Boukan - le courrier ultramarin
Wallis & Futuna
Wallis-et-Futuna tente de protéger son eau douce
îlot de vie en plein Pacifique sud, Wallis-et-Futuna, doit préserver impérativement ses ressources en eau douce. « La protection des zones de captage et de l’eau potable constitue une priorité dans les trois royaumes» rappelle la “stratégie 2017-2030 d’adaptation au changement climatique” adoptée par Paris et l’archipel. La crise climatique en cours va « exacerber les pressions existantes », rappelle ce document-cadre.
À Uvea (Wallis), il n’existe qu’une seule nappe phréatique pompée pour les besoins des 8 400 habitants. L’intrusion saline, et surtout les défauts d’assainissement domestique et l’élevage porcin, l’un des piliers de l’autosuffisance alimentaire locale, mettent en péril ce grand et unique réservoir d’eau douce.
Sur la montagneuse Sigave (Futuna), l’eau est également limitée, mais on dénombre plusieurs rivières, sources et cours d’eau. Cependant, ce réseau est troublé par les rejets domestiques, ainsi que par l’érosion des sols et la déforestation consécutives aux pratiques agricoles sur les pentes de l’île. Ces problèmes pouvant être accentués par les cyclones.
Pour préserver au mieux la ressource qui, selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis, aura atteint avant 2050 dans les atolls « un point de non-retour », notamment par la hausse du niveau des mers, les inondations et les vagues, plusieurs programmes européens ont été décidés en appui aux acteurs locaux.
Entre 2013 et 2018, dans les villages de Leava, sur la côte sud-ouest de l’île de Futuna et à Mala’e, au nord d’Uvea, un programme à 2,5 millions de francs pacifiques (21 000 €) de reboisement a été entrepris par le service de l’agriculture et les chefferies afin de limiter l’érosion (qui perturbe aussi le lagon par apport terrigène) et de profiter des capacités de filtration des arbres.
À Wallis, une autre opération a débouché en 2018 sur la plantation de plus de 10 000 palétuviers (soit l’équivalent d’un quart des mangroves existantes) par des associations et des acteurs institutionnels. Cette redensification visait à stabiliser la côte et à atténuer les effets des cyclones et des tsunamis.
En ce qui concerne l’élevage familial et artisanal porcin, qui se caractérise par la concentration des bêtes dans un petit espace clos (plus de 2 animaux par habitant) et figure comme l’un des problèmes environnementaux majeurs, plusieurs solutions ont été proposées comme l’utilisation de litières sèches dans des parcs en béton (qui rend possible le ramassage et le compostage de la matière organique et limite la consommation d’eau) et la rotation des élevages sur des terrains cultivés. Selon un rapport publié en 2019 par l’Institut d’émission d’Outre-mer, « 28 % » des éleveurs, principalement d’Uvea, avaient opté ces dernières années pour le système des parcs tournants.
Des gros investissements sont aussi nécessaires pour potabiliser l’eau à Sigave et construire à travers l’ensemble de l’archipel des réseaux d’assainissement collectifs, aujourd’hui inexistants. La plupart des habitations se situent en zone littorale, là également où les sols sont les moins épurateurs et où la nappe est la plus proche. D’ici là, la population a été invitée à améliorer l’étanchéité et l’entretien des fosses septiques. Texte de Marion Briswalter