Campagne Decoration

Les créations colorées d’Aurélie Alvarez

« Cent mètres carrés de bonheur, plus près du ciel ». Ainsi Aurélie Alvarez décrit-elle son atelier de travail, niché dans les greniers d’une bâtisse du XVIe siècle, à L’Isle-sur-la-Sorgue. Rencontre.

- Texte : Marie LAcire – Photos : Corinne Schanté-Angelé

Peintre et artiste plasticien­ne, Aurélie Alvarez a lentement posé ses marques dans ce grand espace composé de bouts de greniers. Tout en haut. Un lieu à l’état brut, qui ressemble à ceux qu’elle affectionn­e le plus : les vieilles maisons désaffecté­es, les endroits qui ont une mémoire, où il ne reste plus que des énergies. S’adapter. À l’espace, au froid, aux vieux murs recouverts de multiples couches de papier peint. Se laisser inspirer. « J’ai tout conservé, les papiers qui se déchirent, les mots qui datent de 1700, les traces d’autres familles, les dessins, un vieil abat-jour qui était là, des empreintes de doigts sur la cheminée, les fils électrique­s des années 1950. » Aurélie raconte d’une voix limpide ses origines, une famille d’artistes, les premières toiles qu’elle a installées dans le magasin de sa mère antiquaire, repérées par Keith Johnson, le directeur des magasins Anthropolo­gie qui, pendant de nombreuses années, lui passera commande d’objets décoratifs (des paravents) et de tableaux. Les paroles s’entremêlen­t, se déposent, comme les vingt couches de matière sur la toile. On dirait des empilement­s,

une manière de faire remonter des profondeur­s la lumière et l’énergie. « Je suis comme un stylo Bic, un canal, quelque chose s’inscrit. » Oiseaux, motifs végétaux et animaliers, izniks, mappemonde­s, monstres marins du MoyenÂge, les sources d’inspiratio­n sont infinies. Et même si l’Asie et le Quattrocen­to la touchent particuliè­rement, Aurélie ne se fixe pas, balaie les choses vivement, incorpore la poussière aux pigments, profite de ses trous de mémoire pour mieux respirer ailleurs, marche dans « le vent du fada » (le mistral) qui laisse les rues vides. Dans l’atelier, les toiles sont tendues aux murs, superposée­s ou posées par terre. La couleur éblouit le regard, est une onde qui enchante les sens à travers des périodes de bleu, de rose, d’ocre. Aujourd’hui le noir, hier l’orange enflammé. Quant à la feuille d’or, elle illumine toutes les couleurs, sans exception. Dans son travail décoratif, Aurélie fait feu de tout bois, tandis que dans son travail « personnel », exposé à la Galerie N° 5 de L’Isle-sur-la-Sorgue, la recherche tourne autour du vide. Des ronds et des carrés, peints depuis dix ans, un minimalism­e qui répond aux « décors », deux tableaux qui se renvoient la balle et cohabitent. La matière ? Les gens disent papier, cuir, tissu, bois et même minéral. Un mystère de plus. Depuis l’enfance, Aurélie est entourée de pinceaux, de gouache, de marteaux et de vis. À 50 ans, elle peint toujours ce qui, un jour, deviendra à son tour une trace, une empreinte. Galerie N° 5 6, rue du Docteur Tallet, 84800 L’Isle-sur-la-Sorgue

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 ??  ?? maîtresse des lieux Aurélie Alvarez crée des toiles aux motifs géométriqu­es, travaillés en superposit­ion, qui renvoient à des mandalas.
maîtresse des lieux Aurélie Alvarez crée des toiles aux motifs géométriqu­es, travaillés en superposit­ion, qui renvoient à des mandalas.
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