CIME DE LA BONETTE
En aller-retour ou pas, le passage obligatoire de votre séjour. À cocher sur les deux versants !
S’il est des routes mythiques, celle de la cime de la Bonette coche toutes les cases pour briller au firmament des cols qu’un cycliste doit faire au moins une fois dans sa vie de mangeur de goudron. Et pour bien des raisons, aussi diverses qu’incontournables…
D’abord, avec ses 2802 m d’altitude, il s’agit là de la plus haute route d’europe ouverte au trafic routier et même si ce n’est pas un col à proprement parler, elle prend sa source au col éponyme classé troisième plus haut col de France avec ses 2715 m, derrière l’iseran et ses 2764 m et le col Agnel à 2744 m. En Europe, seul le Stelvio italien et ses 2758 m discute dans la même cour même si le Pico Veleta, en Andalousie, a pu dominer les débats mais ses impressionnants 3398 m sont fermés aux voitures et donc, hors sujet. Pour la forme, sachez que l’on peut quand même l’escalader à vélo (43 km pour 2700 m de D+ !), depuis la fournaise de Grenade où il fait souvent plus de 40°… Bref, le col de la Bonette, c’est déjà du très sérieux. Mais la Cime, c’est encore autre chose. Cette route circulaire fait intégralement le tour de la Cime de la Bonette avec, d’un côté comme de l’autre, une belle rampe à franchir, courte mais qui impose de se mettre en danseuse. Un dernier effort à consentir pour se hisser sur le plus haut ruban d’asphalte d’europe, presque un rite initiatique. Sauf qu’avant d’atteindre le Graal, un long chemin de croix vous attend !
« Qui voit Jausiers va suer » pourrait être un proverbe local à la manière des Bretons qui aiment à dire « qui voit Molène voit sa peine » ou « qui voit Sein voit sa fin. » Enfin… Dès la sortie du village, on tourne à 90° pour entrer dans une nouvelle vallée que l’on estime sans fin, la neige semblant en ce début d’été verrouiller l’hypothétique passage en son sommet.
Et puis la route commence à pencher, côté ciel, mais gentiment, sans trop d’arrogance. Comme on se sait parti pour une longue montée, on prend sur soi, comme au départ d’un voyage où chacun comprend qu’il ne sert à rien de faire des bonds sur place, que l’on rentre dans le temps long, un monde où les secondes font bien une seconde (cent centièmes quoi !), mais en plus long niveau perception sensorielle. La première fois, il y a l’acceptation de cette épopée qui s’annonce, du défi à relever. La question n’est pas tant le dénivelé à affronter (1700 m de Barcelonnette, 1600 m depuis Jausiers), identique à tous les grands cols, mais le temps passé au-dessus de 2000 m d’altitude qui n’a de comparaison qu’avec les cols cités plus haut, c’est-à-dire l’iseran et le Galibier (côté Valloire), car il n’y a pas d’approche. Lorsqu’on sort de Jausiers, ça monte et pas en faux plat, pour ne pas s’arrêter si ce n’est de manière anecdotique (mais agréable quand même !).