ENTRE LE CIEL ET L’EAU

À l’île-aux-Moines, perle bretonne, Irène a fait de cette ancienne mairie une oasis de douceur où les camaïeux de blanc et de gris reflètent les lumières magiques de la « petite mer ».

Je suis émerveillée depuis soixante-cinq ans comme au premier jour ! » Debout au milieu de son jardin en terrasses, Irène contemple les lumières fraîches du golfe du Morbihan, qui s’étend devant sa propriété. En cette matinée quelques goélands planent devant l’île-aux-Moines en lançant des cris stridents. « Je ne suis pas d’ici, mais c’est tout comme, annonce l’énergique retraitée avec fierté. J’y ai passé des vacances depuis mon plus jeune âge. » Alors, quand elle apprend, qu’une maison donnant sur le golfe est à vendre, elle ne prend pas le temps de la réflexion et se décide sans l’avoir visitée. Il s’agit de deux maisons réunies, orientées plein sud et dotées d’un beau jardin – rare à l’île-aux-Moines – avec vue sur « la petite mer ». Celle de gauche était une chaumière datant de 1700 ; quant à sa voisine, elle n’est autre que l’ancienne mairie, construite en 1801. La nouvelle propriétaire s’attèle à une rénovation intégrale, pour ne conserver que les poutres, la cheminée et les murs porteurs – il faut dire qu’ils font 80 cm d’épaisseur ! « J’avais envie d’une maison douce à vivre et dans les couleurs claires que j’aime, confie-t-elle, un chez-moi capable de restituer toutes les variations de lumière que seul le golfe du Morbihan peut composer. » Le résultat, dans un camaïeu de gris et de blanc fait la part belle aux matériaux naturels – la chaux sur les murs, le béton ciré sur les sols et dans les pièces d’eau, le zinc, le bois, le lin, le chanvre ancien... –, et reflète un goût sûr pour capter la lumière ambiante, une simplicité dans les choix de déco. « J’ai voulu une maison intemporelle, qui sera encore appréciée dans vingt ans, assure-t-elle. Tout ici est harmonieux, comme ce parquet en chêne naturel, chaud à l’oeil et au pied. C’est une maison à vivre, on n’est pas dans un musée ! » Il faut dire qu’avec neuf enfants, seize petits-enfants et un arrière-petit-fils, Irène n’a pas le temps de s’ennuyer. Un dortoir est aménagé à l’étage pour accueillir cette joyeuse famille. Autre lieu convivial, la cuisine, organisée autour d’un double évier en marbre chiné chez un antiquaire toulousain. Plan de travail en zinc et murs bruts jouent l’épure dans un espace sans placards où tout se doit d’être à portée de main. « C’est la cuisine de Dame Tartine, s’amuse Irène, elle bruisse en permanence des cris et des rires des enfants. »