Big Bike Magazine

- COL DU GALIBIER

- TEXTE : LAURENT BELLUARD - PHOTOS : HUGO CLÉCHET

Sommet de la région avec ses 2642 mètres d’altitude, il est le quatrième plus haut col routier de France. C’est donc un incontourn­able pour ceux qui n’ont pas les moyens physiques de faire la boucle en passant par les cols de la Croix-de-fer ou du Glandon. Un aller-retour qui peut s’agrémenter de la visite du Chazelet par exemple.

Le col du Galibier a été programmé sur le Tour de France en 1947, c’est-à-dire bien après les géants des Pyrénées, et sera encore franchi cette année par le peloton mais depuis sa face nord. Depuis l’oisans, l’ascension la plus simple demeure la face sud, avec des contrainte­s cependant…

Cette longue ascension qui a fait les belles heures du BRA (Brevet du Randonneur Alpin) a quand même un défaut : des tunnels incontourn­ables dans le sens de la montée et parfois longs avec un trafic routier pas démesuré mais bien présent. Cela signifie qu’il faut impérative­ment avoir des lumières à l’avant et à l’arrière de son vélo. C’est sans condition et je vous invite d’ailleurs à refuser d’accompagne­r une personne non équipée : rouler sans phare la nuit n’est pas une option, alors ? Pour resituer l’affaire, autant utiliser les chiffres : côté face nord, c’est 2 100 mètres de dénivelé (eh oui, ça descend après le Télégraphe !), mais côté Bourg d’oisans, c’est quand même plus de 1 900 mètres ! Cette année, les coureurs du Tour comme ceux de l’étape du Tour vont choisir la facilité, ces lâches, 1 350 mètres seulement depuis Briançon ! Bon, pour être honnête, vu le programme du jour, ça va suffire… En revanche, depuis Bourg d’oisans, l’ascension demande un petit 43 kilomètres ! C’est pas raide, c’est long ! Alors ne perdons pas une minute. Après les quelques kilomètres de plaine pour tourner les jambes à 40 km/h, l’ascension débute dans une partie minérale. On est tout de suite dans le ton. Le premier tunnel, où a récemment été aménagée une bande cyclable, arrive avant la première goutte de sueur. S’ensuit un passage dans des gorges sévères où le caillou est roi, « la rampe des Commères », puis la route est moins exposée mais pas pour longtemps. Une courte section en descente offre à nouveau un tunnel puis un passage taillé dans la montagne, juste avant rejoindre le Freney-d’oisans, puis le barrage du Chambon, bâti en 1929 grâce à une télécabine amenant les matériaux depuis Bourg d’oisans à coups de 250 kg par benne, 193 en tout ! Trois hameaux dorment encore sous ses eaux : le Chambon, Parizet et le Dauphin (prémonitoi­re, non ?), seule la chapelle du Parizet a été sauvée des flots. On la voit encore au bord de la route d’ailleurs. Parfois, lorsque EDF vide la retenue, on aperçoit également les restes du pont de l’ancienne route. Attention, au niveau du barrage, il faut impérative­ment prendre à droite direction Les 2 Alpes afin d’emprunter la « route de secours » devenue piste cyclable, ce qui permet d’éviter le dangereux tunnel à suivre. En effet, en 2015, un pan de montagne a déstabilis­é l’ancien tunnel qui menaçait de s’effondrer, bloquant l’accès à la Grave pour plus d’une année, le temps de créer en urgence cette nouvelle route, puis de rallonger le tunnel existant ce qui le rend beaucoup plus long aujourd’hui, et donc, beaucoup plus dangereux, d’autant que rien n’a été prévu pour les cyclistes si ce n’est des pièges ! Dans le sens inverse, pourquoi pas, mais on ne vous le conseille pas. À la montée, en revanche, c’est no way ! La suite s’avère plus bucolique avec la superbe cascade de la Pisse jaillissan­t du plateau d’emparis via une fontaine pétrifiant­e, c’est-à-dire une résurgence sortant de la montagne au niveau d’un changement de roche. Le bicarbonat­e de calcium présent dans l’eau se transforme au contact de l’air en tuf, une roche tendre qui se taille facilement et décore généraleme­nt les clochers de la région, quand elle ne constitue pas l’ensemble de l’édifice comme aux Terrasses, un des hameaux de la Grave. Vu d’en bas, ça fait simplement une cascade impression­nante (une via ferrata a été tracée pas loin de là), rarement complèteme­nt gelée d’ailleurs en hiver. Tout au long de la vallée de la Romanche, rive droite comme rive gauche, l’endroit devient alors un super spot pour les amateurs de cascade de glace, tant et si bien qu’il n’est pas rare de retrouver de gros bouts de glaçons sur la route, lorsque le dégel fait son oeuvre. Pas d’inquiétude à vélo, sauf par temps d’orage.

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Sur la route du col du Lautaret, au niveau de Villard d’arêne et de l’élégante Montagne des Agneaux.
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