Boukan - le courrier ultramarin
Dans une Guyane multilingue, des enfants plurilingues
Les cartes représentant la diversité linguistique dans les territoires ultramarins comme la Guyane ou la Nouvelle-Calédonie représentent généralement des langues associées à des zones linguistiques distinctes bien identifiées. Or, les enquêtes sociolinguistiques réalisées en Guyane ces vingt dernières années mettent à mal l’idée d’une mosaïque de communautés linguistiques étanches. Les territoires sont multilingues et les habitants sont plurilingues, passant d’une langue à l’autre en fonction des interlocuteurs et des situations ou les mêlant au quotidien.
Les langues pratiquées en famille, pendant la petite enfance, se répartissent en une quarantaine de langues, dans les proportions présentées ici chez des enfants scolarisés d’une dizaine d’années. 40 % des élèves d’une dizaine d’années parlent au moins 3 langues. Dans la famille, dans la rue, au contact des voisins et des camarades, lors de visites aux anciens ou de déplacements, ils développent des répertoires linguistiques riches. Si le français est présent dans tous les répertoires des élèves (comme on le voit sur l’histogramme), c’est en raison de l’école puisque les 2/3 des enfants ne le parlent pas avant d’être scolarisés. Le rapport entre langues de première socialisation (L1) et langues acquises ensuite (L2-L3) donne des indications sur la propension des langues à être appropriées en dehors des communautés linguistiques d’origine. En Guyane, c’est actuellement le cas notamment du français, du créole, du nengee, du sranan et du portugais. Texte d’Isabelle Léglise.
Infographie : Source : Isabelle Léglise - Réalisation : Cyrille Suss, extrait de l’Atlas Critique de la Guyane (à paraitre en 2020 aux Éd. CNRS)
Multilinguisme en Guyane