FEMMES ET POUVOIR
Depuis l’affaire Weinstein, les femmes jugent soudain possible de dénoncer les abus de pouvoir auxquels certains hommes se livrent impunément. Mais pourquoi sont-elles encore si peu nombreuses à exercer un pouvoir véritable dans nos sociétés ? Serait-ce parce que nous restons prisonniers de schémas de pensée résolument masculins ? Ou est-ce la nature même du pouvoir qu’il faut changer ?
Révolution culturelle. C’est ainsi que la féministe américaine Laura Kipnis perçoit les conséquences de l’affaire Weinstein. Des femmes ont soudain jugé possible de dénoncer les abus de pouvoir auxquels certains hommes se livrent impunément, dans les sociétés les plus avancées. Pourquoi jusqu’ici tant de femmes se sont-elles laissé faire ? Laura Kipnis devine la prégnance de comportements issus d’un long passé de sujétion (p. 28). Mary Beard, professeure à Cambridge, explore justement les racines culturelles de la domination masculine en Occident. Elle conclut à la nécessité de repenser la notion même de pouvoir (p. 17) et se demande pourquoi, un siècle après la conquête du droit de vote, si peu de femmes exercent un pouvoir véritable dans nos sociétés. Le problème de base, soutient-elle, est que « notre modèle mental et culturel de ce qu’est une personne de pouvoir demeure résolument masculin ». Pour faire bouger ce modèle, rien de tel qu’une belle utopie : c’est l’exercice pratiqué en… 1915 par Charlotte Perkins Gilman dans son roman Herland, dont Books Éditions publie la traduction. Nous en proposons un extrait (p. 25). Et l’anthropologue Emmanuel Todd conclut ce dossier par une note optimiste, en soulignant que le « statut élevé des femmes » a joué un rôle déterminant dans l’essor de l’Occident.
La Première ministre britannique Theresa May est réputée avoir « un truc avec les chaussures ». Sa façon à elle de montrer qu’elle refuse de se plier au modèle masculin ?