UN PETIT DÉBATTEMENT QUI ENCAISSE COMME UN GRAND !
ON A LA SENSATION DE NE JAMAIS VENIR À BOUT DU DÉBATTEMENT, PAS DU TOUT L’IMPRESSION DE N’AVOIR ‘’QUE’’ 146 MM À L’ARRIÈRE.
Sur ce Reign SX, on arrive en terrain connu puisqu’on retrouve exactement l’excellente position offerte par le Reign Advanced publié en Focus au printemps.
On est bien centré sur le vélo, avec un angle de selle bien droit qui apporte énormément de confort et d’agrément dans les montées raides. Le cintre large (800 mm) et bien dessiné est monté sur une potence très courte (40 mm) qui procure un excellent poste de pilotage lorsqu’il s’agit d’envoyer en descente. Une pure position enduro, des plus polyvalentes aussi. En montée, si on sent que le vélo est plus lourd que son homologue en carbone, on n’a pas vraiment à se plaindre de son comportement. L’amortisseur ne bronche pas au pédalage si bien que l’on n’a jamais besoin de faire usage du blocage. On roule 100% du temps ouvert. Au train il s’emmène bien, ce n’est certes pas une arme pour claquer des temps en bosse mais il n’est pas épuisant pour autant, son poids se fait oublier. Il est même plutôt réjouissant en montée technique, où son angle de selle particulièrement redressé le rend super maniable dans les épingles bien serrées en montée. D’autre part il n’est pas sensible au cabrage, on peut rester bien en place sur la selle et profiter d’une motricité extra. Une qualité déjà louée sur le modèle en carbone testé quelques moins plus tôt. On a juste un peu moins de performance pure, un peu moins de dynamisme. En descente en revanche, on a vraiment affaire à deux bikes très différents malgré des géométries rigoureusement identiques. Là où le Reign Advanced est très facile et très confortable, ce modèle en alu se montre un peu plus exigeant physiquement mais il dévoile d’autres qualités. On sent tout de suite qu’à l’arrière, le vélo travaille plus haut dans le débattement. Il se durcit plus vite, donnant une impression moindre de confort, par contre il encaisse le terrain à merveille et se montre très performant dans les sections les plus défoncées. On a la sensation de ne jamais venir à bout du débattement, on n’a pas du tout l’impression de n’avoir ‘’que’’ 146 mm de débattement. Au freinage par contre, le bike est moins doux, moins collé au terrain. On subit un peu plus, même dans les bras, comme si frontalement cette version alu était plus rigide que celle en carbone. Peut-être que le fait de travailler plus haut à l’arrière porte davantage de poids sur les bras, d’où cette sensation de taper un peu plus dans le terrain… Ce qui est sûr, c’est que ce Reign SX est plus rigide en latéral, on le sent dans les longues courbes sans appui, garnies de racines. Le vélo reste humain à rouler toutefois, un peu moins facile mais efficace, le grip est bien présent. Ce bike a plus de caractère que le carbone, il est moins docile mais reste très agréable à piloter. En virage il est précis et très vif dans les portions rapides très sinueuses, avec des changements de cap bien incisifs. Son boîtier de pédalier assez bas l’aide à ce jeu-là, comme sa suspension arrière qui consomme peu de débattement sur les appuis. On a moins de mouvements de suspension sur les appuis et les changements d’angle gagnent en efficacité. D’autre part, en dynamique l’angle de chasse reste un peu plus fermé et permet de conserver un train avant plus incisif. Un régal pour les pilotes portés sur l’attaque d’autant plus que le Rei
gn SX est royal dans les appuis : on peut aller y taper très fort, il ne s’ancre pas et ressort avec un max de vitesse. Pour en terminer avec le comportement en virage, aucun souci dans les épingles très raides, très lentes et très fermées. La géométrie offre un très bon compromis : l’angle de chasse ouvert, le boîtier assez bas et l’empattement raisonnable permettent de s’affranchir des épingles les plus difficiles avec brio. Dans les longs bouts droits cassants il n’est pas aussi stable que les références testées dans ce numéro. Encore une fois, il semble moins collé au terrain, plus prompt à gigoter un peu, mais jamais au point de faire des frayeurs à son pilote. Il demande juste un poil plus de poigne quand c’est détruit et un peu plus de physique. C’était assez sensible dans un goulet raide et bien cassant emprunté pendant les tests. On a été aussi vite qu’avec les autres bikes, mais nos cuisses ont plus souffert et il a fallu rester concentré. Pas moyen de se relâcher un peu. D’ailleurs sur ce point, la différence avec le Reign Advanced testé en Focus est flagrante, car ce dernier permettait de rouler un peu plus détendu. En revanche, et paradoxalement, il reste très facile et très tolérant dans les dévers vicieux pleins de racines. Il ne zippe pas violemment et reste bien accroché au terrain. Cette suspension arrière qui durcit plus vite que celle des versions à ressort pneumatique lui confère également un comportement hyper plaisant dans les enchaînements de sauts. Un de nos trails se termine par une série de six doubles consécutives plus un septième saut en mode tremplin. L’entrée de la ligne catapulte bien et est décisive pour la suite. Dans ce secteur, le Giant s’est montré comme l’un des vélos les plus performants en termes de vitesse de passage. Vraiment gaillard en déception (encore une fois, on est loin de penser rouler avec un peu moins de 150 mm de débattement arrière), il ne perd pas un poil de vitesse en se posant et c’est un régal tout au long de la ligne. Il ne se comprime pas exagérément sur les appels et se montre agile en l’air, vraiment amusant à rider. Un petit jouet dans ce registre. Ce Reign SX est donc un bike séduisant en action, et à défaut d’être vraiment performant au pédalage, il permet de bien s’amuser en descente sur un très large panel de terrains. Pistes rapides et flowy avec des bons jumps, ou sentiers techniques, il est à l’aise partout. Plus exigeant que la version carbone et son amortisseur pneumatique, il reste néanmoins humain à piloter. À ce tarif, le vélo offre un excellent potentiel mais si on n’aurait pas été contre une transmission un cran au-dessus.