UNE AUTRE MONTAGNE
Au Pays du Saint-Bernard, dans les Alpes suisses, les granges centenaires de Montagne Alternative ont été restaurées selon un savoir-faire traditionnel et transformées en un hôtel et plusieurs chalets, connectés à l’esprit de la montagne.
La route en lacets mène à Commeire, petit village traditionnel du Valais, perché sur la pente et toujours ensoleillé, face aux crêtes et aux cimes qui découpent le ciel… L’expérience est unique : se retrouver dans la montagne, ne plus entendre le bruit du monde. Slow life et life tout court. Montagne Alternative est le projet de Benoît Greindl et Ludovic Orts, deux cousins passionnés de montagne qui, passant à ski, tombent amoureux d’un hameau et décident de transformer des granges en lodges contemporains. Les chalets sont discrets. On entre dans Commeire – 14 habitants – un peu comme on y est toujours entré, à l’époque où les granges en bois étaient des bâtiments agricoles
La nature la plus sauvage est ici encadrée par le graphisme de l’architecture. Les lignes sont simples, le mobilier réduit à l’essentiel.
servant à abriter du bétail et à stocker du foin. Pour restaurer ces granges en ruine, Benoît et Ludovic ont fait appel à un architecte suisse, Patrick Devanthéry, amoureux de l’architecture traditionnelle en Valais et aimant le ski, mais sans remontées mécaniques ! L’homme était tout trouvé. Pour préserver la beauté des bâtiments, il a gardé le bois d’origine des façades, auxquelles il a touché le moins possible. Les balcons, bien qu’élargis, ont gardé leur côté longiligne, suspendus par des filins d’inox à la toiture. Le travail sur les ouvertures est un morceau de bravoure : une seule fenêtre de grande dimension par bâtiment, pour faire le plein de lumière, et une ouverture bardée de planches de bois
dont la disposition permet de voir le jour. « Des fentes ont été percées pour mieux diffuser la lumière, ventiler, dévoiler un sommet ou une partie du hameau », explique l’architecte. Ainsi profite-t-on d’une large vue apaisante sur la vallée du Grand Saint-Bernard. Dans les chambres, les lits sont installés face à la baie vitrée. « Le panorama tout entier entre dans la pièce. » Le style est cinématographique. Côté granges, le bois, chaleureux et facile à vivre, est omniprésent. Le plus brut possible, du sol aux murs en passant par le mobilier, il est aussi traité de plusieurs manières – brossé, vieilli ou taillé à la hache – ce qui apporte du relief à l’ensemble. Les essences utilisées sont celles de la région, le mélèze et l’épicéa de la vallée d’Orsières pour la façade, le sapin pour la charpente. Les murs intérieurs sont habillés de mélèze, neuf et brossé, le sol est recouvert de mélèze vieilli. Quant aux escaliers, réalisés à partir de mélèze récupéré de planchers d’étables, ils rappellent les anciennes échelles de grange. Dans l’ensemble, les lignes droites et épurées donnent une impression de simplicité et d’essentiel, et l’on se sent immédiatement à l’aise. Il en faut peu pour habiller cette belle architecture : un canapé ou un fauteuil de cuir vintage, de jolis tapis ethniques, des chaises Compas et lampes Jieldé sont la jolie cerise sur le gâteau de ces chalets presque particuliers.