ÇÀ ET LÀ, UNE TOUCHE DE DOUCEUR CONTRARIE L’ESPRIT UN PEU RUDE DE LA FERME
c’est une belle propriété plantée au coeur de la campagne uruguayenne, à quelques kilomètres de la capitale. Une allure d’hacienda andalouse où l’on imaginerait bien rencontrer Don Diego de la Vega dans l’un des patios, voire son double, le fameux Zorro, s’élançant sur les hauts murs d’enceinte avant de sauter sur son cheval noir. C’est là que José Luis « Pepe » Bado, un homme d’affaires, et son épouse Fabiana, dessinatrice et décoratrice, ont établi leur base. Un ranch magnifique entouré d’écuries et de 170 hectares de terres. Pepe a depuis toujours la passion des chevaux. Enfant, il passait son temps en selle. À 32 ans, il achète son premier cheval arabe et gagne un championnat à Buenos Aires. Du coup, il décide de se lancer dans l’élevage. Mais un tel projet demande de l’espace, plus que n’en disposent Pepe et Fabiana dans la banlieue de Montevideo. Après des mois de recherche, ils trouvent enfin la perle rare, à 45 kilomètres de la capitale. La propriété n’est pas trop éloignée de Punta del Este, haut lieu des courses hippiques. C’est un bâtiment habitable, avec tout ce qu’il faut de terrain pour y construire des écuries. Et il y a un lac ! L’aventure peut commencer. PRESQUE LA FORÊT VIERGE Le couple ne va ménager ni son temps ni son énergie pour rendre le domaine exploitable. « Un travail de titan, affirme Fabiana. Ici, c’était presque la forêt vierge quand nous sommes arrivés. Nous avons sué sang et eau pendant des années. » La maison offrait un confort limité, suffisant, cependant, pour la famille et les proches. En 2006, Pepe et Fabiana se lancent dans la rénovation. La jeune femme, qui connaît désormais les traditions régio- nales, entreprend de dessiner les plans. On agrandit le bâtiment en prévoyant sept chambres et un grand espace séjour, salle à manger, cuisine autour d’une vaste cour intérieure. On ajoute aussi une véranda avec vue sur le lac. Surtout pas de luxe envahissant. La maison doit rester simple et donner l’impression d’avoir toujours existé. « Mon objectif était de créer un lieu en osmose avec la nature environnante, explique-t-elle. Un endroit où le visiteur se sente immédiatement chez lui. » Les travaux durent un an. « On a vu la maison prendre forme avec une joie immense », ajoute Pepe. À l’extérieur, la construction s’inspire des fermes du pays avec un trait d’architecture contemporaine. « La partie ajoutée a été réalisée avec les mêmes matériaux que ceux du bâtiment original. L’extension est quasi invisible », indique Fabiana. À l’intérieur, l’ambiance est nature et sereine. Les murs sont fraîchement chaulés de blanc et les sols en béton poli installent une tonalité rustique. Les plafonds sont recouverts de branchages, disposés entre les poutres. Pepe a eu l’idée de les conserver au moment du nettoyage des terres. 3 000 branchettes sont réparties dans les différentes pièces, poncées une à une par Fabiana. «Tout le monde pensait que j’étais folle, mais j’ai tenu bon, avoue-t-elle. Seules celles de la chambre ont été peintes en gris pâle. » Côté décoration, pas d’effet tape-à-l’oeil, mais des tons neutres, des ocres que bousculent quelques touches vibrantes. Les matériaux de la région, les tissus vintage et les meubles anciens font bon ménage avec les accessoires contemporains. Une maison où l’on se sent chez soi et qu’on n’a pas envie de quitter. Comme la souhaitait Fabiana.
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