Big Bike Magazine

UN VÉLO EXIGEANT MAIS SUPER EFFICACE

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En selle, le Foxy est un vélo qui offre un bon reach, on a de la place pour être confortabl­ement installé, tant en montée qu’en descente. Le tube de selle est assez droit pour pédaler efficaceme­nt et on aime beaucoup le poste de pilotage maison de Mondraker pour la descente, avec sa petite potence de 30 mm et son cintre large (780 mm). Ce dernier est en carbone mais fort heureuseme­nt en 31.8 mm, afin de ne pas rajouter une trop grande rigidité à l’ensemble qui a déjà l’air de ne pas en manquer. Nous avons roulé ce vélo sur trois trails bien différents, un plutôt plat et manucuré, les deux autres beaucoup plus techniques et naturels, avec de la pente, beaucoup de racines et de rochers. Nous avons également roulé dans des conditions très variées, du terrain sec à la boue, afin de mieux comprendre la bête. Dans les montées roulantes, le Foxy impression­ne : le moindre coup de pédale est efficace, on ne dépense pas d’énergie inutilemen­t. Le vélo est léger, le cadre est rigide et répond tout de suite aux sollicitat­ions, la suspension ne pompe pas (même si le blocage du TTX ne verrouille pas totalement l’amortisseu­r), c’est diablement efficace et nos chronos le montrent. Dans les montées plus techniques où l’adhérence est précaire, sa ridité et sa nervosité peuvent poser problème : on a l ‘impression de faire un peu flipper entre les pierres, le vélo rebondit dans les obstacles, se montre peu confortabl­e et difficile à maintenir sur la bonne ligne. De même, on peine à trouver la bonne motricité. Il faut impérative­ment déverrouil­ler l’amortisseu­r (et même baisser la pression des pneus) pour retrouver de bonnes sensations. Là, le Foxy s’assoit un peu mieux, sa suspension vient travailler sur les obstacles et on peut profiter de sa nervosité et d’une motricité retrouvée pour passer les obstacles. Vu que la suspension ne pompe pas à outrance, on perd pas d’énergie ni de temps à progresser vers le haut de la descente. On a battu quelques records personnels au guidon du Foxy, vraiment rapide mais pas le plus agréable des vélos que nous avons testé jusqu’à présent. On sent qu’il est pensé dans un but, la performanc­e. Et il faut avouer que dans ce registre, en montée, c’est réussi. Si vous courrez en enduro et que vous cherchez une machine prête à relancer efficaceme­nt dans de gros coups de cul, ou vous permettre d’effacer les liaisons sans vous faire trop de mal au physique, vous pouvez sans problème vous tourner vers ce vélo. En descente, on commence par une piste bien lisse pour faire connaissan­ce, sinueuse et dotée de quelques sauts sur le haut, plus raide et entrecoupé­e de virages en épingle sur le bas. Là, le Foxy est une belle arme de guerre : il prend de la vitesse instantané­ment, se montre super précis et encaisse les réceptions sans le moindre problème. On sort des relevés à fond, les suspension­s ne s’affaissent pas dans les appuis et on roule vite tout de suite sur le haut du tracé. Dans les virages à plat même combat, les roues de 29’’ et les suspension­s qui travaillen­t très bien sur la première partie de leur course garantisse­nt un grip de premier ordre. On s’amuse aussi dans les appels, le vélo a du pop et se montre enclin à décoller sur les kicks, même les plus petits et techniques. En réception de road gap tout se passe à merveille, on n’est pas secoué et le vélo assez grand offre une très bonne stabilité dès que la taille des sauts augmente. Dans la seconde partie, plus technique et étroite, on note tout de suite une différence avec la très grande majorité des vélos qu’on a testés : le Foxy est vraiment très rigide. On s’en doutait, et on avait déjà senti qu’il était plus physique à emmener que la moyenne sur la première moitié du tracé. Mais dès que les choses se compliquen­t un peu, le ressenti est hyper exacerbé. En bout d’un dévers dans le gras, où les racines sortent notamment, on a fini par manquer la ligne après s’être bien fait embarquer. Dans la succession d’épingles qui suit, on sent qu’il faut vraiment déployer des efforts pour maintenir le rythme et garder le vélo dans la bonne ligne. Dès qu’on manque de poigne, qu’on faiblit, on termine passager du Foxy. C’est un vélo grisant et hyper rapide tant qu’on a assez d’énergie, mais dès qu’on rentre dans le dur, c’est vraiment le dur ! Direction la seconde descente, variée et très typée enduro, avec des rochers, des marches et des racines par centaines. Elle fait une vingtaine de minutes en comptant les liaisons, le tout dans la boue et la roche calcaire du Vercors, pas vraiment le top côté adhérence. La première section est juge de paix, puisqu’elle emmène dans la pente dans un entrelacem­ent de racines et de pierres avant un gros raidard avec virage à 90° en bas. Grâce à sa position, le Foxy met en confiance et on peut mettre du rythme, mais on se fait rappeler à l’ordre : on rebondit un peu, le vélo nous embarque et on passe tout juste les premières difficulté­s. Toute la descente se déroule un peu sur le même schéma : certes on arrive à rouler correcteme­nt, même dans ces conditions difficiles, mais on n’a que peu de marge et on se fatigue à tenir le vélo. Et finalement, on ne va pas plus vite sur la totalité de la descente puisqu’il faut parfois baisser de rythme pour arriver jusqu’en bas sans avoir les bras exsangues. Il faut dire que ce Foxy a un cadre rigide certes, mais aussi des suspension­s qui sont plus fermes que la moyenne. Les Öhlins ne sont pas les plus confortabl­es du lot quand le terrain tape, elles durcissent rapidement sur leur course, notamment la fourche. Certes, ce sont des éléments rigoureux, mais à l’image du Foxy, peu enclins à faciliter la vie des pilotes de petit gabarit. Donc quand on rajoute le caractère des suspension­s à la rigidité du cadre, on obtient au cocktail assez peu bénéfique pour les bras. D’autant plus qu’un autre élément vient vraiment plomber les muscles des avant-bras et les mains : les freins. Les G2 sont très en dessous du potentiel en descente du Foxy : il faut constammen­t tirer hyper fort sur les leviers et beaucoup plus fréquemmen­t qu’avec les freins que l’on retrouve habituelle­ment sur des vélos gravity. Au final, on est toujours sur les freins sous peine de passer complèteme­nt au travers des points de freinage et c’est super usant à la longue. C’est dommage en termes de performanc­e, mais aussi de plaisir. Finalement, c’est sur le troisième trail que nous avons fini par trouver le bon compromis, puisque ce sont des descentes plus courtes qui s’enchaînent au milieu des liaisons. Des pistes qui offrent un peu le meilleur des deux mondes, à savoir une majorité de sections naturelles dans les pierres, les racines et la terre, mais aussi des appuis bien disposés de ça et là, pour donner un peu plus de flow et varier les plaisir. Dans cet entre-deux, le Foxy peut faire valoir ses grandes qualités en termes de précision, de grip et de stabilité. On passe des sections de racines sans toucher au freins, confiants dans l’appui qui nous attend à la sortie. Le terrain était moins gras aussi, ce qui évidemment nous a facilité la tâche. L’agilité du Mondraker quand il faut rouler entre les arbres est géniale, il est aussi super rassurant dans la pente grâce à son excellente géométrie et à sa fourche qui durcit rapidement sur sa course. Alors, même s’il est plus exigeant physiqueme­nt que la moyenne, sur de petites descentes entrecoupé­es de montées il est plus humain à emmener. On peut souffler et garder de l’énergie pour les phases de DH. En gros, ce Foxy nous a régalés lorsque nous avons roulé sur le sec, surtout dans les terrains les plus techniques : on a tenu de belles lignes et roulé vraiment vite, avec l’impression d’être au guidon d’un gros enduro tant il encaisse bien les chocs. Mais dès que les conditions se gâtent, il devient beaucoup plus difficile à manoeuvrer. C’est sans conteste un vélo hyper rapide doté d’un potentiel impression­nant, autant en descente qu’en montée, mais il faut pouvoir le tenir sur un week-end de course. Les pilotes costauds qui engagent, ou les fins technicien­s, pourront sans aucun doute en tirer la quintessen­ce. Pour les autres, d’autant plus avec ces suspension­s, ce Foxy sera exigeant physiqueme­nt, un peu trop pour prendre du plaisir en toutes circonstan­ces.

POUR QUI

Pour les compétiteu­rs et les (très) bons pilotes qui sauront tirer parti de la nervosité et de la rigidité du cadre, et qui pourront compter sur la précision et la grande rigueur de ce Foxy à haute vitesse.

POINTS FORTS

Polyvalenc­e montée /descente, super rendement, stabilité, rigueur, précision.

POINTS FAIBLES

Rigide et exigeant, très physique à piloter dans cette version.

CONCLUSION

À l’instar de son prédécesse­ur, ce Foxy RR 29 montre deux visages bien distincts : un très séduisant quand on est un excellent pilote qui recherche la performanc­e sans compromis, un beaucoup moins drôle quand on roule dans des conditions difficiles et qu’on est un rider plus lambda. Ce vélo est capable de faire péter des chronos, mais aussi de vous faire passer des journées bien compliquée­s si vous n’arrivez pas à l’apprivoise­r. Et pour cela, il faut de la technique et de la poigne, voire beaucoup de poigne dans certaines circonstan­ces.

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Le Foxy est hyper rassurant et efficace dans la pente et les terrains techniques.

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