Boukan - le courrier ultramarin
DES OISEAUX PAR MILLIERS
Les tortues doivent partager les îlots avec une
multitude d’oiseaux. «La première fois où je suis allé à Entrecasteaux, je m’en rappelle encore. Nous accostons de nuit, juste avant le lever du jour et le premier contact avec ces îlots, c’est l’odeur. Cette odeur d’ammoniac du guano qui remonte avec l’humidité du matin. Ensuite, en approchant du rivage, vous entendez les cris. Le jour se lève et vous voyez des nuages d’oiseaux en train de voler, raconte avec émotion, David Ugolini, le président de la Société calédonienne d’ornithologie (SCO). Quand vous posez pied à terre, des fous masqués vous regardent avec curiosité car ils n’ont pas la méfiance de l’homme. Tandis que des dizaines de sternes fuligineuses tournent au-dessus de l’îlot.»
Chaque année, depuis 2007, la SCO se greffe à la mission de suivi des tortues et embarque à bord de l’Amborella. Pour recenser les espèces d’oiseaux, ils effectuent des comptages des nids actifs. «On profite d’être sur ces îlots difficiles d’accès pour faire un inventaire de la totalité des espèces qui s’y reproduisent au moment de la mission.» Aujourd’hui, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Nouméa travaille, à la demande du PNMC, sur un protocole de suivi pour avoir des données robustes sur les oiseaux. «Nous n’avons pas une vision complète puisque les missions se déroulent toujours à la même période. Certaines missions de l’IRD, pendant la période hivernale, permettent de compléter les données. Nous, nous ne voyons que les espèces nicheuses en été, les sternes (sauf la néréis), les fous bruns et masqués, les noddis noirs et bruns.» La SCO compte des effectifs importants sur ces îles. Ces zones ont même été classées d’intérêt international pour la conservation des oiseaux, ce qui signifie que plus de 1 % de la population mondiale d’une espèce s’y reproduit. «Ce qui est le cas pour les sternes fuligineuses, les fous bruns et les fous à pied rouge, ajoute David Ugolini. Ce qui nous intéresse, c’est de voir s’il y a un maintien de ces espèces. Ces îlots sont des espaces exceptionnels pour la reproduction d’espèces particulièrement sensibles et intolérantes à la présence humaine telles que les frégates ou les fous masqués.» Le président de la SCO ajoute :
«Je ne suis pas scientifique, je suis un bénévole de l’association. Nous ne sommes pas là uniquement pour produire des données scientifiques, nous avons aussi vocation à être des témoins issus de la société civile.» Il est important, selon lui, que les citoyens s’approprient ces sujets de conservation.