Big Bike Magazine

HAUTE-UBAYE

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Incontourn­able, le vallon de Maurin-maljasset donne à l’ubaye L’ADN de son caractère exceptionn­el, sa signature, avec des villages d’altitude et un pont… Mais quel pont !!!

Les rivières sont un peu l’allégorie de la vie. Elles naissent, coulent de jours heureux et d’autres colériques, avant de se jeter dans les bras d’un autre et finir noyées dans l’immensité d’un océan et monter au ciel. L’ubaye n’échappe pas à cette règle immuable et rien n’est plus passionnan­t que de la remonter jusqu’à sa source.

Enfin, si vous êtes à vélo de route, le torrent aura déjà pris son envol lorsque vous serez contraint de descendre de machine. En gravel, on poussera un peu plus loin (jusqu’au plan de Parouart, un ancien lac comblé par les alluvions) alors qu’à VTT/AE, vous aurez l’opportunit­é de pousser l’aventure jusqu’au lac du Longet (voire le col éponyme pour les plus courageux), à la frontière italienne. Évidemment, selon l’engin et le but à atteindre, le point de départ ne sera pas le même. En VTT, vous pouvez attaquer la montée depuis Saint-paul-sur-ubaye ou carrément depuis Maljasset-maurin. À vélo, le départ se fait depuis notre camp de base de Barcelonne­tte par la route principale qui mène à Jausiers mais aussi au col de Larche et l’italie, d’où un trafic parfois important. Si jamais les conditions, ou votre humeur, feraient que cette section soit insupporta­ble, il est toujours possible de se rendre à Jausiers via Faucon-de-barcelonne­tte, le Bourget et l’argile). Pour les 7 kilomètres suivants, pas d’autre option en revanche que la route principale. Une fois l’intersecti­on entre cette route passante (interdite aux vélos pour les 3 années à venir) et celle menant au col de Vars, on peut lever le pied et profiter du paysage et de sa tranquilli­té. C’est d’ailleurs au pied du col de Vars que l’on prend la tangente pour traverser le village de Saint-paul-sur-ubaye. Attention, pour parvenir ici, il faut traverser deux tunnels dont l’un impose vraiment d’avoir un éclairage arrière a minima.

S’ensuivent quelques kilomètres en faux plat sur un revêtement discutable qui laisse présager le pire et donne aux amateurs de gravel le sentiment d’avoir l’outil adéquat pour grimper aux sources de l’ubaye. Pourtant, dès que la route se cabre, après les hameaux de la petite et grande Serenne, le revêtement redevient tout à fait correct. Un premier lacet met dans le ton avec une pente sévère et une surprenant­e apparition : un pont voûté semblant accroché au ciel ! Aller voir de plus près cet édifice dont on imagine mal la constructi­on sans faire des cauchemars devient alors une évidence. On prend à droite, direction Fouillouse, pour 3 bons kilomètres bien raides, comptez 10% de moyenne, parfois davantage, mais une route parfaite si ce n’est l’entrée du petit tunnel suivant le fameux pont, vraiment en sale état. Il n’est pas impossible que d’ici votre passage, elle aura été balayée…

Un conseil, prenez plutôt le temps de vous arrêter sur cet ouvrage d’art à la descente afin de rester concentré sur votre effort. C’est court, mais ça chauffe la cuisse ! Seules les marmottes, en bord de route, semblent vouloir vous encourager, dressées comme un public passionné par le spectacle. Comme dans tous ces hameaux d’altitude, les voitures sont invitées à se garer aux portes du village ce qui permet de les visiter sous leurs plus beaux atours, une bonne initiative qui devrait être la règle partout. Et si vous espériez que cette balade ne soit pour une fois pas un voyage en altitude, c’est raté, le village étant quand même à 1900 m, davantage si vous poussez un peu plus loin en mode gravel… À la belle saison, quelques auberges méritent un arrêt « tarte aux myrtilles » afin de profiter au mieux de ces endroits typiques et pour une fois, d’une sortie qui ne prendra pas toute la journée. Au retour, après avoir freiné au maximum pour franchir le tunnel plein de graviers, le pont vous attend, dominant l’impétueuse Ubaye de 120 m ! Les personnes sensibles au vertige en seront de leurs émotions. C’est magique mais ça l’est encore plus depuis la route menant à Maljasset, aux portes des sources de l’ubaye. Ce vallon paisible que l’on remonte facilement (juste 2 kilomètres un peu plus raides) offre un point de vue remarquabl­e sur ce pont accroché en plein ciel, ce qui lui donne un aspect céleste, comme s’il s’agissait d’une porte magique vers un autre univers. Sans emphase, c’est spectacula­ire. Spectacula­irement beau. Retour au bitume. On remonte cette longue vallée sans vraiment savoir où l’on va devoir stopper (du moins à vélo de route) sous le regard de sommets imposants au calcaire tourmenté, travaillé, sculpté. Deux kilomètres moins faciles rappellent que l’arrivée se joue à près de 2000 m, puis la traversée du joli hameau de la Barge offre sa chapelle Notre-dame-desneiges, accueillan­te avec son mobilier en mélèze, sa légère musique sacrée en fond musical et cette impression de sérénité qui s’en dégage que l’on soit croyant ou athée. Par les temps qui courent, les chapelles ouvertes deviennent denrée rare. Le toit en lauze tranche avec la blancheur de la chaux de sa façade, on sent bien le cousinage architectu­ral avec l’italie voisine.

« UN PREMIER LACET MET DANS LE TON AVEC UNE PENTE SÉVÈRE ET UNE SURPRENANT­E APPARITION : UN PONT VOÛTÉ SEMBLANT ACCROCHÉ AU CIEL ! »

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À Saint-paul-surubaye, l’entrée de la vallée de l’ubayette, le musée de la moto.
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 ??  ?? La jolie chapelle de Notre-dame-des-neiges, dans le vallon de Maurin.
La jolie chapelle de Notre-dame-des-neiges, dans le vallon de Maurin.
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