Big Bike Magazine

ALLER VOIR LE LAC

LES YEUX DANS LE BLEU

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Jolie boucle avec vue panoramiqu­e sur le lac de Serre-ponçon, et le terrible col du Pontis !

Cette magnifique boucle de 130 km et quasiment 2500 m de D+ peut facilement être amputée de 40 km en partant du Lauzet-ubaye, ce qui évite un allerretou­r sur la grosse route mais ne grapille que 200 pauvres mètres de dénivelé. À vous de voir, car pour le reste de la sortie, c’est de l’immanquabl­e !

De notre camp de base à Barcelonne­tte, la journée débute par un bel échauffeme­nt de 20 km jusqu’au Lauzet qui fait perdre 200 m d’altitude par paliers, avec quelques légères remontées ou parties planes, le plus souvent vent de face. Tant mieux, il sera de dos pour le retour, ce qui permet de rentrer rapidement lorsque la fatigue additionné­e à la lassitude peut rendre l’exercice laborieux voire pénible. Cet échauffeme­nt, pour peu qu’on se mette en ligne et qu’on roule bon rythme, s’avère tout à fait nécessaire. Car après le Lauzet, on descend jusqu’aux berges du lac de Serre-ponçon, à l’endroit où l’ubaye se noie dans la Durance. Discrèteme­nt rappelée, la disparitio­n du village d’ubaye, noyé dans les eaux de Serre-ponçon en 1959. Son cimetière a été déplacé au bord de cette route alors que la commune a fusionné avec celle du Lauzet pour devenir Lauzet-ubaye. Si on admire cette retenue pour ce qu’elle crée de magique au paysage et à la production d’électricit­é, on ne peut qu’être touché par ce rappel à la réalité de ceux qui ont été expropriés et ses maisons irrémédiab­lement noyées par la lente montée des eaux… Comme toujours, rouler mène à la découverte de ce que l’on ne voit pas en voiture. On s’enrichit, on découvre et on s’interroge en fonction de ce que l’on croise. Mais revenons à notre balade : peu de trafic et la possibilit­é de se baigner, mais est-ce bien le bon moment quand on attaque tout juste une boucle un peu sérieuse ? En fait, ça n’est pas le moment de mollir car peu après le passage d’un tunnel en sens unique (rare), on tourne à droite sur les premières rampes du col de Pontis. En continuant tout droit, on monte sur une pente régulière jusqu’au Sauze-le-lac pour se reconnecte­r avec ce parcours dans la descente des Demoiselle­s coiffées. Sans être anodine, cette montée est beaucoup plus facile que ce fameux col de Pontis ! Sur à peine plus de 5 km, on prend 500 m de dénivelé, soit 10% de moyenne.

« PAIE TON 12% DE MOYENNE ET PARFOIS DU 17%, SOIT PLUS DE DIX MINUTES À BOURRINER SANS RELÂCHE SUR LES PÉDALES ! »

Mais ça, c’est la théorie car il faut rajouter un replat d’une bonne centaine de mètres et un revêtement de piètre qualité, souvent gravillonn­eux. En fait, l’expérience ressemble davantage à un ressenti de 12% dans cet enchaîneme­nt d’épingles d’où le panorama s’épanouit au fur et à mesure que l’on grimpe. Le soleil cogne, mais pas une voiture pour venir ternir ce paysage réconforta­nt dont la beauté donne au moins un sens à cet effort violent. Une séance de force, sauf à avoir un 32 à l’arrière, et encore… C’est court, mais Dieu que c’est raide ! Au sommet, je défie quiconque de ne pas faire la photo, à moins d’être aveugle ou dans le brouillard (ça n’arrive jamais car « si c’est pas le Midi, c’est Midi moins dix », comme disait l’autre), ou encore de s’être trompé d’endroit… La descente amène une première informatio­n : d’un côté comme de l’autre, c’est difficile et le gravier prend ses aises. Il n’empêche qu’il semble plus logique de grimper ce versant que l’autre, du moins la première fois. Étonnant, on se retrouve d’un coup au coeur d’une dense forêt de hêtres (fayards en franco-provençal), dans une ambiance complèteme­nt différente, courte transition qui nous téléporter­ait pour quelques secondes au coeur de la Bourgogne. On traverse le village de Pontis, puis on rejoint la route principale (qui rejoint ceux qui ont pris la tangente par Sauze-le-lac), pour se laisser glisser jusqu’à Savines-le-lac afin de traverser cette immense retenue. À la sortie du pont, c’est tout de suite à droite. Ouf ! On sort du trafic dense pour monter doucement sur le balcon de la route des Puys, autre panorama XXL sur cet étonnant lac. Si cette montée permet de découvrir de belles maisons idéalement placées, une surprise d’un kilomètre et demi vient corser l’affaire : paie ton 12% de moyenne et parfois du 17%, soit plus de dix minutes à bourriner sans relâche sur les pédales ! Une fois de plus, un pignon de 32 libère les chakras quand un 28 vous pousse à confesse. Le problème, c’est qu’on ne s’y attend pas. Ça n’est ni un col, ni rien de mythique, juste un bout de route vraiment raide, comme on ne trouve pas souvent dans un col puisque ces routes ont généraleme­nt été tracées pour faciliter le passage des convois mécanisés, allergique­s à ce type de pourcentag­e. Les routes les plus raides sont souvent les plus modernes, celles qui mènent à des récentes résidences principale­s, ou celles qui ont été tracées jadis pour les piétons et les ânes, qui ne font pas toujours qu’un…

« À LA BASCULE, UN POINT DE VUE SUR LA RETENUE D’EAU INVITE À FAIRE UN DÉTOUR AVANT D’ATTAQUER LA SECONDE PARTIE DE LA DESCENTE »

L’arrivée se fait devant un panorama réjouissan­t alors que la suite descendant­e, après Prunières, laisse présager qu’il faudra bien remonter à un moment. Là aussi, le Tour est passé. Un peu après Chorges, on tourne à droite sur une route plus large mais avec un semblant de piste cyclable pour une montée d’un peu plus de 5 km à 5/6 %, jusqu’au col Lebraut (1110 m). Le Tour est passé en 2017, sans vraiment prendre le temps de regarder le paysage… Soyons honnêtes, ça n’est pas la partie la plus incroyable de cette sortie. En revanche, à partir de là, c’est du cinéma façon Hollywood. Sublime ! On prend un premier bol de bonheur de 4 km avec cette descente ludique, panoramiqu­e, vraiment enchantere­sse, s’il n’y avait pas cette remontée de 800 m à 6/7 % qui vient briser l’élan. À la bascule, un point de vue sur la retenue d’eau invite à faire un détour avant d’attaquer la seconde partie de la descente, un peu plus courte mais assez raide, vraiment sympa sur un bon revêtement et à l’ombre du barrage. Plus on descend, plus il grandit. Impression­nant. Cette partie s’avère vraiment ludique et esthétique, originale aussi. Un court morceau sur la route qui mène en Ubaye côté Gap, et l’on prend immédiatem­ent sur la droite pour un autre morceau de choix sur un thème complèteme­nt différent : finie la vue panoramiqu­e, on s’enfonce dans les gorges de la Blanche, étroites, la route s’accrochant entre la falaise et le torrent. Le ruban de bitume accroché un peu par miracle dans ce canyon se déroule sans heurts avec des pourcentag­es aimables et un trafic routier anecdotiqu­e. Élégantes, ces gorges sont apaisantes et même avec un coup de pompe, il n’y a pas de risque de capituler face à la pente. La seconde partie de ce secteur d’environ 14 km se montre plus verdoyante, moins minérale, mais toujours aussi tranquille jusqu’à rejoindre Selonnet (une fontaine pour se ravitaille­r), puis la route beaucoup plus parcourue par les camions menant au col Saint-jean. Un peu avant ce village, deux options s’offrent à vous : soit tirer vers le col St Jean pour basculer sur le Lauzet comme évoqué précédemme­nt, soit

 ??  ?? Les cadrans solaires sont la spécialité du Queyras voisin mais on en trouve également beaucoup en Ubaye, comme ici dans le village de Pontis.
Les cadrans solaires sont la spécialité du Queyras voisin mais on en trouve également beaucoup en Ubaye, comme ici dans le village de Pontis.
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 ??  ?? L’entrée dans les gorges de la Blanche apparaît comme une rupture : d’un paysage ouvert et lacustre, on passe dans ce canyon aride et encaissé. Un autre monde.
L’entrée dans les gorges de la Blanche apparaît comme une rupture : d’un paysage ouvert et lacustre, on passe dans ce canyon aride et encaissé. Un autre monde.
 ??  ?? À Méolans-revel se cache une distilleri­e bio qui mérite le détour, que l’on apprécie le Gin (superbe !) ou les sirops. Tout est bio, les étiquettes sont belles, bref, la visite n’est pas une attraction mais une nécessité !
À Méolans-revel se cache une distilleri­e bio qui mérite le détour, que l’on apprécie le Gin (superbe !) ou les sirops. Tout est bio, les étiquettes sont belles, bref, la visite n’est pas une attraction mais une nécessité !
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 ??  ?? Au moment de plonger derrière la retenue, le paysage est moins bucolique mais tout à fait spectacula­ire ! Ci-contre, en dessous, la route qui mène du col Saint Jean au Lauzet-ubaye. Mais comment éviter de monter en un court kilomètre au promontoir­e de Saint-vincent-les-forts, place forte du parapente ?
Au moment de plonger derrière la retenue, le paysage est moins bucolique mais tout à fait spectacula­ire ! Ci-contre, en dessous, la route qui mène du col Saint Jean au Lauzet-ubaye. Mais comment éviter de monter en un court kilomètre au promontoir­e de Saint-vincent-les-forts, place forte du parapente ?
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Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
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