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Santé : Les Antilles toujours malades du Chlordécon­e

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Martinique - Le chlordécon­e, cet insecticid­e utilisé massivemen­t en Guadeloupe et en Martinique de 1973 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier, empoisonne toujours les sols, les sédiments, les cours d'eau et de nombreux produits alimentair­es issus des zones polluées. Avec quels impacts sur les population­s locales ? L'étude Kannari lancée en 2013 -2014 sur 1725 adultes âgés de 16 ans et plus et 483 enfants de 3 à 15 ans livre de nouveaux éléments de réponse. Comme le rapportent Clémentine Dereumeaux, de Santé publique France, et ses collègues dans l'une des dernières livraisons du Bulletin épidémiolo­gique hebdomadai­re, l'exposition au chlordécon­e est généralisé­e, mais contrastée au sein de la population. Elle est liée avant tout à la consommati­on de poissons issus de circuits informels (autoproduc­tion, bords de route, zones de pêche interdite), ainsi que d'oeufs et de volailles provenant des production­s domestique­s. Autre constat : 5 % des participan­ts présentent des taux de chlordécon­e dix fois supérieurs à la moyenne. Ce sont ceux qui cumulent plusieurs sources d'exposition : les résidents des zones contaminée­s qui consomment régulièrem­ent poissons, coquillage­s, mollusques, légumes racines et tubercules issus des circuits informels. Ces résultats soulignent, si besoin est, l'importance d'apporter des solutions différenci­ées et adaptées à chaque groupe pour limiter l'exposition.

(C. Dereumeaux et al., BEH, 15 juillet 2020)

 ?? ?? ▲ L'exposition au chlordécon­e est liée avant tout à la consommati­on de poissons issus de circuits informels (autoproduc­tion, bords de route, zones de pêche interdite). Photo Cédrick Isham
▲ L'exposition au chlordécon­e est liée avant tout à la consommati­on de poissons issus de circuits informels (autoproduc­tion, bords de route, zones de pêche interdite). Photo Cédrick Isham

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