Boukan - le courrier ultramarin
GUYANE- Orpaillage clandestin : quel avenir pour l'opération Harpie ?
Dans une note conjointe publiée par l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) et l'Institut des Amériques, le colonel E. Durville, ancien chef d'état-major des Forces Armées (FA) en Guyane, et F-M Le Tourneau, géographe, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Amazonie brésilienne et de la Guyane, examinent sans ambages la question de l'orpaillage clandestin dans la collectivité. […]
Depuis 2008, les FA de Guyane sont engagées en soutien de la gendarmerie nationale dans la lutte contre l'orpaillage clandestin, dans le cadre de l'opération Harpie. « Une mission difficile, menée avec détermination dans un environnement exigeant : 9 soldats y ont perdu la vie entre 2008 et 2021, dont trois au cours d’actions de combat », détaillent les analystes. […]
Alors que faire, pour une mission qui coûte 70 millions d'euros par an à l'État alors que des centaines de sites poursuivent leurs activités illégales ? Le rapport propose des pistes classées en deux catégories : « Les interventions directes en Guyane française et les interventions indirectes fondées sur des négociations avec les pays voisins ». Concernant le premier point, les auteurs envisagent entre autres un corps de « rangers » rattaché à une administration nationale ou locale, qui disposerait de pouvoirs relatifs aux activités minières illégales, à l'exemple de la police administrative générale ou des agents de l'ONF. Ce corps pourrait prendre le relais de l'opération Harpie ou les épauler. Il faudrait toutefois que cette force dispose de moyens aériens et fluviaux, ce qui représenterait encore un investissement conséquent. Deuxième point, impliquer les États voisins dans le cadre d'une coopération régionale destinée à s'attaquer à l'orpaillage sur l'ensemble du plateau des Guyanes. […] « Un premier axe pourrait se centrer sur les questions de légalité et de trafic. Le mercure, par exemple, est une substance qui fait l’objet de contrôles au niveau international. Une meilleure coopération sur ce sujet pourrait la rendre moins facilement accessible et compliquer la vie des orpailleurs », souligne l'étude. Par ailleurs, la France pourrait argumenter que les transferts financiers opaques des orpailleurs entre Suriname et Brésil représentent une perte conséquente de ressources fiscales pour ces pays, et proposer des solutions pour un meilleur contrôle des transactions, suggèrent les auteurs. [OUTREMERS360, 19/04]