Campagne Decoration

Le mobilier en bois de Fidel Chapo

C’est en plein coeur du Vaucluse que Fidel Chapo, fils du designer Pierre Chapo, dont les meubles en bois massif ont marqué la seconde moitié du xxe siècle, perpétue l’aventure familiale. Rencontre avec cet esthète en marge.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE BOUCHERAT

Fidel Chapo, quel est votre parcours ?

Je suis né à Paris, le 23 septembre 1967, l’année où mes parents se sont installés dans le Vaucluse, au coeur du Luberon. J’y ai grandi dans un environnem­ent artistique, découvrant de nombreux savoir-faire liés à la création, de l’atelier bois au labo photo, en passant par la sellerie, le modelage et, bien sûr, le dessin. En 1981, je m’installe à Paris pour suivre des études aux Beaux-Arts, d’abord en peinture chez Matais, puis en sculpture métal chez Perrin. Le week-end, je vends et livre les meubles de la Galerie Chapo, située boulevard de l’Hôpital, dans le Ve arrondisse­ment. En 1995, avec une bande d’aventurier­s, je crée le bar La Flèche d’Or, rue de Bagnolet, qui demeure un haut lieu de la vie parisienne. Jusqu’en 2000, je travaille comme intermitte­nt puis, saturé de Paris, je retourne dans le Sud. D’abord quatre ans à La Seyne-sur-Mer pour restaurer le Merrymaid, un grand yacht classique de 1903. Ensuite, c’est le retour aux sources dans le Luberon où, avec l’aide de ma compagne, je relance la fabricatio­n des meubles Chapo interrompu­e depuis une dizaine d’années.

Comment s’est mise en place cette reprise d’activité ?

De manière plutôt simple, car l’atelier existait déjà, les différents modèles aussi, et j’ai pu profiter des compétence­s de mon frère, ancien salarié de l’entreprise, qui fut très heureux de se relancer dans l’aventure Chapo. Il suffisait finalement de mettre un peu d’ordre dans l’ensemble et de communique­r sur le retour de la production de nos meubles.

Pouvez-vous nous parler de ce bâtiment singulier qui accueille les ateliers Chapo, mais aussi votre lieu de vie ?

Le Grès, localement appelé « La Vacherie » car initialeme­nt destiné à un projet d’élevage laitier, est sorti de terre en 1960 et a été financé par un groupe d’Allemands plutôt utopistes. Ces bâtiments, situés dans la plaine de Gordes, se sont finalement vendus aux enchères en 1967. La ressemblan­ce de La Vacherie avec l’architectu­re de Frank Lloyd Wright a probableme­nt motivé mes parents dans leur démarche d’achat. De mon côté, je les ai en partie réaménagés et pérennisés, ils me font bénéficier d’un cadre de vie exceptionn­el, loin des nuisances sonores et visuelles. De plus, ces grands locaux nous permettent de recevoir, en plus de l’atelier bois dédié aux meubles Chapo, un groupe d’artistes et d’artisans qui incarnent leurs savoir-faire dans ce nouveau pôle d’activité gordien. En ce moment, La Vacherie accueille un atelier métal, bois, céramique, peinture et sculpture papier, mais aussi un studio son et très bientôt un atelier cuir-sellerie ainsi qu’un studio de prise de vue. La Galerie Chapo, située à 700 mètres,

accueille notre showroom et des événements culturels. Dans un futur que j’espère proche, j’aimerais pouvoir y installer un restaurant. Depuis des années, je garde au fond de moi l’idée d’une factory gordienne à la Chapo.

Votre père, Pierre Chapo, a laissé derrière lui une oeuvre colossale. Avezvous toujours souhaité prendre la relève ?

La première de mes motivation­s dans la relance de l’activité Chapo était d’y contribuer par de nouvelles créations, pour enrichir notre gamme. Retrouver un cadre de vie plus serein a également été déterminan­t dans ce choix. En revanche, je dis souvent que si mon père avait été teinturier comme son propre père, je n’aurais probableme­nt pas repris les rênes de l’entreprise familiale. Avoir la chance de créer, de réaliser, de partager des savoir-faire et de les vendre a toujours été un plaisir.

Combien de rééditions Pierre Chapo sont proposées à votre « catalogue » ? Avez-vous apporté des modificati­ons aux plans d’origine ?

À part quelques modèles très peu demandés, nous proposons aujourd’hui la presque totalité de la gamme Chapo, soit une centaine de modèles de chaises, tables, tabourets, daybeds, fauteuils, étagères, etc. Nous avons apporté très peu d’ajustement­s aux plans originaux, uniquement sur quelques accessoire­s de montage et sur la qualité des mousses pour les sièges.

Vous imaginez également vos propres créations...

Oui, je réalise depuis des années bon nombre de projets personnels, que ce soit dans l’aménagemen­t d’espaces extérieurs ou la fabricatio­n de pièces de mobilier sur mesure pour des clients. En parallèle, j’accumule les idées et les croquis en attendant d’avoir le temps ou l’opportunit­é de les réaliser. J’ai notamment en tête un projet de baignoire en bois ou celui d’un kit de mobilier gigogne et modulable pour étudiant, prenant la forme d’un grand fly-case contenant tous les éléments de vie et pouvant être déplacé et redéployé aisément.

Vos créations sont-elles pensées comme un complément des meubles Chapo, ou vous servent-elles justement à prendre un contre-pied ?

Je dirais un peu des deux. J’adhère évidemment aux grands principes des meubles Chapo quant aux matières utilisées et aux formes qui y sont liées. En revanche, les courbes, l’alliance de divers matériaux et la lumière sont des sujets qui me travaillen­t et auxquels j’essaie de donner une réponse qui m’est propre.

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— PHOTOS : KAREL BALAS
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MINUTIEUX Dans son atelier, Fidel examine la table basse « T22 », surnommée « table oeil ». À droite, tabouret « S31A ». Ci-contre, fauteuil « S10 ».
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OÙ LES TROUVER ? Les meubles Chapo sont disponible­s sur commande sur le site, à la boutique Markanto de Cologne (Allemagne) et au Bon Marché Rive Gauche, à Paris. Galerie Chapo Quartier Carcarille­84220 Gordes

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