Boukan - le courrier ultramarin
LA MÉDECINE TRADITIONNELLE, UN RÉSERVOIR DE MOLÉCULES D’INTÉRÊT
À l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie (IPNC), les chercheurs se penchent sur les maladies inflammatoires chroniques comme la polyarthrite ou la maladie de Crohn pour lesquelles il existe des traitements mais avec de nombreux effets secondaires sur le long terme. Leur objectif est ainsi de trouver de nouveaux principes actifs anti-inflammatoires ou immunomodulateurs.
MARIKO MATSUI, responsable du groupe Immunité et inflammation a développé une approche sur les effets anti-inflammatoires de molécules isolées de plantes utilisées en médecine traditionnelle. Elle évalue quels extraits de plantes limitent la production d’interleukine 6, une cytokine importante dans le processus d’inflammation. Aujourd’hui, elle travaille également avec des bactéries marines et des microalgues, source importante mais encore méconnue de substances bioactives, dans le même but : mettre en avant de nouveaux principes actifs anti-inflammatoires, mais également afin de trouver de nouvelles molécules pour pallier les problèmes de résistance aux antibiotiques.
Des pistes de traitement pour soigner la goutte
PHILIPPE GEORGEL, professeur de microbiologie à la faculté de pharmacie de Strasbourg, s’est rendu, l’an dernier, à l’IPNC, intéressé par les travaux de Mariko Matsui. Il travaille depuis quelques années sur la goutte, une maladie chronique particulièrement présente dans la zone océanienne. Il a adapté le crible de sa collègue, avec les mêmes cellules, mais dans le but de stimuler une autre cytokine, l’interleukine 1, dont la forte sécrétion est un des marqueurs de la goutte. Il a alors testé les mêmes extraits de plantes. «Les populations polynésiennes et mélanésiennes sont les plus sujettes à faire de la goutte. En tribu, en Nouvelle-Calédonie, des plantes sont utilisées en médecine traditionnelle pour en soigner les symptômes et les effets sont non négligeables», explique-t-il. À son retour à Strasbourg, il testera les extraits de plantes sur des modèles animaux. Il ajoute : «L’intérêt ici est de faire une première recherche de molécules d’intérêt potentiel dans un système cellulaire et ensuite de continuer la collaboration vers un modèle préclinique.»