Boukan - le courrier ultramarin
BRÉSIL- “Les orpailleurs sont autant victimes que les Yanomami”
Selon un récent rapport publié par l'association Hutukara, le Territoire indigène (TI) Yanomami vit une tragédie sociale : famine, malaria, exploration sexuelle. En six ans, l'orpaillage illégal a augmenté de plus de 3 000% dans cette “réserve” située à la frontière vénézuélienne,
Dans une interview à Jovem Pan, le président de la Fondation nationale de l'Indien (FUNAI) Marcelo Xavier a déclaré : “Il y a deux victimes, les indigènes et les orpailleurs”,
précisant que ces derniers travaillent dans des conditions insalubres.
Il a également mis en cause les gouvernements précédents ainsi que le président vénézuélien : “Le problème dure depuis plus de 30 ans. Les gens qui travaillaient dans le pétrole [au Vénézuéla] se sont reconvertis dans l'orpaillage, avec l'aval de Maduro." Plébiscité par les parlementaires ruralistes, Xavier doit faire face à une forte opposition des populations autochtones. Depuis de nombreuses semaines, les organisations amérindiennes du Brésil sont mobilisées sur l'Acampamento Terra Livre (ATL) à Brasília, dénonçant la politique anti-environnementale de Bolsonaro et contestant la proposition du gouvernement d'autoriser l'exploitation minière sur leurs terres. Qualifiant ce mouvement de “festival idéologique, politique et partisan",
Xavier a affirmé que les manifestants [7000 autochtones issus de 200 ethnies] ne représentent pas tous les peuples autochtones. L'explosion de l'orpaillage illégal sur le territoire Yanomami impacte quelque 16 000 personnes, soit 56% de la population totale. Les orpailleurs utilisent la faim et l'alcool pour exploiter sexuellement les enfants et les femmes. Les victimes vivent dans un climat permanent de terreur et d'angoisse.
Selon Hutukara, la politique du gouvernement actuel consiste à "encourager et soutenir l'activité minière, malgré son caractère illégal, créant un climat favorable à une régularisation de la pratique".
[BRASIL DE FATO, 12/04]