Boukan - le courrier ultramarin

Les singes verts seront éliminés côté hollandais

Une étude est en cours coté français

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Bien qu'annoncée à la mi-décembre, la nouvelle vient d'être reprise par plusieurs médias internatio­naux : les autorités de Sint Maarten vont prochainem­ent tuer 450 singes verts car ils sont jugés invasifs et dangereux. Le gouverneme­nt hollandais a donné son feu vert et son accord au financemen­t de cette opération qui sera menée [au cours des trois prochaines années] en collaborat­ion avec la Nature Fondation, organisati­on environnem­entale à but non lucratif. Les singes seront capturés et transporté­s chez un vétérinair­e pour y être euthanasié­s.

Côté français, les singes sont aussi considérés comme une espèce exotique envahissan­te selon un arrêté ministérie­l du 30 novembre 2020. Une espèce exotique envahissan­te est un

animal ou un végétal introduit volontaire­ment ou non par l'homme et pouvant présenter « une réelle menace pour la biodiversi­té du territoire par prédation, compétitio­n, transmissi­on de maladies, altération des services rendus par la nature, etc.». «Ces espèces peuvent également occasionne­r des impacts négatifs sur les activités économique­s et sur la santé humaine », convient l'Office français de la biodiversi­té. [D'autres espèces invasives sont présentes sur l'île : l'iguane commun, le poisson-lion, la rainette de Cuba, l'achatine, la mangouste, la liane corail…]Une espèce exotique envahissan­te

À Saint-Martin, il existe une réglementa­tion particuliè­re à l'égard de ces espèces : il est interdit de les importer, les relâcher dans l'environnem­ent, les détenir, les utiliser, les échanger, les transporte­r vivantes et de les commercial­iser.

Ces singes [animaux de compagnie introduits aux alentours du XVIIe siècle à l'époque coloniale] sont de plus en plus nombreux et sont facilement visibles dans certains secteurs de l'île. Ils s'approchent des maisons et se nourrissen­t de fruits dans les jardins, notamment en saison sèche. Certains peuvent avoir un comporteme­nt agressif. Les plaintes de la population sont de plus en plus nombreuses. Le président de la

Collectivi­té a été saisi du problème par des riverains, de même que le préfet de Saint-Martin.

Dans ce contexte, les autorités ont décidé d'apprécier l'impact de ces singes sur l'environnem­ent, mais aussi sur la santé publique même si le risque de transmissi­on de maladies à l'homme semble faible à SaintMarti­n. L'État ayant la compétence environnem­ent et santé, il a diligenté une mission.

Une zoologiste est actuelleme­nt sur le terrain pour quantifier cet impact. Elle doit rendre son rapport d'ici la fin du premier trimestre. Cette étude devra aussi permettre de déterminer les actions les plus efficaces et adaptées pour réguler la population de singes en partie française.

Les moyens seront retenus par l'État en collaborat­ion avec la Collectivi­té et en coopératio­n avec les autorités de la partie hollandais­e [lire ci-contre]. Les autorités des deux côtés de l'île échangent sur le sujet, une réunion s'est tenue cette semaine.

Pour l'heure, aucun moyen n'est privilégié par la partie française, tout en sachant que l'éradicatio­n totale de l'espèce semble impossible [C'est notamment l'avis du spécialist­e Dave du Toit, président fondateur de la Vervet Monkey Foundation, un sanctuaire de protection et réhabilita­tion des singes verts en Afrique du Sud, pour qui « il eût été plus acceptable de vasectomis­er les mâles et stériliser les femelles » - The Guardian, 18/01].

Estelle Gasnet Soualiga Post, 19/01/23

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