Big Bike Magazine

UN E-BIKE TRÈS PROCHE D’UN MUSCULAIRE

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Le poste de pilotage du Specialize­d est parfait, avec un guidon au shape assez relevé et hyper agréable. Le poste de pilotage est haut, offrant une position parfaite debout en descente. Au pédalage, l’angle de selle renvoie un peu plus sur l’arrière que sur un Turbo Levo classique ou même que sur un Stumpjumpe­r EVO, mais ça reste assez confortabl­e. Il n’y a que dans le très raide que c’est un peu plus gênant, surtout parce que l’on s’est trop bien habitué aux angles de selle très droits. Pour les premiers tours de roues aux commandes de ce Turbo Levo SL, on part directemen­t se frotter en descente à deux trails bien raides avec du dévers. Il faut dire qu’on le connaît déjà ce vélo, pour l’avoir testé l’an dernier. Cette boucle est d’ailleurs effectuée dans la foulée d’un ‘’vrai’’ E-bike et la différence d’engagement que l’on peut mettre dans le raide est flagrante. On subit beaucoup moins le poids et on peut freiner quasiment aussi tard qu’en musculaire. La légèreté et la vivacité du vélo permettent de rouler un ton au-dessus et on prend clairement plus de plaisir sur ce genre de parcours. Le bas du deuxième trail du jour est moins raide mais plus cassant, il comporte quelques sauts également, un domaine où le Turbo Levo SL 2021 nous avait laissés un peu sur notre faim. Clairement, et sans véritable surprise, les suspension­s plus haut de gamme apportent un gros plus dans ce registre. Le vélo gagne beaucoup en termes de rigueur, la fourche ne s’essouffle plus et à l’arrière, avec les compressio­ns fermées au , on prend toujours le débattemen­t mais on ne talonne plus violemment sur les grosses réceptions ou sur les cassures sèches. On peut enfin pleinement exploiter le potentiel du châssis et on est plus serein dans les parties très rapides. Par rapport aux E-bikes classiques, le vélo reste un peu moins sécurisant, moins collé au terrain pour un rider peu aguerri, mais un pilote expériment­é y trouvera son compte puisqu’il pourra jouer davantage avec le terrain. Ce Turbo Levo SL réagit bien mieux aux bunny-up par exemple. Dans les portions sinueuses, il vire court et fait preuve de très bons changement­s d’appuis, c’est d’ailleurs l’un de ses gros points forts. Sur les trails vraiment sinueux et pas très rapides, peu d’e-bikes seront en mesure de tenir le rythme du petit Spe. Son poids plume autorise des lignes tendues qui permettent de gagner beaucoup de temps. Au freinage, le Turbo Levo SL gagne aussi beaucoup en efficacité. La fourche a une bien meilleure tenue, elle plonge moins, l’assiette du bike est meilleure et la stabilité monte d’un cran. Tout comme le confort d’ailleurs, ça tape moins dans les mains. En grande courbe, il s’inscrit avec précision sur la trajectoir­e et offre un bon grip, même si là encore on ne se sent pas aussi posé sur l’angle qu’avec les gros E-bikes. Il se pilote comme un musculaire donc il faut aller chercher le grip en engageant un peu les épaules là où un VTT AE classique, avec le poids naturellem­ent porté sur l’avant par la batterie et des bases souvent longues, tient quasiment tout seul sur l’angle. Néanmoins, on note que dans ce domaine aussi il progresse, il est plus rigoureux et plus enclin à virer rapidement en mode attaque. Dernier gros avantage en descente par rapport à un électrique classique, ce Spe pédale vraiment super bien au-delà de la zone d’assistance et les relances au-dessus de 25 km/h valent le coup. Avec ces progrès en descente, le vélo devient encore plus séduisant. En montée en revanche, on retrouve exactement le comporteme­nt décrit lors des tests de l’an dernier, à savoir une assistance bien présente mais qui ne pousse pas très fort. Quand on roule seul avec le vélo c’est gé

PAR RAPPORT AUX E-BIKES CLASSIQUES, LE VÉLO EST UN PEU MOINS SÉCURISANT, MOINS COLLÉ AU TERRAIN POUR UN RIDER PEU AGUERRI, MAIS UN PILOTE EXPÉRIMENT­É Y TROUVERA SON COMPTE PUISQU’IL POURRA JOUER DAVANTAGE AVEC LE TERRAIN.

nial, musculaire­ment l’assistance soulage et permet de taper des montées dans lesquelles on coince habituelle­ment en vélo classique. Le rythme cardiaque est plus bas, le couple est suffisant et on peut se reposer dessus pour les passages les plus durs. En revanche, dans le raide il faut avoir la même attitude qu’en musculaire et s’avancer sur le bec de selle, d’autant qu’avec son angle de selle pas spécialeme­nt droit, le vélo se montre léger de l’avant et cabre assez facilement. Par contre, il est ultra maniable dans les épingles, il vire très court et facilement. Sa motricité est extra, on peut le rouler en permanence avec la suspension ouverte et comme elle est assez linéaire, c’est un bel avantage en bosse. La roue arrière est constammen­t plaquée au sol et mord bien dans le terrain. Comme l’assistance est douce, avec un couple disponible dès les plus basses fréquences de pédalage, on gère les conditions d’adhérence précaires avec beaucoup de facilité. Ce Turbo Levo SL est sympa dans les montées coriaces et techniques. Au niveau de l’assistance, on ne sent pas de gros écart quand on monte dans les modes, pas de quoi être déstabilis­é. D’ailleurs la différence est même parfois quasiment impercepti­ble quand on passe du mode Eco au mode Trail par exemple. En revanche, dans l’autre sens, on le note assez vite ; eh oui, dès que l’on vous aide un peu moins, ça se sent tout de suite… Par contre, ce n’est pas la punition de descendre de mode comme ça peut l’être sur certains E-bikes classiques. Le mode Trail est celui que l’on a le plus roulé avec ce vélo, l’assistance permet de bien accélérer sa vitesse moyenne tout en n’étant pas trop énergivore. Sur des boucles typées montagne avec des bosses exigeantes, on peut tabler sur 1200 à 1300 mètres de dénivelé. Pas mal avec seulement 320 Wh. En termes de vitesse, on s’est fait une petite séance de chrono sur un pétard bien raide d’environ 150 mètres de dénivelé, le genre de montée où l’on met tout à gauche en musculaire. En Turbo, on gratte 40% du temps par rapport au musculaire avec moins de fatigue, mais on reste 40% moins rapide qu’avec un Turbo Levo en Turbo également. Bien sûr, en différenti­el de temps brut, l’écart est plus conséquent entre un musculaire et le Turbo Levo SL qu’entre le Turbo Levo SL et le Turbo Levo. Mais l’écart en pourcentag­e nous paraît plus parlant. C’est pourquoi on disait que ce vélo est génial quand on roule seul. Avec d’autres mecs en VTTAE classique, c’est dur de suivre le rythme. Donc ce vélo est top, il n’y a pas photo, mais pas facile de lui trouver un acheteur type. Lorsque l’on demande aux testeurs s’ils ont aimé ce vélo, ils sont unanimes et se sont tous régalés avec. En revanche, est-ce qu’ils l’achèteraie­nt ? La réponse est non. Quitte à rouler en électrique, ils en prendraien­t un doté d’une grosse autonomie en conservant leur musculaire à côté. Pour nous ce type de bike s’adresse surtout à ceux qui souffrent le week-end lorsqu’ils roulent avec leurs potes d’un meilleur niveau qu’eux. Avec ce genre de bike, ils raccrochen­t sans problème le bon wagon et reprennent le goût de rouler sans en baver, en s’amusant autant que leurs potes en musculaire­s en descente.

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