UN E-ENDURO AUSSI SÉDUISANT QUE POLYVALENT.

On est parfaitement installé aux commandes de ce Sunn, encore mieux que l’an dernier car le guidon s’élargit un peu, à 780 mm. Il est monté sur une potence de 45 mm qui s’accorde bien au tube supérieur assez long. Le tube de selle bien droit fait que l’on n’est pas trop allongé et donne même la sensation de piloter un bike assez compact. Le compromis montée/descente est parfaitement équilibré. D’ailleurs le Kern EL est agréable au pédalage, le moteur Shimano EP8 est vif mais reste parfaitement gérable dans les portions techniques ou l’adhérence est précaire. Dans ce cas de figure d’ailleurs, on préfère se servir du mode Trail car la puissance arrive de manière plus facile à doser. C’est un mode où l’on ne va pas chercher le couple maximum du moteur suivant l’effort exercé sur les pédales. On peut pédaler en souplesse dans les passages à faible motricité et dès que l’on récupère un bon grip, on peut y aller plus franchement, le moteur envoie presque les watts comme en mode Boost. Notez que lorsque les conditions de grip sont vraiment trop aléatoires, le mode Boost est un peu trop violent pour que la roue arrière accroche comme il faut. D’un point de vue dynamique, le Sunn est maniable en montée, son angle de selle droit permet de bien gérer les ascensions raides et son encombrement raisonnable lui confère beaucoup d’aisance dans les épingles les plus serrées. Il ne rivalise pas encore avec les tout meilleurs, qui virent aussi bien que des musculaires, mais on trouve également bien pire. On peut se reposer sur la roue arrière chaussée en 27.5+ pour pardonner les petites erreurs de trajectoires. Le gain d’adhérence apporté par le gros pneu est indéniable dans les montées techniques. Quand ça devient cassant, le bike ne se tanque pas dans les difficultés, là encore la bonne position facilite le transfert des masses pour se hisser au sommet des marches. Le Kern ne bute pas, sa suspension arrière travaille sans freiner l’ensemble, c’est un vélo à la fois facile et efficace en bosse. Quand c’est vraiment trash au niveau de la pente, Shimano a beau annoncer un couple à hauteur de la concurrence, on sent que ça pousse moins. On grimpe, aucun souci à ce niveau, mais moins vite. D’ailleurs on entend toujours le moteur forcer quand la pente s’agace franchement, ce qui se ressent également en termes d’autonomie. Dans des boucles sans plat, avec uniquement des montées (raides) et des descentes, on a passé un peu plus de 1000 mètres de dénivelé uniquement en Boost et 1500 mètres en Eco (avec un pilote de 70 kg aux commandes). Pas mal, mais on pouvait s’attendre à mieux avec 630 Wh de batterie : à titre de comparaison, on franchit 1700 mètres en mode Tour avec un moteur Bosch et une batterie de 625 Wh (le mode Tour pousse à peu près comme le mode Eco que l’on a sur le Sunn). En descente, ce bike est vraiment un modèle de tolérance. Lors d’une session de test sur un terrain vraiment délicat, avec des rochers et des racines mouillés de par

EN GRANDES COURBES, LE KERN EL S’INSCRIT PARFAITEMENT DANS LA BONNE LIGNE ; ON PEUT PASSER HYPER PROPRE OU DÉCIDER D’ENTRER EN GLISSE DE L’ARRIÈRE, LE VÉLO S’ACCOMMODE DES DEUX SANS PROBLÈME. SI DÉRIVE IL Y A, ELLE EST PROGRESSIVE ET HYPER FACILE À CONTRÔLER, ON RESSENT JAMAIS LE MOMENT DÉSAGRÉABLE OÙ LA ROUE DRIBBLE.

tourt, alors que l’on venait de se faire un run calvaire avec un vélo hyper rigide, le Kern EL nous a épatés. À son guidon, on a immédiatement retrouvé de bonnes sensations et du plaisir à rouler. Son châssis en aluminium à la rigidité agréable et son gros pneu arrière qui gomme bien le terrain apportent une tolérance de folie sur les terrains difficiles. Il devient facile de tenir ses trajectoires, même quand le sol est truffé de racines et de pierres. Pour autant, il n’est pas dépaysé quand l’adhérence est au rendez-vous et que l’on peut piloter plus agressivement. C’est un bike stable à haute vitesse et vraiment très confortable. Bien plus que celui testé l’an dernier d’ailleurs, grâce à une fourche qui se durcit un peu plus tard sur sa course. C’est moins physique à piloter sans être moins efficace. Le Kern EL progresse aussi nettement au freinage. Le modèle 2021 faisait déjà preuve d’un bon comportement, mais pâtissait de freins qui manquaient de puissance. Les Cura 4 redonnent des couleurs au tableau : on ne force jamais sur les leviers, on freine très fort tout en dosant parfaitement et du coup on peut exploiter au mieux les qualités du vélo. En grandes courbes, il s’inscrit parfaitement dans la bonne ligne ; on peut passer hyper propre ou décider d’entrer en glisse de l’arrière, le vélo s’accommode des deux sans problème. Si dérive il y a, elle est progressive et hyper facile à contrôler, on ressent jamais le moment désagréable où la roue dribble. Dans les enfilades rapides de virages, comme le long des talwegs en montagne, le Sunn reste assez vif et amusant à piloter. Ce n’est pas un vélo qui demande à être brusqué, il, est docile et se laisse emmener facilement. C’est un trait de caractère que l’on a retrouvé lors de pures sorties en montagne, avec des marches raides et engagées ou des épingles très serrées à franchir. Dans les deux cas on peut s’appuyer sur la géométrie et l’excellent soutien de la fourche. Elle ne s’écroule pas au pied des marches ou dans les épingles ultra fermées, au moment où presque tout le poids du vélo et du pilote passe sur l’avant. On peut tranquillement repousser les limites de L’OTB, et on prend la confiance nécessaire pour se lancer dans les passages les plus chauds. On peut aller attaquer sur des trails préparés ou bien s’aventurer sur des singles techniques en montagne, la polyvalence du Kern EL est telle qu’il ne mettra pas son pilote en difficulté. Même chose côté pilotage : il s’accommode très bien d’un riding à l’attaque grâce à un ensemble châssis/suspensions rigoureux mais il sait aussi rester facile, tolérant et amusant à des rythmes moins soutenus le jour où l’on a envie de cruiser à la cool. Un E-bike vraiment réussi.