SCOTT GAMBLER 910
L’an dernier c’est le Gambler 900 Tuned qui a participé au test, un bike full carbon au montage somptueux, qui avait emballé les testeurs. Scott dispose dans sa gamme de versions plus abordables, notamment avec des cadres en aluminium, dont les prix débutent à 3800 €. Pour cette saison, c’est le Gambler 910 que nous avons eu entre les mains, qui hérite d’un triangle avant en carbone et de bases/haubans en alu. C’est un parti pris intéressant, qui peut atténuer le sérieux de la version Tuned tout en étant plus performant qu’un cadre alu. > SUR LE PAPIER
Lorsque Scott a remanié son Gambler, le nom a été conservé mais le vélo n’a plus rien à voir avec son prédécesseur, notamment en termes de cinématique. L’ancien modèle utilisait une suspension avec bras oscillant + ensemble biellette basculeur tandis que les ingénieurs ont jeté leur dévolu sur le principe Horstlink pour le nouveau cadre. Le gros avantage ici, c’est que la performance au freinage est bien supérieure à celle obtenue avec une cinématique bras oscillant mono pivot. Le point de pivot virtuel est constamment à l’intersection des droites formées par les bases et la biellette. Dans le cas du Gambler, il est projeté haut et en avant du vélo en position initiale, favorisant la sensibilité de la suspension en début de course, puis il recule et descend au fur et à mesure que l’on rentre dans le débattement (mesuré à 200 mm), afin de limiter les interactions entre la chaîne et la suspension. Côté cadre, on note que les articulations sont soignées, elles sont toutes montées en chape et généreusement dimensionnées, un bon point pour la longévité. Comme évoqué en intro, sur ce modèle seul le triangle avant est en carbone, la partie arrière reste en aluminium. Le tube diagonal présente une grosse section tandis que le tube supérieur est nettement plus fin, ce qui laisse présumer du fait que les concepteurs ont cherché à laisser du flex ‘’frontal’’ au châssis.
Le Gambler est prévu pour accepter les deux tailles de roues, 27.5’’ et 29’’ grâce notamment à une petite pièce réversible montée en pied d’amortisseur. Les géométries demeurent très proches, seulement 0.3° d’écart sur l’angle de chasse par exemple, suivant que l’on soit en 29 ou en 27.5’’. Il est également possible de faire un montage différencié avant/arrière. Cette petite pièce réversible offre également deux perçages qui permettent de jouer sur l’angle amortisseur/biellette et donc sur la progressivité de la suspension. Cette dernière est plus progressive quand on ferme (réduit) cet angle. Donc ici, le point le plus reculé offre une suspension arrière plus progressive. Au niveau des réglages, on dis
pose également de deux longueurs de bases sur ce vélo : 435 ou 440 mm. Enfin des coupelles de direction permettent aussi d’ajuster l’angle de chasse à +/- 1°. Tout ceci offre au final une belle combinaison de géométries possibles, largement de quoi personnaliser son vélo selon la piste et son style de pilotage. Lors des tests, on a roulé en roues de 29’’ (les Gambler sont tous livrés ainsi), angle de chasse standard, bases longues, position ‘’low’’ et amortisseur placé sur la position la plus progressive. Ce choix de géométrie privilégie la stabilité et la facilité sur nos pistes de tests plutôt raides et avec très peu de pédalage. Nos pistes n’étant pas non plus très rapides, on aurait pu également rouler en bases courtes mais les bases longues favorisent (et facilitent) le grip sur l’angle en portant un peu plus de poids sur la roue avant. Enfin, au niveau des détails de conception, on note les butées de fourches intégrées, la protection du tube diagonal et de la base côté chaîne pour protéger le cadre. On note également le Bash Guard maison qui s’affranchit du montage sur plot ISCG. Il se prend en chape sur des pattes, évitant ainsi à Scott d’avoir à noyer des inserts en alu dans le carbone. Plus simple et plus léger, bien vu ! Un bien joli bike de DH au final.
> ÉQUIPEMENT
Ce Gambler 910 est le modèle situé juste en dessous du 900 Tuned, il propose un très joli montage pour tout de même 2500€ de moins. Cela laisse de quoi fiancer une saison, pas négligeable non ? Au niveau des suspensions, on trouve des éléments Fox, avec une 40 Performance réglable en détente et compression basse vitesse, la plus importante à notre avis. À l’arrière, on trouve un DHX2 disposant des mêmes réglages, des ajustements habituellement suffisants pour parfaitement s’adapter au terrain. La raideur du ressort est en relation avec la taille du vélo et correspond à des gabarits moyens. La transmission utilise le groupe de descente Sram GX sept vitesses en 11-25. Le freinage est quant à lui confié à des Shimano XT quatre pistons associés à des disques de 200 mm de diamètre. À l’instar des roues, la plupart des autres composants sont signés Syncros, logique vu que la marque appartient à Scott. Côté pneus, on trouve les excellents Maxxis Assegai en 2.5’’ en carcasse DH et gomme Maxxgrip. Avec ses 17.1 kg sur la balance, le bike affiche 1.5 kg de plus que la version Tuned.
Quand on y réfléchit, cela veut dire qu’on est tout de même à un peu plus de 1600€ du kilo gagné, on vous laisse juger de la rentabilité de l’affaire…
> SUR LE TERRAIN
Nous avons testé les DH sur les trails des Seiglières, de belles pistes tracées dans la forêt sous la station de Chamrousse, et tout particulièrement sur deux trails. Une première descente à l’ancienne, taillée dans la pente, avec beaucoup de racines, des zones rocailleuses, du dévers, des freinages cassants et quelques beaux jumps. Le tout dans une pente plutôt raide globalement. La deuxième descente est plus facile, offrant plus de flow et de virages relevés, se jouant davantage sur la conservation du rythme et du tempo. Deux trails bien différents qui couvrent à eux deux un large panel de situations. On y trouve toujours quelques zones cassantes avec des racines, mais elle est nettement moins rocailleuse. Lorsque l’on se met aux commandes du Gambler, on se sent immédiatement chez soi. Il offre une position hyper équilibrée et particulièrement agréable une fois debout grâce à une bonne hauteur de pilotage. Le guidon est bien large avec ses 800 mm et très bien shapé. Il est monté sur une potence de 50 mm non réglable en recul mais on est parfaitement installé tel quel. Pour ma part, j’ai attaqué la session de test DH avec ce Gambler et comme on est malin, on a directement attaqué par la descente la plus difficile des deux ! Cette piste met directement dans le feu de l’action, avec de la pente amenant immédiatement dans du dévers et des virages fuyants. Eh bien le Scott met tout de suite à l’aise. Dès les premiers tours de roues, on envoie comme si on avait toujours roulé en DH avec ce bike. Tout est naturel, le vélo s’adapte à votre façon de rouler et ne demande pas spécialement à être brusqué. Une sorte de DH universel. On peut piloter en souplesse avec des trajectoires bien rondes, tout comme un peu plus agressivement, c’est au choix. La facilité de prise en main, comme celle en action d’ailleurs, est vraiment de mise (encore plus sur cette version que sur le Gambler 900 Tuned testé l’année dernière d’ailleurs). Ce modèle, probablement du fait de son arrière en alu, est un peu moins rigide et s’avère plus tolérant à l’usage. Pas forcément moins efficace à notre avis, tout en étant plus ludique pour les pilotes les moins aguerris. Ce bike s’est avéré incroyablement docile pour aller chercher
des extérieurs tout en dévers pour ouvrir les virages. Il ne zippe pas et suit la ligne choisie sans rechigner. Il est aussi maniable dans les secteurs lents et sinueux, et fait preuve de changements de cap assez vifs quand le rythme augmente. Il ne s’affaisse pas exagérément sur les appuis et renvoie bien d’un angle à l’autre. En termes de maniabilité cette nouvelle génération de Gambler n’a plus rien à voir avec la précédente. Le bilan reste impeccable quand la vitesse augmente, qu’il y ait un virage relevé ou non. Là aussi le bike s’inscrit à la perfection sur la bonne ligne, la précision est parfaite. On peut se permettre de rentrer fort dès qu’il y a un gros appui, le bike ne se tasse pas dedans et ressort aussi vite qu’il y est entré. Pas de souci si le virage est à plat, l’adhérence sur l’angle est extra via des suspensions qui plaquent parfaitement les roues au sol. Le cadre est rigide sans pour autant être trop exigeant, ça reste humain à exploiter. Du coup le Gambler est ultra efficace en grandes courbes, tout comme dans les secteurs rapides et défoncés. Dans ces passages, sa grande stabilité et sa suspension qui consomme peu de débattement sur les impacts permettent de prendre une vitesse folle. Dans ce domaine aussi, ce modèle nous a semblé plus facile et plus confortable que le 900 Tuned. Un ressenti peutêtre également dû au fait que le poste de pilotage en alu doit travailler davantage que l’ensemble monobloc en carbone de la version Tuned. Quoi qu’il en soit, ça envoie sévère à son guidon ! On retrouve cette belle rigueur sur les sauts : les suspensions qui offrent un bon soutien ne se tassent pas sur les appels et le vélo se montre bien solide en réception. On se pose sereinement même dans des zones bien coton : le débattement n’est pas entièrement consommé en réception et le bike a de la réserve si la zone de landing est truffée de racines, comme c’était le cas pour l’un des drops empruntés sur la piste. Au freinage enfin, le Scott est impérial. La fourche offre un excellent soutien hydraulique et permet de conserver une assiette neutre, même dans des pentes très raides, tout en offrant un super confort. On peut freiner très fort de l’avant, ça ne bronche pas. Tout comme la stabilité, le grip de l’arrière ne porte à aucun reproche, ce Gambler est un régal quand il faut tirer sur les leviers. Un excellent bilan donc pour cette version 910, qui offre un excellent niveau de performance et conviendra à un très large panel de riders. C’est un DH comme on les aime, facile et efficace. Seuls les compétiteurs émérites trouveront un avantage dans la version 900 Tuned, encore plus rigoureuse et plus légère.