COL D’ALLOS

En aller-retour (ou pas), cette route mythique du Tour de France propose un paysage grandiose sur les gorges du Bachelard. Encore un col à plus de 2000 m d’altitude.

Véritable mythe du cyclisme, le col d’allos offre depuis Barcelonnette une longue montée sinueuse dans un paysage fait de canyons et de forêts avant d’atteindre les pâturages. À 2240 m d’altitude, le huitième plus haut col routier de France a vu passer le Tour de France à 34 reprises depuis 1911, particulièrement avant les années 70 et seulement trois fois depuis, et toujours en sens inverse dans cette époque moderne.

Depuis Barcelonnette, le départ est commun avec le col de la Cayolle. Sans vraiment s’en douter (la première fois), ce faux plat légèrement descendant qui se prend depuis le centreville, amène directement aux septième et huitième plus hauts cols routiers de l’hexagone. Impossible à deviner dans ces faubourgs qui s’étirent pour la simple raison que les grands cols ne vous font pas face de manière abrupte, mais usent de leur longueur pour masquer leurs intentions. On imagine une sortie au travers la montagne, mais on ne la voit pas. Absolument pas ! Grâce aux bornes qui maintenant jalonnent à peu près tous les cols de France, on peut juste se faire une idée : sommet à 23 ou 27 km, parfois davantage, bien trop long pour comprendre autre chose que c’est parti pour durer. On ne s’imagine pas vraiment ce que cela représente concrètement et pourtant on possède toutes les données : la distance, le dénivelé et pourtant, c’est déjà le désert des certitudes. La faute à l’expérience du cycliste. À force d’ascensions, on ne comprend qu’aucune ne ressemble à une autre, que le vent et les conditions météo peuvent complètement modifier la perception de l’effort et donc celle du souvenir, euphorique ou traumatique. Je radote souvent sur le thème que la pente moyenne sur un kilomètre ne veut rien dire en terme musculaire et psychologique : lorsqu’on passe cette borne indiquant 5% pour les mille mètres à venir mais qu’on se trouve toujours à appuyer sur les pédales dans un secteur raide, se crée un décalage. Comme un gagnant au

Loto qui regarde son compte en banque au moment du tirage. Une forme de « pourquoi ? ». Un grand col est donc une aventure que l’on aborde différemment selon ses objectifs : performer, faire la croix, ou franchir le col sans trop de dégâts vu la suite. Dans chaque posture, l’incertitude existe. Gérer l’effort et l’agression de l’altitude en espérant pouvoir tenir le rythme envisagé ou imposé par un autre, préserver suffisamment de forces pour poursuivre, ou remplir l’objectif en faisant la photo souvenir au sommet, voire valider sa carte des «7 cols ». Depuis Barcelonnette, c’est 17,5 km d’ascension pour 1100 m de dénivelé, pour un pourcentage moyen d’un peu plus de 6%. Cette montée pas trop difficile dans l’ensemble pour un grand col (gardons la mesure !), masque une première partie pentue, surtout au départ où l’on trouve les pourcentages les plus raides (5 km) le long, après l’intersection avec Praloup, d’une petite route en corniche dominant les gorges du Bachelard que longe la route du col de la Cayolle. La seconde partie, plus roulante à 5% sur 4 km, amène à la station des Agneliers qui permet de connecter le domaine skiable de Praloup à celui du Val d’allos sous l’appellation « Espace Lumière ». Les 9 derniers kilomètres, panoramiques, proposent une pente assez régulière de 7% en moyenne, avec parfois des passages plus raides et donc d’autres moins pour se hisser au sommet du col, espace naturel très récemment réhabilité pour être mieux mis en valeur. Mais dans ces derniers efforts, la vue sur les gorges du Bachelard donne une idée du Grand Canyon. Le Bachelard serait-il un cousin du Colorado ? Avec ces Ubayens et leurs rêves éveillés d’amérique, plus rien n’est impossible… À noter que chaque vendredi durant l’été, la route est interdite aux véhicules motorisés de 8h à 11h. Pour l’heure, sa réouverture est prévue fin juillet, après un énorme éboulement à la sortie de l’hiver.