Campagne Decoration

LA VRAIE VIE LOIN DES PAILLETTES

DANS L’ÎLE « LUMINEUSE », ON RESPIRE LES EMBRUNS DE L’ATLANTIQUE À L’OMBRE DES CABANES À HUÎTRES BARIOLÉES OU SUR LES CHENAUX DES MARAIS SALANTS. NATURE ET FRAÎCHEUR AU PROGRAMME.

- PAR CLAIRE LE BOUAR / PHOTOS STEPHEN CLÉMENT

si Ré, sa voisine, est surnommée « la Blanche », Oléron, pour sa part, annonce la couleur. Longtemps l’ostréicult­ure en a été l’activité principale et elle y tient encore, après le tourisme, une place prépondéra­nte. Traditionn­ellement, les peintures vives utilisées pour rénover les bateaux embellissa­ient aussi les cabanes ostréicole­s. Cette palette multicolor­e donne toute sa gaieté à l’île, appelée aussi « la Lumineuse » en raison de la douceur de son climat et de sa belle lumière. Oléron est la deuxième plus grande île française après la Corse. Elle n’est d’ailleurs plus coupée de l’Hexagone depuis 1967, date de l’inaugurati­on du pont qui la relie au continent. Une première qui a favorisé un tourisme sans strass ni paillettes.

À l’entrée d’Oléron, au sud-ouest, Saint-Trojan-les-Bains

a le charme des stations balnéaires d’antan avec ses grandes plages de sable fin bordées de forêts de pins. En février, les villas se parent de mimosas en fleurs. L’antiquaire Bernard Berciaud a élu domicile dans l’une d’elles, sur le front de mer, et propose des objets maritimes insolites dignes de Peter Pan : jambe de bois, sabre… et même un crochet qui aurait fait l’affaire du capitaine du même nom ! À côté, le port ostréicole et ses cabanes bariolées méritent qu’on s’y arrête. Elles ont failli disparaîtr­e, condamnées par les nouvelles normes européenne­s, mais ont été reconverti­es en ateliers d’artistes ou en restaurant­s. Ainsi Ludovic Nadeau, ancien marin-pêcheur, passe-t-il ici de la BD à la peinture marine dans sa galerie Nuances océanes.

À la gare de Saint-Trojan, on prend le P’tit Train,

en service depuis 1963, qui fonctionne désormais à l’huile de friture fournie par Roule Ma Frite 17, une associatio­n de recyclage. Ce pittoresqu­e tortillard conduit les promeneurs sur 12 km aux confins sauvages du pertuis de Maumusson, à travers des paysages de sable et de pinèdes inaccessib­les par la route. Sauvage et ombragée, la plage de Gatseau, orientée plein sud, est un paradis pour les surfeurs et les amoureux de la nature. On remonte ensuite la route du nord-ouest, direction Le Grand-Village-Plage, un bourg niché entre océan, marais salants et grande pinède. C’est là qu’a été imaginé voilà plus de vingt ans le Port des Salines, un pôle nature consacré à la salicultur­e oléronaise. Un saunier y tire encore des tonnes d’or blanc. Sur place, un écomusée, un restaurant et une boutique de produits locaux sont installés dans des cabanes de bois traditionn­elles. On y fera, bien sûr, provision de délicate fleur de sel, ou encore de délicieux fromage de chèvre au lait cru à la ferme des Salines, qui jouxte le marais salant. Et pourquoi ne pas pousser jusqu’au port de La Cotinière ? Là, une trentaine de petits chalutiers bariolés y vendent à la criée la crevette grise, le tourteau et la sole.

On rallie la côte est au Château-d’Oléron,

où une halte s’impose chez Bernard Montauzier, un éleveur d’huîtres qui propose aussi des salicornes et des palourdes bio (label Ecocert). Puis on découvre la citadelle de Vauban, imposante sentinelle face au continent, avant de rejoindre le port ostréicole. Trente baraques colorées y ont été transformé­es, là aussi, en ateliers où artistes et artisans exposent leur travail : adepte du crochet, Céline habille les vélos, les hachoirs et les tuyaux ; Marie Lépée, quant à elle, perpétue la tradition familiale du tissage dans son atelier Lin et l’Autre.

Mais Oléron se vit aussi à l’intérieur.

À la sortie de Dolus, le Marais aux Oiseaux abrite un centre de sauvegarde de la faune sauvage et propose des promenades le long des plans d’eau où l’on croise hérons et cigognes blanches. À Saint-Pierre-d’Oléron, la « capitale », on se régale au Petit Coivre, un restaurant installé dans un moulin décoré d’outils traditionn­els. Des venelles conduisent le promeneur à de jolies boutiques déco ou des brocantes, comme celle de Patricia Lafougère. Après une visite au musée, on s’arrête au Moulin de la Borderie, une maison d’hôtes où Vanina, qui a troqué sa Corse natale pour les embruns iodés de l’Atlantique, nous réserve le meilleur accueil. En remontant au nord-est, La Brée-les-Bains déroule son long ruban de plages. On y accède par des pistes cyclables qui longent la mer jusqu’à Saint-Denis. L’occasion pour petits et grands de faire une partie de pêche à pied sur l’estran. Saint-Denis est la ville la plus septentrio­nale de l’île. On s’y promène à vélo le long des cabines de plage pastel avant de faire une halte chez Caroline Combes, qui renouvelle l’art de la poterie avec ses collection­s ensoleillé­es. Enfin, arrivé à l’extrême pointe nord de l’île, là où plus rien n’arrête le vent, on aperçoit le phare de Chassiron, dernière lumière du bout du monde, rayé comme un bagnard, qui s’élance face à l’océan.

 ??  ?? AMBIANCE BIVOUAC à marée descendant­e près de Fort Royer, où l’on s’installe au bord de l’eau pour déguster une éclade de moules. Sur le lit de camp (Le Bon Coin), fouta (Athezza) et coussins (Designers Guild, Linum). Sac à dos (Nature & Découverte­s)....
AMBIANCE BIVOUAC à marée descendant­e près de Fort Royer, où l’on s’installe au bord de l’eau pour déguster une éclade de moules. Sur le lit de camp (Le Bon Coin), fouta (Athezza) et coussins (Designers Guild, Linum). Sac à dos (Nature & Découverte­s)....
 ??  ?? SUR LE CHENAL D’ORS, au Château-d’Oléron, les baraques multicolor­es ne sont pas là pour la décoration. Elles servent encore de remise aux ostréicult­eurs.
SUR LE CHENAL D’ORS, au Château-d’Oléron, les baraques multicolor­es ne sont pas là pour la décoration. Elles servent encore de remise aux ostréicult­eurs.

Newspapers in French

Newspapers from France