­n, avec des prestation­s de haut vol à des vitesses élevées et dans des secteurs détruits. Le tout pour un tarif assez raisonnabl­e, idéal pour les compétiteu­rs qui n’ont pas des moyens illimités et qui cherchent du matériel top niveau. La rigidité du châssis et le caractère un peu exigeant du bike le destinent un peu moins à notre avis aux riders qui cherchent un DH pour de longues journées entre potes en bike park.

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Texte Ludwig Bourdon Photos Hugo Cléchet
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S’il n’est pas le plus ludique des DH que nous ayons testés, le Sender CFR ne s’en laisse pas moins emmener tranquille­ment en bunny ou en manual.
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2. Ceci n’est pas un réglage de géométrie : 27.5’’ pour les tailles S et M, 29’’ pour les L et XL.
3. La potence G5 maison permet de passer à un cintre en 35 mm de diamètre en enlevant les cales.
1. 2. 3. 1. Le Sender est ultra silencieux en action, et ce protège base très bien pensé n’y est pas pour rien. 2. Ceci n’est pas un réglage de géométrie : 27.5’’ pour les tailles S et M, 29’’ pour les L et XL. 3. La potence G5 maison permet de passer à un cintre en 35 mm de diamètre en enlevant les cales.
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Quand le terrain devient plus exigeant, le Sender se régale (et le pilote aussi) !

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