Escapade printanière à Göteborg
Avec sa côte bordée de milliers d’îles, la deuxième ville suédoise après Stockholm a tout d’une grande. Göteborg a l’originalité et la force de la Scandinavie. Verte, branchée, brute, elle vit à un rythme créatif soutenu. À vivre à pied, en tram et en fer
Deux heures d’avion depuis Paris et un atterrissage dans une forêt de sapins suffiront pour se sentir dépaysé, dans l’ouest de la Suède. Göteborg est balayée par le vent et brassée par le génie nordique. Culture, design, food et musique profitent du grand air. Au nord de la ville, Rosenlundskanalen peut servir de premier repère. Le long de ce canal, le Trädgårdsföreningen – jardin de la société d’horticulture – est un des nombreux parcs de la ville. De grandes serres anciennes abritent des plantes et des papillons tropicaux. En remontant dans Vallgraven, du côté de Magasinsgatan, d’anciennes écuries ont été transformées en lieux branchés. La très jolie boutique de déco Artilleriet, les cafés latte de chez Da Matteo et les food trucks nous mettront en appétit. Sur Larmgatan, Afroart propose une sélection de tissus, d’objets et de mobilier ethniques revisitée par des designers de Stockholm. Non loin, trois chanteuses vêtues de mousseline rose pâle reprennent des refrains des années 1950, tout droit sorties d’un épisode de Mad Men. Le glamour descend dans la rue. Direction le quartier historique d’Haga avec ses élégantes maisons du xviie siècle, ses ruelles pavées et son allure de décor de cinéma, pour aller chez Haga Trätoffelfabrik se ravitailler en sabots de bois et bonnes chaussettes avant de faire un saut dans la piscine rétro d’Hagabadet, profiter d’un sauna et faire le plein de crèmes bio. De l’autre côté de l’eau, on déjeunera dans un des restaurants du marché aux poissons Feskekôrka – littéralement, église des poissons en raison de sa forme architecturale. Göteborg ou la seafood pour religion ! En se dirigeant vers le port et le jardin botanique, on trouve Majorna, un quartier vallonné, alternatif. Un père très rock traverse la rue avec ses enfants, non moins rock, et des avenues presque désertes côtoient • • •
des petits parcs et quelques ruelles aux maisons de bois colorées. Le temps s’arrête au Village Antik, de jeunes artistes boivent des cafés au soleil et l’on chine chez Fabriken une planche à découper, de la vaisselle suédoise et un tapis vintage coloré à poils longs. Quelques stations de tram plus tard, arrêt Klippan, dans le port de Göteborg. Installé dans une ancienne chaufferie, le Röda Sten Konsthall est un lieu d’art très vivifiant. Le bâtiment industriel est un cube recouvert de street art, la zone est vide, la page blanche. Plus loin, un (faux) ours polaire blanc se détache sur la mer du Nord, il annonce la couleur… À la sortie de Göteborg, un monde insulaire s’étend le long de la côte, à une demi-heure de tram, puis le ferry, plus loin les îles de Marstrand, Hållö, Koster, Väder… À une heure de route vers le nord, en direction de Klädesholmen – un village de maisons de pêcheurs, retiré et sauvage, surnommé la capitale du hareng –, les nuits tangueront à l’hôtel flottant Salt & Sill, avec vue sur les côtes de granit rose. Là-bas il y a un côté bout du monde, un couple de marcheurs apparaît sur la route et la lumière rappelle Bergman. Dernier crochet esthétique : le musée nordique de l’Aquarelle présente actuellement « Fusion », une exposition où les artistes réaliseront des oeuvres sur place. L’occasion de découvrir ce très bel endroit construit sur pilotis, au milieu de rochers polis par la mer.