Boukan - le courrier ultramarin
À Mayotte, shimaore ou comorien ?
Les données concernant la pratique des langues en France sont à relativiser au regard de divers paramètres : l’objectif davantage qualitatif que quantitatif des travaux des chercheurs, ou encore la statistique publique1 plutôt axéee sur la maîtrise du français que sur le multilinguisme.
Pour Mayotte, il est intéressant de noter que les linguistes travaillent plutôt, jusque dans les années 1980, sur les variétés du “comorien ” (comorien d’Anjouan, de Grande-Comore etc.).
Le processus de départementalisation semble avoir induit un changement de dénomination des
1 Voir Filhon, Alexandra. Les langues dans les enquêtes de la statistique publique : bilan et perspectives, Langage et société, vol. 155, no. 1, 2016, pp. 15-38
langues dans ces enquêtes, où on utilise le seul terme “shimaore “, nom local du comorien, en lieu et place du “comorien ”, alors que les autres langues comoriennes sont également parlées à Mayotte. De même, les chiffres ne précisent pas l’origine du “créole ” qui peut être réunionnais, mauricien…
Il faut noter également que le plurilinguisme des habitant.e.s n’apparait pas dans les enquêtes. Par exemple, les locuteurs et locutrices du kibushi seront vraisemblablement bilingues (avec le shimaore), voire trilingues (en ajoutant le français).
Texte de Valelia Muni Toke (IRD, SeDyL)