UNE BELLE MACHINE POUR LES TERRAINS TECHNIQUES.
Sur le Turbo Levo, l’angle de selle est plus redressé que sur le modèle SL, donc la position en montée est plus confortable quand c’est raide. En descente, c’est parfait via une potence de 50 mm qui reçoit un guidon super bien shapé de 780 mm, plus un reach généreux qui laisse de la place au pilote. En montée, l’assistance est parfaitement modulable sur tous les modes, la puissance n’arrive pas avec violence, même en Turbo, parfait pour gérer sa motricité. Et il n’en manque pas de motricité ce Turbo Levo : la suspension arrière est vraiment super onctueuse en début de course et efface littéralement le relief en plaquant à la perfection la roue arrière au sol. Aucun rebond, il y a de l’appui en permanence. On a réussi des passages très raides et couverts de feuilles mortes trempées sans jamais poser pied à terre, la fleur au fusil même. En revanche, l’assistance ne se coupe pas toujours net à l’arrêt du pédalage. Et dans les secteurs les plus techniques, comme la négociation d’épingles tendues en montée, ça peut être problématique. Il arrive que l’assistance pousse un peu trop longtemps et sorte complètement le bike de la trajectoire. Il faut vraiment anticiper l’arrêt du pédalage, quitte à finir l’approche sur l’élan. Ça demande un peu d’habitude et ce n’est pas très efficace, on est évidement plus rapide quand on peut pédaler jusqu’au bout. Étrangement ce petit désagrément n’est pas systématique et arrive surtout lorsque l’on pédale sur de grosses fréquences de rotation. Dommage, le Specialized est assez maniable, sa bonne position permet de bien charger l’avant et de conserver de la précision pour se faufiler dans les passages raides et techniques. Les bases raisonnables permettent aussi de virer assez court pour la catégorie. En descente, on est d’abord frappé par l’excellent confort du vélo. Le bike est vraiment collé au terrain et offre une adhérence extra, excellent dans les parties purement enduro avec des racines et des rochers, où le confort de ses suspensions fait mouche. La suspension arrière est assez linéaire, on consomme du débattement mais ça pose le vélo au sol et ça soulage le pilote physiquement. Ce dernier est bien isolé du terrain, un régal pour les cuisses. On ressent aussi ce confort au freinage, où le bike se montre diablement efficace. La roue arrière reste posée au sol en offrant une adhérence extra. Avec la fourche qui ne plonge pas et qui permet de conserver une bonne assiette, la stabilité est aussi au rendez-vous et ce vélo fait partie de ceux avec lesquels il est permis de freiner très très tard, sans se fatiguer de surcroît. Ensuite il s’inscrit facilement en courbe et offre une super adhérence sur l’angle. À ce jeu, la rigidité du châssis est bien dosée et offre beaucoup de tolérance. On s’est régalé à son guidon sur un trail des Seiglières peu pentu et qui serpente gaiement entre les arbres La maniabilité reste irréprochable dans les épingles fermées, on peut entrer fort, la fourche a du soutien, la roue avant prend bien et ensuite l’arrière est super facile à faire pivoter. Une facilité que l’on ressent aussi dans les virages avec ornières, où le vélo n’engage pas exagérément et reste super docile. Si les virages s’enchaînent très rapidement, le Turbo Levo peut manquer d’un peu de dynamisme en revanche. Les changements de cap sont un
EN DESCENTE, ON EST D’ABORD FRAPPÉ PAR L’EXCELLENT CONFORT DU VÉLO. IL EST VRAIMENT COLLÉ AU TERRAIN ET OFFRE UNE ADHÉRENCE EXTRA, EXCELLENT DANS LES PARTIES PUREMENT ENDURO AVEC DES RACINES ET DES ROCHERS.
peu mous pour rivaliser avec les meilleurs dans les sections les plus rythmées. On s’est retrouvé un peu à contre-temps sur un trail où les 200 premiers mètres sont un pur super-g entre les arbres. L’arrière durcit assez tard sur sa course, ce qui est pénalisant dans ce domaine. Cette souplesse de l’arrière, qui fait par ailleurs sa force dans son registre, est aussi son point faible dès lors que l’on cherche à sortir un peu du programme. Lors de la session de test aux Seiglières, on l’a aussi essayé sur des trails plus engagés, plus raides et plus cassants, avec des jumps. Bref, un peu plus typés DH. Là on est tout de suite moins à l’aise. Dans les portions vraiment détruites, on vient assez facilement à bout du débattement et le confort vient à manquer dans les successions de (gros) impacts. Même constat en réception de saut, la suspension arrière manque un peu de progressivité pour mettre le pilote en totale confiance sur les plus gros jumps. D’autre part, on consomme beaucoup de débattement dès l’appel, ce qui rend un peu délicate la gestion de l’assiette. On aura essayé donc, mais en même temps le Turbo Levo n’est pas un Kenevo ! Celui qui veut s’envoyer des runs de gaillards a une autre option dans la gamme Specialized et le Turbo Levo est parfaitement configuré pour son programme. C’est un vrai vrai vélo All Mountain/enduro qui facilite la vie en terrain naturel et technique, et qui ne chasse pas sur les terres du Kenevo. Ceci dit, si les sauts sont raisonnables il n’y a pas de problème : on a tout de même sorti une ligne de six doubles consécutives (pas monstrueuses mais techniques, car avec peu d’espace entre elles). Ce n’est pas le roi de la conservation de vitesse, mais il en a gardé assez pour qu’on ne se mette pas court. Au niveau de l’autonomie, difficile d’estimer avec précision ce qu’il est possible de faire avec cette batterie de 700 Wh, car une grosse partie des tests a été réalisée par temps glacial, ce qu’aiment modérément les batteries Li-on. Par bonnes conditions météo, on a fait une boucle de 800 m de D+ en full Turbo, en utilisant les 2/3 de la batterie. Donc potentiellement on peut atteindre les 1200 m de D+ à fond, avec un pilote de 70 kg. Plus tard, les seules fois où l’on a tenté du 100% Eco, les températures oscillaient entre -3° et +1° et on n’a pas réussi à aller chercher les 1500 de D+. Mais le mode Eco pousse bien sur le Spe, ce n’est pas un mode qui compense juste le poids du vélo et où l’on roule comme en musculaire. Toutefois il nous semble que le moteur du Specialized est un peu plus gourmand en énergie qu’un Bosch ou qu’un Giant, qui font office de référence dans ce domaine. Mais rassurez-vous, il y a déjà de quoi faire !